Au risque d'en décevoir certains, je dois préciser que non, il ne sera pas question dans cette chronique du Dr. Peter Venkman, personnage principal de la cultissime franchise cinématographique Ghostbusters, porté à l'écran par l'excellent Bill Murray. Ici, c'est bien au groupe britannique Venkman qu'on s'intéresse. Chasseurs de fantômes, c'est maintenant l'heure de déposer vos Protons-Packs au sol et de sortir vos écouteurs ! Venkman donc, est un groupe originaire du centre de l'Angleterre (plus précisément de la ville de Lichfield) et composé de cinq membres : Kate, James, Tom, Danny et Dave. Ils ont sorti le 27 Novembre leur nouvel EP, répondant au nom tout à fait imprononçable de Kakorrhaphiophobia (challenge accepted ?).
Le groupe, qui n'en est pas à son coup d'essai, possède déjà une petite renommée sur le territoire de Sa Majesté. Depuis le succès de leur précédente production "Martial Law", Ils ont partagé l'affiche de plusieurs scènes anglaises avec entre autres Carina Round, Outfit, Turbowolf et plus récemment Dutch Uncles. Leurs nombreux passages à la radio, et notamment à la BBC (rien que ça), auront également participé à faire grimper leur notoriété.
Les musiciens de Venkman aiment situer leur musique entre la pop, la funk et le rock alternatif. Si les influences qu'ils revendiquent eux-mêmes sont assez claires (Mickael Jackson, Kate Bush, Prince ou Thomas Dolby), mettre une étiquette sur leur musique n'est pas aisé. Les quatre titres de Kakorrhaphiophobia possèdent un groove indéniable. le tempo est soutenu, voire carrément infernal, et le premier titre de l'EP, "Tap Out", balance son auditeur sans préliminaires dans le monde de Venkman. Si les riffs de guitares sont définitivement issus de la funk, le reste de l'instrumental (et notamment la trompette "folle") viennent ajouter une dimension festive au tout. La voix de la chanteuse, quant à elle, semble d'avantage revendiquer des influences de pop plutôt classiques. Si le timbre de voix ne recèle rien d'exceptionnel, la mélodie, elle, est très entraînante et est merveilleusement bien portée par une deuxième voix masculine qui amène quelques harmonies au très bon rendu.
Les musiciens de Venkman sont bons, très bons, et les auditeurs musiciens apprécieront autant les riffs de guitares au groove débridé que les parties de batteries truffées de "ghostnotes" et autres subtilités diverses. La force de Venkman, c'est d'incorporer ponctuellement des ambiances planantes et hypnotiques qui viendront trancher avec le groove funk général des compositions, et ce sans tomber dans le hors-sujet. C'est particulièrement clair sur le deuxième titre "The Fiar", au refrain d'une efficacité redoutable. Ce dernier restera sans doute mon coup de coeur de l'EP.
La maitrise des musiciens tant dans la composition que dans l'interprétation est assez bluffante, surtout lorsqu'on se rappelle qu'il s'agit là de leur toute première production. C'est d'ailleurs précisément quand on oublie qu'on a affaire à un "premier essai" que l'on peut dire de lui qu'il est réussi. Venkman fait preuve d'un professionnalisme sans faille et d'une grande maturité déjà au début de son histoire, et ça, ça se salue bien bas !
Petite parenthèse en passant sur le visuel de Kakorrhaphiophobia, à mon sens absolument superbe, qui marque par son design extrêmement coloré et psychédélique. Cette pochette très accrocheuse contribue à façonner l'univers de Venkman et à donner au groupe un côté original et unique. A découvrir ci-dessous :
La cohérence entre les morceaux de Kakorrhaphiophobia est sans faille. Bien entendu, les plus médisants pointeront du doigt le fait qu'il est plus simple de rester cohérent sur un EP à quatre titres que sur un album complet de plus de dix titres. Néanmoins j'ai la conviction que Venkman saurait assumer un album entier. C'est d'ailleurs peut-être ce qui manque dans toute cette histoire : plus de morceaux. J'ai personnellement été un peu frustré de ne pas pouvoir en entendre plus, tant l'univers de Venkman m'a séduit. Un univers aussi riche et inédit que celui que les musiciens de Venkman ont su créer mérite à coup sûr d'être étoffé, développé et enrichi. C'est donc une bien belle découverte que ce premier EP, et surtout je l'espère la promesse d'une suite qui saura s'aventurer encore plus en avant dans ces sonorités si particulières.
Afin de finir cette chronique, je vous propose de découvrir le clip de la chanson "Magnetic Spires", par Venkman. Si ce titre plus ancien que Kakorrhaphiophobia est nettement moins influencé par le groove de la funk que par la musique pop, il reflétait déjà dans un sens ce qu'est Venkman aujourd'hui.
