Everything is falling down, sorti il y a deux jours, est le quatrième album studio du groupe belge, Coffee or Not, que votre serviteur avait remarqué il y a quatre ans maintenant à un concert à la Bellevilloise (Paris) pour un plateau partagé avec l'Ecossais de Pézenas, Jake Watt, dans le cadre d'un Folkfest. Le groupe était alors un duo composé de la chanteuse/guitariste Soho Grant et du guitariste Renaud Versteegen, ils maniaient aussi à ce moment des loops et au pied un pad électronique de batterie, désormais Frédéric Renaux les a rejoints à la basse pour toujours plus d'ampleur dans le projet Coffee or Not.
Le titre "May I Lay Down" a su séduire le programmateur de La Grosse Radio Rock qui le diffuse depuis une dizaine de jours, votre serviteur a été touché également par ce morceau aux petites touches de guitares, ses refrains dansants, sa rythmique entêtante et les quelques envolées de Soho. A l'image de l'album, ce titre est assez aérien, une touche disco aussi. Dans le même genre, moins dansant poutant, "Everything is falling down" se pose là avec ses arpèges incessants, où les voix entremêlées ne sont que secondaires dans cette chute programmée du grand Tout qui s'enchaîne avec un interlude de 26 secondes, "All the voices disappeared", histoire de faire le point sur la situation à mi-chemin de l'album. Cet intermède se poursuit sur les mêmes accords par un triste "Nottingham" car cet album n'est pas si dansant, il est empreint d'une grande mélancolie aussi. Celle qui se déclare d'entrée de jeu avec le premier morceau "A different light" qui pose une atmosphère étrange, presque gênante, où tout s'accèlère sans qu'on ne puisse rien y changer. De la même façon, "The day she locked herself away", avec sa basse lourde et lente, sa thématique et sa langueur pourrait nous faire sombrer dans la nostalgie.
Voici le clip du premier titre "A different light", un montage d'extrait de Orlacs Hände de 1924 réalisé par Robert Wiene, réalisateur Allemand plus connu notamment pour Le Cabinet du docteur Caligari.
Soho nous demande d'ailleurs si nous avons peur dans un morceau sombre, "Are you afraid?". La chanteuse ne se lâche qu'à bon escient, ses envolées sont rares mais précises pour nous prendre au coeur. Et le diptyque "Ligthweight" partie 1 et 2 poursuit le chemin en tentant de nous faire perdre le Nord dans cet album où l'on ne peut que se laisser aller, penaud comme un enfant perdu qui recherche ses parents dans une ville inconnue, c'est dérangeant mais l'expérience est forte. C'est surprenant mais pour ceux qui se souviennent bien de leurs songes les plus abscons, cet album en ferait une bonne bande originale. Il y a un côté oppressant mais la touche de surréalisme est là, en faisant de ces titres à l'enchaînement réfléchi musicalement une pérégrination électronique dans un autre monde, mais pourtant celui que l'on connait. Identique mais différent. Sans ses loops, le groupe fournirait une pop folk, mais avec les touches électroniques l'ensemble devient profondément contemporain et futuriste à la fois. Le dernier titre "What took you so long?" pourrait servir de générique à de la S-F comme l'excellente série télé anglaise Black Mirror, aux scénarios dystopiques et où les personnages ne peuvent atteindre le bonheur, comme une mise en garde de la part des auteurs pour qu'on ne se laisse pas aller à suivre la voie tracée par notre société, voie la rendant de plus en plus intolérable. C'est ce que me suggère l'ambiance de Everything is falling down, où une société en fin de course tend à nous perdre. Beau tour de force des Coffee or Not que de nous faire réfléchir en chanson au destin de la société. J'espère donc que le prochain album de ce groupe sera aussi beau que celui-ci mais bien plus joyeux car la société le serait aussi... Alors pour l'instant, un café, oui, et bien serré.
Frédéric, Soho et Renaud, dos au mur.
Le groupe tournera toute l'année en Allemagne, Italie et Belgique, naturellement. Mais il n'y a pas de dates de prévues pour l'instant en France... Amis tourneurs, à vous de jouer...
Crédit photo : Jung Ga Mee