"On pensait avoir eu la cerise avant le gâteau, mais qui pouvait deviner que le gâteau n'était pas encore assez cuit ?"
Maïa Vidal nous revient avec son nouvel album You're The Waves. L'occasion pour nous de repartir rêver au creux des nuages ? Rien n'est moins sûr.
D'entrée de jeu, on nous fixe abruptement sur notre sort : You're The Waves ne sera définitivement pas un Spaces numéro 2. Et tant mieux; puisque toute la première partie de l'album s'ouvre sur les quatre titres que l'artiste avait égrené au fil des mois sur la toile ainsi que sur son Ep The Tide; et les plus curieux savaient donc à quoi s'en tenir. Vidal a vraisemblablement décidé de se tourner vers de la pop efficace et y arrive parfois avec brio, que ce soit avec la superbement pêchue et narquoise "Bones" ou la subliment trip-hop "The Tide", nuancé par un titre plus classique et du coup moins intéressant comme "The Bed We Made", plus proche au niveau du son de ses précédentes compositions. Un début d'album solide et prometteur qui malheureusement se prend vite les pieds dans le tapis.
Car à force de vouloir aller plus vite que la musique et embarquer l'auditeur dans un 100 mètres, les faiblesses ne se font que plus audibles. Si on sent une réelle envie de bien faire et de rendre une musique un peu particulière plus abordable en la faisant rentrer dans des minutages de radio FM; cet effort d'apparence louable peine sérieusement à accomplir cette difficile (et inutile?) tache sur le reste de la playlist. On s'ennuie donc ferme à l'écoute de "La Luna" ou bien de "Eyes Ears Lungs Lips" dont la qualité est étonnamment inversement proportionnelle à leur durée.
Si Spaces prenait le temps de poser un univers, You're The Waves se veut plus explosif mais finit par nous perdre dans un enchainement de coups d'épée dans l'eau qui peuvent devenir franchement irritant comme sur "Dejame Llegar" (chanter en espagnol, ça peut être sympa, encore faut-il avoir une bonne chanson derrière). Comme quoi, chercher à rendre une musique efficace ne signifie pas nécessairement s'assigner aux standards en vogue, bien qu'une fois encore, l'évolution entendue sur les premiers titres est tout à fait réjouissante.
On se dit simplement qu'un Ep aurait amplement suffit tant le reste de l'album rate sa cible en essayant vainement de tout balayer sur son passage. Le coup de balai printanier est peut-être arrivé un peu trop tôt et aurait certainement mérité plus de réflexion. S'il est clair que Maïa Vidal a tout à fait la capacité de faire évoluer son style, il manque encore une certaine maturité qui aurait permis au disque dans son entier de faire mouche.
Au final, ceux qui se sont déjà procuré l'Ep peuvent donc passer leur chemin, et ceux qui ne l'auraient pas encore fait peuvent aveuglément se jeter dessus. On pensait avoir eu la cerise avant le gâteau, mais qui pouvait deviner que le gâteau n'était pas encore assez cuit ?