Rencontre avec Trixie Whitley

Ce lundi 13 décembre, il est 19h30 et je viens de passer un peu plus de 20 minutes avec Trixie Whitley dans sa loge du Point Ephémère avant son concert de ce soir prévu autour de 21h15.
Je n’avais pas revu Trixie depuis 2 ans et demi, depuis son premier concert à Paris en solo au Divan Du Monde, c’était le 27 juin 2013. Ce soir, elle est bien malade mais rien n’empêchera de vivre ce bon moment de convivialité. Trixie est sympa, souriante et c’est donc un vrai plaisir que de réaliser cet interview.
On va parler de ses débuts, de son parcours, de son nouvel album Porta Bohemica qui sort dans moins d’un mois.

3,2,1, c’est parti...
”¨LGR : Quand as-tu eu le déclic de devenir musicienne ? Quand et pourquoi t'es-tu vu musicienne ?

Trixie : La décision était prise à ma naissance, je pense. Tu ne décides pas vraiment d'être un musicien, c'est quelque chose que tu es. C'est comme être un artiste. Donc la musique est toujours là, j'étais déjà sur une scène à 3 ans, j'étais déjà intéressée de communiquer avec un public. J'ai débuté la batterie à 10 ans. J'ai arrêté l'école à 16 ans, je n'étais pas bien dans le système mais je savais que j'avais quelque chose d'autre pour me guider.

Trixie Whitley, nouvel album, Porta Bohemica, l'interview

”¨LGR : Quel a été l'apport de ta collaboration avec le producteur Daniel Lanois (U2, Neil Young...) ? Comment ça s'est passé sur Black Dub (projet de Lanois)”¨ ?

Trixie : C'est amusant, quand j'ai commencé la batterie, j'étais très intéressé par la musique électronique et instrumentale. La première chanson que j'ai écrite était sur une instru de Brian Eno et Daniel Lanois. J'ai ensuite débuté le piano et vers 19 ans, j'ai reçu un coup de téléphone de Daniel pour me demander si j'étais intéressé de démarrer un groupe avec lui. La boucle se bouclait alors. Lui était déjà une figure majeure dans mon développement musical, mon mentor, alors que je faisais encore des petits boulots dans des restaurants. Daniel m'appris qu'il avait le rêve de monter un groupe avec Brian Blade et Daryl Johnson. Il avait déjà fait des instrus avec eux au Mexique et à la Nouvelle-Orléans mais il n'avait pas encore trouvé la voix qu'il imaginait pour cette musique. Il m'a donc demandé si ça m'intéressait de l'être. On s'est rencontré et ça a bien marché musicalement. Pendant 4 ans, on a fait de la musique tous ensemble dont un album et des tournées, une belle et dure expérience. Comme je n'ai pas fini mes études, j'ai pris cette phase de ma vie comme mon éducation musicale. Et encore aujourd'hui, j'appelle Daniel ou Brian Eno quand j'ai besoin de conseils alors que j'étais très intimidée au début. Je manquais complètement de confiance dans ma musique et Daniel et Brian Eno ont été très encourageants. Ils avaient environ 60 et 50 ans et moi 19, je me demandais ce qu'ils faisaient avec moi alors qu'ils avaient collaboré avec Joni Mitchell et tant d'autres… Maintenant je vois plus clair dans mon travail.

Trixie Whitley, nouvel album, Porta Bohemica, l'interview

LGR : Quels sont tes meilleurs souvenirs de tournée et notamment ton passage au Divan du Monde le 27 juin 2013 ?

Trixie : J’ai beaucoup de bons souvenirs. Paris, c’est toujours spécial. C’était mon premier concert solo ce jour-là. J’avais déjà joué ici avec Black Dub. J’aime la France et ici, j’y passe trop vite pour avoir des repères.

”¨LGR: Tu avais joué au Divan Du Monde avec le bassiste de Deus.

Trixie: Oui, c’est mon oncle.

LGR: D’ailleurs, ce jour-là, j’étais accompagné de Francis Zégut, Tonton Zégut l’animateur de radio Rock qui avait adoré ton 1er album Fourth Corner et qui nous avait fait partager sur son blog sa nouvelle découverte musicale, toi, ma chère Trixie.
Comment décris-tu son évolution depuis 2008 et son EP Strange Blood car tu a navigué dans plusieurs styles ?

Trixie: Le mien, justement, c’est d’avoir plusieurs styles. On vit dans une société qui nous cloisonne, qui nous range dans des box et pour moi, c’est une richesse, la diversité. C’est cela mon évolution, c’est ma ”¨philosophie, savoir accepter ma diversité. J’aime beaucoup de styles de musique, je ne veux pas me laisser enfermer. J’ai réalisé cela assez jeune. J’aurais pu choisir un chemin qui amène plus facilement au succès mais c’est plus important pour moi d’être intègre et honnête avec moi et avec le public.

”¨LGR: Quels musiciens ont été déterminants pour ton parcours ? Pourquoi ?

Trixie: Je pense que c’est Me’Shell Ndegeocello, une formidable bassiste. Elle est géniale. Je l’ai rencontré un an avant Daniel et elle a eu un fort impact sur moi. J’adore son univers et sa musique.
Bien sûr, Daniel Lanois et Brian Blade m’ont fortement marqué. Je suis en général très sélective
et je joue avec beaucoup de musiciens différents. Je cherche des choses qui m’inspirent tout le temps et avec les musiciens notamment. Si ça ne marche pas, je laisse tomber et je passe à autre chose. Ce soir, par exemple, ça va être quelque chose de très différent. C’est tout nouveau.

Trixie Whitley, nouvel album, Porta Bohemica, l'interview

LGR: Ce sont là tes premiers concerts avec cette nouvelle formation, le fameux rodage avant le début de la grande tournée 2016 ?

Trixie: Oui, c’est ça.

LGR: Ton prochain album, Porta Bohemica, sort en février. Comment l'as-tu conçu ?”¨ Qu'est-ce qui te tenait à coeur pour l'écriture de l'album ?

Trixie: Avec ce disque, j’ai fait un grand pas. Je voulais prendre plus de choses en charge dans mes mains. J’avais envie de retrouver de la confiance dans mes intuitions. J’ai fait presque tout moi-même. L’idée était de prendre les décisions de ma direction musicale. Qui va jouer avec moi notamment... Avec le précédent, je suivais plutôt les conseils d’un ami musicien que suivre mes intuitions.

”¨LGR:  Que penses-tu de rockeuses comme PJ Harvey et Anna Calvi qui sont dans un registre assez similaire au tien ?

Trixie: J’adore PJ Harvey et je ne connais pas vraiment Anna CalviPJ Harvey, c’est une pionnière, une référence pour moi. Ce n’est pas facile d’être une femme dans le monde de l’industrie musicale, de se faire respecter. PJ Harvey, elle est tellement authentique et talentueuse, je l’admire beaucoup.

”¨LGR: On a plus de temps Trixie alors que puis-je te souhaiter pour cette nouvelle année 2016 ?
Trixie: J’aimerai connaitre une belle évolution et d’avoir beaucoup de positivité.
LGR: Merci pour ce bon moment, Trixie.
Trixie: Merci à vous.

Le nouvel album de Trixie Whitley Porta Bohemica sortira le 5 février prochain sur le label Megaforce Records et elle sera en tournée toute l’année 2016. Retrouvez cet après-midi la chronique de son nouveau disque dans nos pages Rock.”¨

Un grand merci à Dorian de l’agence Modulor; à Trixie et à Yann Landry.



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