Order of Voices, ou le bon coup du « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs potages ». Formé en 2009, ce combo britannique a sorti son premier album éponyme en juin dernier dans son pays d’origine, et suite à des incursions européennes qui s’annoncent de plus en plus nombreuses, devrait bien trouver un distributeur pour le rendre disponible dans des bacs bien de chez nous. En attendant, l’album est bien sûr disponible sur leur site officiel, où l’on apprend que le combo est très ambitieux (c’est eux qui le disent), que l’album précité a reçu un accueil dithyrambique (encore eux qui le disent), et c’est normal parce qu’il est génial (toujours eux qui le disent). Blague à part, on ne peut leur en vouloir de chercher à se mettre en valeur au moment de se lancer à la conquête de l’Europe. Les musiciens sont expérimentés (les fondateurs ont roulé leur bosse dans le groupe Heavy Metal Rise to Addiction), ça s’entend à l’œil nu, et leur album sent le professionnalisme du début à la fin. Peut-être un peu trop d’ailleurs… Mais commençons par le commencement.
Order of Voices propose un rock puissant et mélodique, qui prend le temps de poser des atmosphères Spleen assez réussies grâce notamment à la superbe voix de Leigh Oates. Avec un vocaliste de cette classe en ses rangs, le combo dispose d’un atout de taille. Quelque part entre Aaron Lewis et Maynard James Keenan, le chanteur ne cesse de tirer les compositions vers le haut avec classe. Si ce n’est plus vraiment une surprise, son timbre de voix, peut-être un peu trop soft pour du métal, s’avère particulièrement bien adapté à du rock alternatif typé 90’s. Au niveau instrumental, ses camarades peuvent alors dérouler et envoyer des compositions particulièrement solides qui soutiennent efficacement leur camarade. A ce titre, Order of Voices devrait convaincre ceux qui cherchent une alternative plus sombre à Staind ou 30 seconds to Mars, comme si ces derniers avaient abandonné leur côté très clinquant (ou leur côté midinette) pour se diriger vers les ambiances éthérées de Deadsoul Tribe.
Jusque là tout va bien, jusque là tout va bien. Mais comme dirait l’autre, l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. La recette est en effet bien connue, des groupes qui proposent des instrus de rock costauds avec une belle voix qui surplombe, le tout lorgnant vers des ambiances mélancolico-planantes, on connaît. C’est bien là que le bât blesse, car il n’y a rien, ou si peu, qui n’ait été déjà entendu, et rien, ou si peu, qui puisse véritablement faire la différence, entre des ambiances et refrains réussis mais répétés à l’envi (plusieurs morceaux auraient gagné à être légèrement raccourcis), et des arrangements efficaces mais peu originaux. Le potentiel est là, solide. Pourtant, difficile de ne pas décrocher un poil en cours de route. Les « Burn Black Light », « For Me » et autres « Forgiveness » font le boulot, notamment le dernier cité dans ses changements d’ambiance plus prononcés, mais tout cela reste un peu téléphoné et manque d’un petit quelque chose qui ferait toute la différence.
Quelques bonnes idées en plus et ç’aurait pu être très bien. Order of Voices en est capable, comme le montre le bel enchaînement entre les deux titres de clotûre. « Then Fall » tout d’abord, tout en subtilité (mais un peu long), qui fait légèrement monter la sauce à la fin pour déboucher sur le très beau « Into the Ocean », court instrumental délicat et touchant. Si le son est impeccable, la production en elle-même reste donc un peu basique. Peut-être qu’un avis extérieur aurait pu inciter les musiciens à dégraisser de ci de là, à développer certaines idées pour aboutir à un résultat pleinement convaincant. Rien de rhédibitoire, ce premier album étant plein de promesses, à l’image de son beau final. Un groupe à suivre, qui pourrait bien devenir un poids lourd s’il parvient à développer sa personnalité et à le retranscrire sur disque. A suivre…