Revoilà DRESS, groupe charmant qui a eu l’occasion de passer voir tonton Mallis au gros bœuf (le lien de l’émission en bas), et qui sort son deuxième album « Transparency ». N’ayant jamais eu l’occasion d’écouter le premier, il s’agit pour moi d’une découverte. Mélange entre Pop/Rock et influences Soul, on peut rapprocher la signature du groupe de formations comme KHA ou FORGET THE HEROES qui alternent avec bonheur moments d’émotion, énergie communicative et groove imparable, à l’image de « A world to live in », dynamique et enjoué, tandis que « Benediction » joue la carte de l’intimité acoustique permettant d’apprécier pleinement le joli grain de voix de la chanteuse Brigitte Buhlmann. Cela étant, tout ça reste très propre, un peu trop propre. Car si sur la forme, il paraît difficile de reprocher quoi que ce soit à DRESS (« Bling Bling » et ses chouettes sonorités électro), encore faut-il pimenter la sauce avec ce soupçon de culot qui fait décoller le tout.
Le problème quand on compose des titres au format tube, taillés pour le live, c’est qu’on court le risque d’aboutir à des chansons fort agréables mais un peu vides, un peu anodines sans une production titanesque ou un talent hors normes. A l'instar des formations pré-citées, car si les FORGET ont de la folie et de l'intensité à revendre, KHA pèche également par une trop grande linéarité. A force de vouloir faire un truc impeccable, on se prend régulièrement les pieds dans le tapis. On se prend donc à avoir peur que tout l’album ne s’enferme dans des schémas trop convenus. Fort heureusement, « Circle », montée en puissante poignante et lancinante s’avère autrement plus prenante et donne l’occasion à Brigitte de se lâcher pour une prestation tout en intensité. Sur les atmosphères doucereuses et changeantes de « Different without you », très proche du rock alternatif des années 90, entre PJ HARVEY et SMASHING PUMPKINS, on réalise être embarqué dans un voyage finalement bien plus intéressant qu’il n’en avait l’air de prime abord.
Alors on se laisse porter. On tutoie les sommets sur « Expectations », titre pop imparable tout en retenue au skank diabolique qui se transforme en guitare fantômatique, sur un refrain porté une fois de plus par une prestation habitée de Brigitte doublé par l’autre tête pensante de DRESS, le guitariste Laurent Poget.
Navigant habilement entre plusieurs eaux, les musiciens ont suffisamment de bonnes idées pour enrichir leurs morceaux et leur donner un petit supplément d’âme (« For All I Never had » et son côté générique de James Bond), sans toutefois qu’on puisse oublier ce léger manque de quelque chose. La dernière partie de l’album manque d’une ou deux chansons qui prennent aux tripes et continuent de relancer la machine de temps en temps, pour conserver un équilibre entre moments intenses et plus légers. « Wake Up », plus énergique et plus proche d’un GARBAGE, arrive un peu est du coup très bienvenu. Transparency n’est pas un mauvais album, loin s'en faut, et devrait séduire sans problèmes les amoureux de pop joliment interprétée. On se doute que le groupe a manqué de moyens pour s'offrir la production qui lui aurait permis de transposer son énergie scénique en studio. En l'état,il manque un zeste de folie à l’ensemble pour emporter la timbale. Rien de grave, mais cette deuxième partie un peu trop sage risque de porter préjudice à l'album, alors que ce groupe au potentiel énorme a tout ce qu’il faut pour casser la baraque. Pour ce faire, on ne saurait trop leur conseiller de se laisser aller, afin de s’affirmer davantage, sans parler de virer rock progressif. Des chansons comme « Circle » et « Expectations » prouvent qu’ils en sont capables. D’ici là, reste un univers très sympa à (re)découvrir prochainement au Bus Palladium puis au Batofar de Paris les 13 et 14 janvier prochains.