Mr Blackstone – Icarus


Vous l'avez peut-être vu en première partie de John Butler, de Yodélice, de Popa Chubby, de Tété ou de bien d'autres (à moins que vous ne l'ayez tout simplement découvert via notre interview avec lui), et après avoir arpenté les routes et rencontré plein de monde, Mr Blackstone, qui s'est nourri de toutes ces nouvelles expériences, nous propose aujourd'hui un deuxième enregistrement. La référence à Icare n'est pas là pour faire référence à un quelconque concept fumeux, mais tout simplement pour personnifier la démarche de l'artiste, qui chercherait à se rapprocher du soleil pour ensuite transmettre la chaleur qu'il y puise au public, via sa musique. Rock bluesy, folk moderne, Mr Blackstone a le potentiel pour plaire aussi bien aux amateurs de Ben Harper que de Neil Young, voire des bluesmen de la grande époque ("Where is the love"). 

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L'homme a toujours une voix ultra chaleureuse, profonde et chatoyante à la fois. Cette voix est sans doute son plus grand atout. Mais à quoi bon avoir une perle, si c'est pour la ranger dans un écrin qui n'est pas à la hauteur ? Fort heureusement, Mr Blackstone sait écrire de la bonne musique. De la musique simple, groovy, qu'on écoute avec plaisir, sans se prendre la tête, juste pour le plaisir qu'il parvient à y insuffler et à faire ressentir à l'auditeur. Depuis son premier album, l'artiste a profité de ses expériences scéniques pour se diriger vers des compositions plus directes que par le passé. Cette apparente simplicité leur sied à merveille et aide l'émotion à s'installer plus facilement, de sorte qu'Icarus s'écoute avec grand bonheur. Et quand une compo semble démarrer difficilement, c'est pour surprendre en se dirigeant par la suite vers des passages plus aériens et touchants ("black dresses and flowers").
 

Dit comme ça, tout est parfait ? Pas complètement, il y a deux petits reproches à formuler. D'abord, dans la construction générale de l'album, qui ressemble davantage à une collection de chansons qu'à un album, justement. Des chansons qui prises individuellement sont bonnes (voire très bonnes), mais qui forment un ensemble en l'état un peu décousu. Attention, Mr Blackstone a un son bien à lui, mais son identité artistique est peut-être un peu trop protéiforme en l'état pour s'imposer. Cela aurait pu être le cas sur un album un peu plus long, qui aurait pris le temps d'étayer son propos. Mais, et on arrive au deuxième petit reproche, Icarus ne dure que 32 petites minutes. Et quand la musique est bonne... Surtout, quelques titres supplémentaires auraient clairement pu faire pencher la balance, permettre des transitions plus douces entres les différentes ambiances présentes sur l'album.

Cela étant dit, parce qu'il fallait bien le dire, Icarus reste un très bel album, avec des compos qui font mouche, qu'elles soient énergiques ("Make me feel", "Icarus") ou toutes en retenue ("Into a hole", "Drinking for my voice"). Il s'agit également d'un grand pas en avant pour Mr Blackstone, qui en se dirigeant vers plus de simplicité a trouvé un style qui lui convient à merveille. Reste, pour pouvoir prétendre à jouer dans la cour des grands, à forcer le trait, à montrer les muscles, à s'affirmer davantage. Mais le chanteur en a-t il vraiment envie ? Rien n'est moins sûr. Peut-être préférera-t-il poursuivre son chemin, en toute simplicité, en toute humilité. Sans doute est-ce là la meilleure façon de s'approcher du soleil sans pour autant s'y brûler les ailes.

 

Crédit photo : Just in

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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