Oyez Oyez chers Gros lecteurs et auditeurs de La Grosse Radio, voici aujourd'hui une chronique destinée à décortiquer le dernier album de Daria, Impossible Colours. Avant de se lancer dans les joyeusetés, faisons un classique et court retour sur le Qui, le Quoi et le Comment de Daria.
Originaires d'Angers, Daria est un groupe de rock Made In France qui sévit depuis aujourd'hui plus de 10 ans, forts de plusieurs tournées dans une dizaine de pays aux côtés d'artistes prestigieux tels que Against Me!, Kepone ou Seaweed. Impossible Colours est le quatrième album du groupe, arrivant après Red Red sorti en 2012, qui avait jouit d'un beau succès public et critique. Produit par J.Robbins en février 2015, Impossible Colours est sorti le 29 Janvier dernier chez Artic Rodeo Recordings. Ce dernier est d'ailleurs communément reconnu comme le plus américain des labels européens, ce qui en soi n'est pas surprenant puisque le groupe se revendique clairement de nombreuses influences outre-Atlantique.
Impossible Colours, un album contenant 12 titres qui sentent bon le rock bien pensé. Avant d'aller plus loin dans le détail du travail de Daria, précisons que cet album marque le début de la collaboration entre les membres originels de Daria et le batteur MatGaz (le chevelu à casquette sur la photo ci-dessus), notamment connu pour son travail au sein de Mars Red Sky ou Headcases. Unanimement reconnu comme un batteur de grand talent dans des styles musicaux aussi variés que le rock, le stoner, le blues ou même le jazz, MatGaz a donc pris place derrières ses fûts pour l'enregistrement de Impossible Colours. Une nouvelle qui aura ravi les fans et permis de faire grimper l'impatience d'un cran dans l'attente de ce quatrième album de la formation.
L'album s'ouvre sur le titre "Past/Simple", qui met justement MatGaz à l'honneur. Le batteur s'en donne à coeur joie dans son jeu aussi juste que varié et rempli. La voix du chanteur n'est pas en reste, aussi poignante et bien gérée que ce que l'on a l'habitude d'entendre chez Daria. La composition fais des va-et-vient entre des ambiances rock lourdes par moments et plus légères à d'autres (par exemple à l'arrivée du triangle, qui permet de faire un petit break dans la continuité du titre et de relancer de plus belle la deuxième partie de la chanson).
"Margins" s'inscrit dans la lignée des influences de Daria, laissant néanmoins entrevoir des influences plus inscrites dans une mouvance pop/rock comme on pouvait en entendre chez des groupes tels que The Killers par exemple. Si ce deuxième titre apparait comme peu original par rapport à ce Daria est en mesure de proposer, il reste d'une grande qualité et efficacité. "February" quant à elle est une chanson bien plus rock dans ses intentions, marquée par l'arrivée de quelques choeurs en soutien du chant principal. Ici encore les batteurs et amoureux du rythme prendront plaisir à entendre le batteur marteler sa caisse claire pendant ces 2 minutes de musique. Vient ensuite "A Quiet Anarchy", titre que je vous propose cette de découvrir en image et en musique plutôt qu'en paroles :
Le cinquième titre donne son nom à l'album. "Impossible Colours" est la première composition plus calme au sein de l'album. L'introduction ne manquera pas de marquer son auditoire par la beauté et la complicité de la voix et de la guitare qui se complètent de manière extrêmement mélodique. Le reste de la composition emmène l'auditeur dans un univers assez lourd, doté d'une dimension épique définitivement rock dans son traitement.
"A Tired Hand" aura été pour moi le premier vrai déclic dans la découverte de Impossible Colours. La cassure créée par les membres du groupe entre une basse très présente et saccadée et des guitares lancinantes et mélodiques permet un rendu très agréable, assez hypnotique même. Encore une fois le travail du batteur permet de soutenir à merveille l'instrumentale. La touche finale réside dans le travail de chant réalisé sur ce titre, qui m'aura rappelé des ambiances psychédéliques telles que j'en ai déjà entendu dans des groupes comme Crippled Black Phoenix par exemple (à découvrir d'urgence si ça ne vous dit rien !). C'est définitivement une surprise et un émerveillement que d'entendre une telle maîtrise dans une composition. "A Tired Hand" représente à mon sens ce que Daria sait faire le mieux. C'est aussi puissant que poignant, et c'est là qu'est à mon avis le réel potentiel de la formation.
Après un septième titre sans vraiment de cachet, bien que tout à fait correct (notamment dans la mélodie de chant du refrain qui est assez identifiable et qui reste dans la tête), vient la seconde partie de l'album. C'est avec ce qui ressemble à une petite déception intérieure que je me rends compte que je ne retrouverais pas dans les titres à venir ce qui m'avait fait vibrer dans "A Tired Hand". Les titres sont fidèles à l'univers connu de Daria, ondulants entre un rock poignant des incursions pop fréquentes. De beaux efforts sont néanmoins réalisés sur des chansons comme "Inner Dialogue" et "Empirical Dismay" par exemple, qui démontrent toute la capacité des membres de Daria à combiner des ambiances assez lourdes et pourtant épiques, sublimés par de très belles mélodies de voix (ce qui est également une caractéristique de groupes tels que Mars Red Sky quand on y pense).
Pour conclure je dirais que Impossible Colours est un reflet du très bon travail réalisé par la formation Angevine. J'ai personnellement plus d'affinité avec les essais du groupe plus orientés vers une démarche qui lorgne du côté des ambiances psychédéliques, mais c'est une considération qui relève du domaine des goûts et des couleurs. Il faut objectivement saluer Daria pour le travail de grande qualité que les musiciens proposent depuis désormais quatre albums. C'est donc avec enthousiasme que je vous conseille de prendre le temps de vous familiariser et de vous laisser séduire par l'univers musical de Daria !
