La nuit du vendredi 13 novembre 2015 sera marquée à jamais dans ma mémoire. La semaine qui suivra, je l’ai traversé mentalement comme une des pires de ma vie. Je suis devenu un zombie par toutes ses émotions, cette tristesse, cette colère, cette incompréhension de l’irréel, de l’inimaginable.
Parce que je suis humain, passionné, amoureux de la vie, que je suis parisien, que je vis dans ses quartiers, que j’adore le Bataclan, que j’y vais souvent, que je suis un rockeur, un photographe, un inconditionnel de l’univers de Joshua Homme depuis 20 ans, que j’avais des copains sur place dont un que j’ai perdu,Thomas, que j’aurais pu y être, que certains de mon entourage m’ont cru à ce concert donc probablement mort, que j’ai reçu un océan d’amour et que ma peine était immense, mon écoeurement également voir bien au-delà, parce que j’aime les terrasses de cafés, que j’aime tout court, tout ceci m’a anéantie.
Ce jeudi 26 novembre, je me suis relevé mais comme me dira Michaela une copine photographe que j’ai pris dans mes bras sur la terrasse de la Maroquinerie ce soir avant la prestation de Danko Jones, on nous a volé notre innocence et rien ne sera plus comme avant. Michaela est partie du concert des Eagles of Death Metal au Bataclan après les 3 premières chansons et à 20 minutes près...
Le vendredi 20, je n’ai pu aller à un concert, le 24 novembre non plus mais ce soir, c’était l’heure de me relever, d’y retourner, non sans une immense émotion palpable depuis que je me suis levé le matin.
J’ai donc repris le chemin en direction d’une de mes maisons, La Maroquinerie, une jolie petite salle du 20ème que j’adore et où je me rends très souvent depuis 15 ans. La Maroquinerie a perdu un frère, un collègue, un ami, toi Thomas 30 ans qui était présent au Bataclan. Je suis venu aussi pour toi Thomas ce soir et je suis arrivé tôt pour une fois enfin de me recueillir, j’en avais besoin. J’ai vu plein de fleurs accrochées à ton bureau Thomas et je pense très fort à toi, paix à ton âme.
Il est 20h45, le concert va débuter dans 30 minutes et les gens remontent de la salle après la première partie pour fumer ou boire un petit verre en attendant Danko Jones. J’en profite pour descendre dans la salle qui est déjà bien garnie et je vois immédiatement coller à la scène côté droit mon Manu. J’arrive près de lui et je tombe dans ses bras. L’émotion est forte. Manu, excellent photographe de concert par ailleurs, était au Bataclan mais contrairement à Michaela, il était resté après les 3 premieres chansons et donc présent quand les fous sont arrivés. Chaque mot qu’il me dit et qui me parvienne aux oreilles était chargés d'une terrible émotion lourde et surréaliste. Comment cela peut-il arriver une chose pareille?
Manu a eu la malchance d’être à ce concert et la grande chance d’être placer à l’endroit qu’il fallait pour sortir dans les premiers côté passage Amelot. Il était placé du bon côté du bar au fond de la salle et il a pu dégager très vite dès les premiers coups de feu. Ce fut un miracle. Cela me fait du bien de vous faire partager ceci, les amis.
Allez, place au rock maintenant. Je vais donc faire le concert dans son intégralité avec Manu et c’est une vraie joie de partager cela avec lui, c’est même un vrai bonheur. Ce soir, je devais donc être là, c’était le bon moment pour moi, pour relever la tête. Manu, ce soir, tu m’as donné une force incroyable.
La salle est maintenant bien remplie même si je sais que certains ne sont pas venus ce soir car ils ne se sentaient pas capables pour le moment de venir aux concerts mais ça reviendra.
Le trio magique Danko Jones déboule sur scène pour notre plus grande joie à 21h15 pétantes. On ressent l’envie, la rage partout dans la salle, côté groupe et côté public. On est tous comme des boxeurs avec cette rage, cette envie profonde de montrer qu’on est vivant, que la musique, le rock, le partage, que tout cela est plus fort que les balles et la haine de certains qui veulent déstabiliser notre société, détruire notre monde pour créer le leur.
A leur arrivée sur scène, j’ai presque les larmes aux yeux en ressentant toute cette formidable énergie et le concert ne fait que commencer.
J’adore Danko Jones et ça faisait 3 ans que je ne les avais pas revus sur scène. Chaque fois que je vois ce groupe, je m’éclate.
Danko Jones, c’est le rock à lui tout seul, un fan, un inconditionnel du hard rock, de ces légendes telles que Kiss, Ac/Dc, Thin Lizzy, Motörhead, The Ramones et j’en passe.
A chacun de ses concerts, il leur rend hommage. Sur scène, il est toujours à fond. Il est taquin, drôle, bavard, vanneur, poseur, joueur mais surtout le groupe est une formidable machine à fabriquer des morceaux rock qui déchirent tout sur leur passage. Leur musique est un mélange de hard rock, de blues et de punk.
Ils démarrent à bloc et nous aussi par ailleurs.
Pas de surprise ce soir, Danko jones fait du Danko Jones. Certes, depuis le temps que je connais l’animal, leurs shows se ressemblent, c’est toujours un peu la même chose mais fort d’une riche discographie, ils ont cette force de pouvoir aligner des titres ultras efficaces sans temps mort pendant 1h30 sans problème.
C’est un best of de tous ses meilleurs titres que l’on va entendre ce soir avec 5 morceaux extraits du dernier et excellent album Fire Music.
C’est le feu dans la salle et sur scène le trio offre le meilleur de lui-même. Je me retrouve avec Manu aux pieds de John Calabrese le bassiste et fidèle compagnon de route de Danko depuis le début en 1996. Il n’arrête pas, John est toujours souriant et à bloc. Il cherche constamment son public et son jeu est toujours aussi excellent. Danko, je ne le présente plus. Il est en voix, en forme olympique et sur scène, ça reste une bête. Sa présence est énorme et je suis toujours aussi fan de lui depuis toutes ces années. Un mot sur leur nouveau batteur Rich Knox qui tourne avec les deux copains depuis deux ans maintenant, il est monstrueux. De tous les batteurs que j’ai pu voir sur scène avec Danko et John, c’est celui qui m’a le plus impressionné. Ce Rich Knox est un très grand batteur et il beau à voir jouer.
En résumé, les voir et les entendre me procure un grand plaisir et j’arrive même à tout oublier. Je suis à fond et vu les pogos dans la fosse, je ne suis pas le seul.
Après un rappel d’enfer, ils terminent le show dans un joyeux bordel.
Je vois mon Manu poussait des ailes, il monte sur scène, se place au niveau de la batterie et réalise une photo du groupe avec les 500 personnes présentes ce soir en arrière-plan. C’est juste trop bon de le voir faire cela. Il redescend de la scène, le groupe nous quitte pour de bon et on se prend une dernière fois dans les bras avant de se quitter en se disant qu’on n’a jamais été aussi vivants que ce soir.
Thomas, ce live-report d’une soirée que je n’oublierai jamais et qui m’aura fait un bien fou, je te le dédie, à tous ceux qui nous ont quittés et à tous ceux qui seront marqués à vie.
Rock is not dead.
set list et durée du concert 1h20
Remerciements veryshow
Crédit photos: Lebonair
