On est jeudi en fin d’après-midi à Paris, le soleil brille. Je suis en voiture et je pars en direction de Ris-Orangis à 32 bornes de chez moi. Je suis aux anges.
Dans un petit moment, je vais retrouver une salle où je n’ai pas mis les pieds depuis bientôt 4 ans et une légende du blues, l’éternel et toujours vaillant John Mayall, bientôt 82 ans au compteur. Je sais, c’est incroyable, une légende je vous dis ce John.
Au milieu des années 60, son groupe, Bluesbreakers, fut le meilleur gang blues du monde. Il n’y a qu’à lire les noms qui faisaient partie de la formation pour comprendre: John Mayall évidemment, Eric Clapton, John Mcvie, Mick Taylor et bien d’autres encore sont passés par les Bluesbreakers. C’est que Monsieur Mayall est le papa de tous les bluesmans dira Eric Clapton. En mars 1966, Clapton, Mayall et les Bluesbreakers enregistrent l'album Blues Breakers-John Mayall with Eric Clapton. Considéré encore aujourd'hui comme un monument du British Blues Boom le disque connaît un grand succès. Les années 60 furent une période phare pour Papa John et il tient toujours la baraque 50 ans plus tard. A la tête d’un quatuor depuis 2010, il enquille les standards et continue de porter la bonne parole. Je reparlerai des musiciens qui accompagnent John Mayall un peu plus tard.
J’arrive sur le parking du Plan et je suis surpris, tout à changer. La vieille salle qui se trouvait rue Rory Gallagher n’existe plus car dans les faits, le 26 septembre 2014, Le plan a démarré une nouvelel ère. La mythique salle qui entretient la flamme depuis 1984 s’est transformée quelques centaines de mètres plus loin en un bâtiment flambant neuf et résolument moderne.
Il y a quelques jours, Le Plan fêtait donc ses 1 an d’hyperactivité. A 19h30, le parking se remplit peu à peu et à 20h, celui-ci sera quasiment plein. Les gens font la queue sagement et la porte s’ouvre enfin. Le public est âgé comme jamais, je fais jeune ici, ce qui devient rare pour moi dans les concerts en général.
A l’intérieur de ce cadre magnifique et très bien pensé, ici, les ondes sentent la musique à plein nez, je suis entouré non pas d’anciens mais de putains de connaisseurs et de passionnés de musique. Je pourrai passer des heures à écouter ces personnes parler musique, de leur parcours musical etc etc.
Une première partie a débuté, Blick Bassy. Je reste dans le hall d’entrée à observer John Mayall qui signe tranquillement ses cds ou vinyles que les fans achètent et qui finissent forcément heureux comme des gamins. J’irai le saluer à mon tour et je répartirai également après ce très bref moment heureux comme un môme.
Cela fait tellement de bien de ressentir toutes ses bonnes énergies. 20h50, John plie et range son stand tranquillement tandis que le bassiste blondinet au bonnet rouge Greg Rzab qui est à un mètre de moi file en direction des loges.
C’est bientôt l’heure...
21h15, je rentre dans une salle quasi pleine, on doit être bien 500 ce soir et pas de temps à perdre, le quatuor vient d’arriver sur scène et je file direct tout devant afin de faire quelques photos le temps de trois chansons.
Je plonge immédiatement dans le show avec un immense plaisir qui va durée 1h40.
John Mayall est à nouveau devant moi mais sur scène, cette fois-ci.
Je retrouve également Greg Rzab l’américain, un très grand bassiste, ainsi que le génial batteur Jay Davenport et le fantastique guitariste Rocky Athas
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Devant nous, c’est une dream team du blues rock qui va nous faire prendre notre pied et nous rendre heureux, très heureux même.
La salle est magnifique et que dire de l’acoustique absolument parfaite. Vraiment, je suis sur le cul, je ne m’attendais pas ce soir à me retrouver dans un tel cadre devant un monsieur de 82 ans qui va nous mettre à genoux.
Monsieur John Mayall est en voix, il s’est mis derrière son clavier et alternera entre celui-ci, sa guitare et son célèbre harmonica.
Si je ne devais écrire qu’une seule chose, je vous dirais : "qu’est-ce que ça joue mes amis !" Le passionné de musique que je suis prend une leçon tant leur classe, leur talent, l’énergie et ce plaisir qu’ils ont de jouer ensemble nous sautent en pleine figure et font exploser de joie nos oreilles.
C’est hallucinant, John Mayall est toujours aussi heureux de jouer après une décennie complète et une carrière riche d’une soixantaine d’albums ! Je vous transmets mon big respect, Monsieur Mayall.
De plus, en ce mois d’octobre 2015 après avoir sorti un nouvel album, encore un , A Special Life (je confirme), il nous aura offert toutes ces dates-là: l'Olympia à Paris le dimanche 4, Grenoble le 6, Lyon le 7, Ris-Orangis au Plan le 8, Strasbourg le 9, Amnéville le 10, Blois le 13, Nantes le 14, Clermont-Ferrand le 15 à la Coopérative de Mai et à Avignon le 16. Increvable et toujours aussi passionné, John Mayall est éternel.
Que dire de plus, il y a une vraie connivence entre le public et le groupe. John nous parle un peu, rigole, plaisante sans l’ombre d’un ego. John donne sans répit et jette ses dernières forces dans la bataille. Au rappel, après un dernier morceau de bravoure, j’ai pu voir à sa sortie de scène son regard rempli d’émotion, devant un public qui hurle sa joie, tel un vieux boxeur qui sait qu’il réalise ses derniers matchs. Oui, la vie n’est pas éternelle, John l’anglais n’est pas Highlander mais juste une légende vivante du blues-rock qui respirera la musique jusqu’à son dernier souffle, chapeau bas.
Remerciements à Guillaume Florin, Le plan et à John Mayall évidemment
Crédits photos: Lebonair