Red Hot Chili Peppers – I’m With You

I’m With You, le savoir-faire sans le génie

Un nouvel album des Red Hot Chili Peppers est toujours attendu comme un petit évènement au sein de la planète Rock, tant le groupe a su se muer avec talent à travers les époques pour rester à la page. Pourtant, malgré un parcours quasiment sans faute, nos californiens se contentent ici d’une livraison en demi-teinte…

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Tout commence en 2009, par une annonce qui a l’effet d’un coup de tonnerre. John Frusciante, guitariste émérite à la personnalité reconnaissable entre mille, décide de quitter les Red Hot Chili Peppers. Devait-on crier à la mort du groupe ? Pas vraiment. Souvenez-vous de One Hot Minute, ce joyau sorti en 1995, entre Blood Sugar Sex Magik et Californication, dans lequel le groupe avait pu, avec Dave Navarro, exprimer toute sa folie et sa rage. On était donc en droit d’espérer un album qui changeait. Peut-être allait-on avoir un autre virage dans la route des Red Hot Chili Peppers qui, lancés à toute vitesse, nous emmenaient vers des paysages encore inconnus de leur univers ?

Seulement, One Hot Minute, c’était il y a 16 ans. C’était l’époque où le groupe était au sommet de son inspiration, où il avait encore envie de tout casser et d’affirmer son statut. Depuis, le groupe a continué sa route vers l’adoucissement et l’assagissement. Et le résultat est là. Il est certes loin d’être honteux, mais est tout de même loin d’être génial. Ceux qui s’attendaient à un changement avec l’arrivée de Josh Klinghoffer ont de quoi être déçus. Le guitariste n’a aucune personnalité, et se contente de singer John Frusciante (avec qui il a déjà joué sur certains de ses albums solos) sans en avoir le panache. Le fait qu’il soit si éloigné dans le mix et d’une importance très réduite dans les compos montre à quel point il n’a pas su s’intégrer au sein du groupe, malgré le fait qu’il ait joué avec eux sur scène en 2007, lors de leur dernière tournée.

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En ce qui concerne les chansons d’I’m With You, la première constatation tombe comme un couperet : cet album ne contient pas de tube. Impossible de dégager un titre aussi fédérateur que « By The Way », « Suck My Kiss » ou « Californication ». Si certains morceaux ressortent et élèvent l’album, comme « Factory Of Faith » ou « Happiness Loves Company », rien ne nous emmène au firmament comme sur les précédents albums.

Et il n’y a pas que les tubes qui manquent à l’appel. Le groupe a également perdu sa folie et son goût de la fantaisie. Exit donc les expérimentations Ska à la « On Mercury », Metal façon « One Big Mob » ou simplement délirantes comme la reprise de « They’re Red Hot ». Nos californiens signent ici leur album le plus sage. On a peut être une tentative de rap qui pourrait rappeler Eminem sur « Even You, Brutus », ou un piano mélancolique sur « Police Station », mais rien qui impressionne, ni même ne surprend.

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Le tableau est-il complètement noir pour autant ? Bien sûr que non. Cet album est même agréable à l’écoute. Une certaine tranquillité se dégage de l’ensemble. Le côté « cool » de la galette détend, repose, de manière à ce que les mélodies viennent directement s’imprégner dans l’esprit dans l’auditeur. L’accroche est rarement immédiate, mais après quelques écoutes, on se surprend à fredonner le riff mélodique de « Did I Let You Know », ou à tambouriner la rythmique presque martiale de « Happiness Loves Company ».

Tantôt guilleret, tantôt mélancolique, mais sans jamais trop en faire, Anthony Kiedis nous emmène encore dans son univers poétique. S’il n’a jamais brillé avec la technique, il n’a pas perdu son sens de l’interprétation, et sa voix facilement reconnaissable colle parfaitement à l’ensemble. En ce qui concerne Flea, il s’affirme cette fois complètement comme le pilier des compositions. Il a quasiment rempli le vide laissé par Frusciante, ne laissant que des miettes au petit nouveau. Il assure donc la majeure partie des leads, fait chanter sa basse, la caresse quand il le faut, mais ne se tait jamais. Quant à Chad Smith, il n’a rien perdu de son talent et de sa finesse de jeu, mais la teneur des compos ne lui permet malheureusement de faire beaucoup de vagues.

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Red Hot Chili Peppers nous délivre un album qui, à l’image de la pochette, se révèle minimaliste, et, osons le dire un poil vide. Agréable, I’m With You n’est tout de même pas assez séduisant au regard des prédécesseurs. On voit que la balance penche clairement en faveur de l’expérience, au détriment de la créativité.

En un mot comme en cent, Red Hot Chili Peppers a vieilli.

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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