Le prochain album de Merzhin, Babel, sort le 4 mars 2016. Après avoir livré un premier clip, "La Planète", les Bretons défendront leur EP lors d’une tournée anniversaire qui s’annonce prometteuse.
Merzhin est un cas à part dans l’histoire du rock. Les Bretons ont éclos au milieu des années 90, au milieu d’une vague celtique qui a déferlé sur l’hexagone, portée par des noms comme Matmatah ou Armens. Mais Merzhin se caratérise par sa longévité : 20 ans que les 6 de Landerneau parcourent ensemble les routes, au son des guitares et des bombardes. Le line-up est quasiment identique : Pierre Le Bourdonnec, Ludovic Berrou, Damien Le Bras, Stéphane Omnes et Vincent L'Hoursont là depuis le début. Seul le battteur Jean-Christophe Colliou est un petit nouveau, puisqu’il n’est là que depuis 8 ans…
Babel est un tournant dans l’histoire du groupe. Comme Merzhin l’annonce sur son site, « j’ai 20 ans, je n’ai plus rien à prouver et encore beaucoup à dire ». Et en effet, Babel claque. Il tranche furieusement avec les morceaux festifs de leurs débuts. Même si les instruments sont les mêmes, Merzhin, avec ce nouvel opus, sort définitivement de la case des groupes celtiques. Merzhin est un groupe de rock. Tout simplement.
Leur premier clip, "La Planète", donne le ton tout de suite. Noir destin, sombres guitares, avenir incertain, désabusé, on est immédiatement dans l’ambiance. On n’est pas là pour se marrer. Et ce sentiment persiste tout au long de l’album.
Les 3 premiers morceaux posent les fondations d’un rock épuré, efficace. "La planète" et son univers post-apocalyptique, "Babel" ou l’histoire d’une tour assiégée, "Muhammad Ali" attaqué mais debout, le combo envoie la purée. Un peu de repos avec "A travers toi", mais très vite "La Traque" reprend. Le titre est explicite, le morceau est déterminé. "Je reculerai pas", plus qu’un refrain, c’est un avertissement. Avec une guitare très Teyssot-Gay des débuts, Merzhin assume. A souligner la trompette, qui ajoute une couleur mi-jazz, mi-chicanos, et qui réhausse vraiment le morceau. On retrouvera cette trompette dans "Apocalypolitico", trait jazzy sur fond de riff mono-note.
L’album s’essouffle un peu sur la fin. Les textes sont dans la cohérence, mais la surprise initiale s'est estompée. Avec "Day Dreamers", Merzhin nous livre un bon morceau, bien réalisé, mais sans initiative. "Conquistadore" et "Be Bope Lula" restent dans la thématique, mais sans l’énergie des premiers titres.
L’album se conclut par "Et après". Ce morceau résume à lui tout seul l’état d’esprit du groupe. Après 20 ans d’existence, Merzhin jette un coup d’œil dans le rétroviseur, regard lucide sur deux décennies vécues sans pause, et, s’il ne regrette rien, l’avenir sera plus réfléchi, plus tourné vers le monde et sa réalité. Et plus rock aussi. Babel est un prémice, on attend la suite avec impatience.