Bunny Black Bones – Eclectrified

"Tout cela sent bon le travail de pros qui se sont bien amusés à enregistrer leur album, sans que le résultat, sympathique au demeurant, ne casse trois pattes à un canard"

Voilà un nom de groupe qui dépote. « Formé par des musiciens belges expérimentés » (en 2012), et « dans la mouvance actuelle revival des 70s, comme Rival Sons, Black Keys ou Dead Weather », nous dit la bio. Rien à dire sur le côté expérimenté, outre que les membres ne ressemblent pas à de jeunes éphèbes prêts à exhiber leurs pectoraux d’acier sur scène, il paraît assez clair, vu leur facilité à enchaîner les compos bien ficelées, qu’ils ont dû rouler leur bosse un certain temps.  Rien à dire non plus sur le côté revival 70s, mais le fait qu’il n’y ait pas grand-chose à raconter de ce côté-là est forcément plus gênant.


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Je ne sais pas vous, mais pour ma part, ce côté revival commence à me lasser sérieusement. Entendons-nous : certains artistes parviennent à proposer des choses véritablement intéressantes et personnelles tout en s’inspirant du « bon vieux rock ». Mais bien souvent, c’est surtout un bon prétexte pour ne pas trop se fouler et obtenir des occasions de jouer sans trop galérer. Prendre le train en marche parce que c’est ce qui a l’air de marcher en ce moment. Fût un temps ç’a été le néo-métal, puis l’émocore, puis le stoner, puis le « rock 70s » ; autant d’étiquettes qui pendant un temps semblaient promettre de gravir quelques échelons dans la redoutable course à la reconnaissance. Par contre, pour l’auditeur, c’est en général l’assurance de voir débarquer un paquet d’opportunistes sans imagination ni talent.

Autant dire que je ne découvrais pas ce premier jet de Bunny Black Bones avec les meilleures intentions du monde. « Mais pourquoi va-t-il s’embêter à chroniquer un truc dont il sait à l’avance que ça va le gonfler » me direz-vous ? Le groove, ma bonne dame. L’appel du groove. Parce que le premier titre, « Till I bury you », groove méchamment (ces petites touches de clavier à la Stevie Wonder, miam !) et ne se contente pas de balancer du déjà-entendu. Voilà exactement ce que l’on demande : s’inspirer des grands noms pour se l’approprier, pas pour faire de la resucée ! Un travers dans lequel BBB retombe dès le deuxième titre. Pas de bol… D’ailleurs, le fait que le 3e titre soit un collage (réussi) du riff de « Whole Lotta Love » de Led Zeppelin et des paroles de « War Pigs » de Black Sabbath (le titre en question s’appelle « War Lotta Love ») démontre assez bien le peu d’ambition artistique du projet.

Le reste de l’album navigue ainsi entre titres plus ou moins originaux, plus ou moins inspirés. Car même si on fait abstraction de l’originalité, encore faut-il proposer des refrains accrocheurs, des solos inspirés… Alors que l’album reste un peu chiche de tous ces ingrédients indispensables. Même quand les titres se dirigent vers quelque chose de plus funky (« Freedom Road »), la musique reste très (trop) sage pour véritablement convaincre. Les bonnes idées égrainées de ci de là restent souvent sous-exploitées, et les parties instrumentales ne sont pas suffisamment impressionnantes pour masquer ces défauts : certes, le quatuor joue bien, mais la voix reste un peu monocorde et ne propose pas non plus de montées à donner le frisson, les solos sont joués avec feeling, mais n’impressionnent jamais… Bref, tout cela sent bon le travail de pros qui se sont bien amusés à enregistrer leur album, sans que le résultat, sympathique au demeurant (« Pressure », « You know yourself »), ne casse trois pattes à un canard.

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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