C’est assez surprenant d’aller voir MONSTER MAGNET à la maroquinerie, alors que ce groupe a sorti quelques albums ultra-référentiels comme Powertrip ou Dopes to Infinity. Sa côte de popularité (et surtout ses ventes de disques) doit être en chute libre dans notre beau pays, mais au moins c’est plein et le public est majoritairement constitué d’amateurs éclairés et c’est tant mieux, puisque la tournée s’intitulant Dopes to Infinity justement, on se doute un peu que Wyndorf et compagnie ont cédé à la mode du moment et vont interpréter leur classique en intégralité.
Ce sont les BLACK SPIDERS qui ouvrent ce soir. Les anglais n’en finissent plus d’apparaître avec le gratin du stoner et du rock, une bonne occasion de juger sur pièces des performances de la nouvelle coqueluche britannique. Disposant de leur propre batterie, les zicos n’ont que très peu de places pour s’exprimer, la scène se trouvant littéralement coupée en deux par le kit qui se retrouve au premier rang. Qu’à cela ne tienne, le batteur est bien rigolo avec ses airs de bûcheron abruti et ses compères se donnent à fond. Grosse présence sur scène, le quintet a du métier et donne tout ce qu'il a. Le show n’est pas désagréable, sans que musicalement ça casse trois pattes à un canard. Du rock gras assez basique, on n’a quand même pas à faire à un ténor du genre. Pas mon truc. Je laisse les inconditionnels du style juger, mais le combo emporte la mise à l’énergie et a bien rempli son rôle de chauffeur de salle.
C’est une toute autre ovation qui attend MONSTER MAGNET quand celui-ci s’empare des planches sur… "Vertigo", soit la dernière chanson de l’album, gros barouf psychédélisant de 10 minutes qui devient une introduction lancinante avant que le groupe lance réellement la soirée avec « I control, I fly », lancé pied au plancher. Wyndorf se met tranquillement dans son show pendant que son gang cartonne à tout-va. On regrette tout de même que la guitare lead reste trop en retrait, mais l’énormissime « Look to your orb for the warning » va se charger de mettre tout le monde d’accord. Le rock des américains est dur et abrasif comme une longue marche sous le soleil de l’Arizona. Wyndorf a beau ne plus ressembler à grand chose (il a encore grossi ou bien ?), l’essentiel est qu’il se soit bien remis de son coma et qu’il soit désormais plus concentré sur son chant que par l’exhibition de ses pectoraux d’acier en roulant du cul. Le pachydermique « Dopes to Infinity » ou la claque infligée par « All friends and kingdom come » nous replongent dans les influences premières du combo, entre BLACK SABBATH et HAWKWIND. S’il n’a pas marché à son époque (il aura fallu attendre la reconnaissance apportée par le carton commercial de Powertrip pour cela), il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Dopes To Infinity est aujourd’hui considéré comme une pierre angulaire du stoner.
Le gang déroule donc une setlist fastueuse ponctuée de diverses divagations psychées pour un public aux anges, qui manifeste largement son enthousiasme, au grand dam du roadie de Wyndorf qui doit venir jouer les vigiles avec des slammeurs expédiés sur le pied de micro de son patron. Mais ce sont bien les rappels qui vont achever l’assistance et ces presque 2 heures de show. J’avais pris les paris avec Alcohseb, chanteur d’ALCOHSONIC et photographe du soir (merci encore mec), qui a bien deviné (et dans le bon ordre s’il vous plaît) : "Negasonic Teenage Warhhead," soit LE tube de l’album que Wyndorf a bien gardé pour la fin, le pachydermique « Hallucination Bomb », tirée de Mastermind, le dernier album en date, avant de conclure sur « Powertrip » et l’inévitable « Space Lord », chacun de ces titres donnant l’occasion au public de donner de la voix. MONSTER MAGNET, par le biais de son leader, Dave Wyndorf, revient de loin, mais a montré avec son dernier album et les tournées qui ont suivi qu’il fallait toujours compter avec lui. Une excellente nouvelle de voir que ce pilier est décidément de retour aux affaires à tous les niveaux.
Setlist :
Vertigo
I control, I fly
Look to your orb for the Warning
Dopes to infinity
All friends and kingdom come
Ego, the living Planet
Blow’em off
Dead Christmas
Third Alternative
Theme from Masterburner
King of Mars
Rappels :
Negasonic Teenage Warhead
Hallucination Bomb
Powertrip
Space Lord