" Le fait de ne pas s'être confronté à la scène a peut-être contribué à un certain enfermement des musiciens qui, passionnés par leur projet, n'ont dès lors pas su prendre le recul nécessaire pour se rendre compte des faiblesses de leur musique "
Fondé en 2013 à Paris, Far From Your Sun est un projet exclusivement studio (mais peut-être cela changera-t il un jour ?) qui affiche de grandes ambitions artistiques. Le but des musiciens est notamment de collaborer avec des artistes issus d'autres horizons, photographes, peintres, danseurs. En effet, leurs illustrations et leur vidéo (ci-dessous) sont très soignées et contribuent à un univers original, à l'identité marquée. Tout cela est bien évidemment très appréciable, mais au vu de notre créneau, on va tout de même se concentrer sur la musique.
Le groupe, qui propose des compos globalement longues et faisant la part belle à de multiples développements, est très influencé par Tool, mais pas que. Moins progressif et moins métal, on retrouve dans leur son une certaine aura de mystère, avec une batterie qui se fait volontiers tribale pour un côté Dead Soul Tribe pas désagréable. Pour peu que l'on apprécie la musique un tant soit peu sombre et / ou l'univers des artistes précités, difficile de rester de marbre devant un album qui tape aussi clairement dans un registre finalement peu pratiqué. Album qui, malheureusement, montrera rapidement ses limites.
Le problème est extrêmement simple : la répétitivité de l'ensemble. Le groupe aime prendre son temps, mais les chansons ne sont que trop peu sujettes à des développements mélodiques, à des changements de rythme, et restent terriblement linéaires. Or, avec des compos qui tournent bien souvent autour des 7 ou 8 minutes, cela ne pardonne pas : happé par l'ambiance, on attend qu'il se passe quelque chose... qui n'arrive jamais. Pire, les compositions finissent par se ressembler, d'autant qu'à force de se concentrer sur l'ambiance, elles en oublient de proposer des parties véritablement accrocheuses. Et l'auditeur de commencer doucement mais sûrement à sentir poindre l'ennui.
A petite dose, le problème eût été moins rhédibitoire, mais le long d'un album d'une heure, le constat est sans appel. Le fait de ne pas s'être confronté à la scène a peut-être contribué à un certain enfermement des musiciens qui, passionnés par leur projet, n'ont dès lors pas su prendre le recul nécessaire pour se rendre compte des faiblesses de leur musique. Bien jouée, bien produite, et disposant d'un gros capital sympathie pour quiconque est sensible à ce genre d'ambiances, elle oublie malheureusement l'essentiel.
5,5 / 10