Picore – Assyrian Vertigo

Autant le dire d'entrée de jeu, votre serviteur n'étant pas un fan de hardcore de musique noisy, cette critique est à prendre avec des pincettes.

Alors, me direz-vous, pourquoi diable votre serviteur se bornerait -il à écrire cette chronique ?
Parce que PICORE est loin d'être simplement un groupe de noise.

Troisième album du groupe, ASSYRIAN VERTIGO a du caractère, et ça se sent. Tour à tour Noise ou Psyché, l'album multiplie les influences musicales à tel point qu'il est difficile de leur coller une étiquette. Et ça, j'aime !
 

 

Picore

Cet étrange cocktail nous arrive donc bille en tête via l'intro diptyque "Eau" et "Ziggurat", intro assez musclée dont la suite n'aura pas à rougir.
Coup sur coup, le bloc de son de PICORE ne fait pas de quartier !
Bien que ménagé par des intros plus calmes comme celle d' "Aubade", le groupe nous assène sans vergogne des rythmiques tribales comme celles de "Fiasco", généralement ponctuées de climax bruitistes et angoissants comme celui de "Meurs menace".

Alternant entre le français et l'anglais, le chanteur crache et susurre des paroles parfois inintelligibles portées par des chœurs aussi étranges que glaçants tandis que les riffs de guitares, tantôt saccadés ou planants nous rappellent sans mal les expérimentations de groupes comme CAN.

Au fil du disque, on appréciera sa dynamique savamment dosée, jonglant avec parcimonie sur les moments de calme avant les tempêtes sonores ô combien dévastatrices, voir peut être trop.

Néanmoins, après que l' instrumental "Sabarnapal 1" nous rappelle à quel point il est douloureux d'aller chez les dentiste, le groupe semble lâcher du lest sur la première partie de "Gilgamesh", où viennent discrètement s'insérer des vapes de cuivres, mêlant trompettes en sourdine et clarinettes.
La chanson prend alors lentement son envol, gardant les cuivres, et rendant ainsi ce voyage acoustique de plus en plus bizarre, pour finir par s'écraser sur un mur de saturation abstrait en forme de point final.
Dommage, l'hypnose avait bien pris, on aurait aimé une respiration dans l'album sans se faire mordre à la fin.

La machine noise semble donc s'être relancée, avec le morceau "Nynias" avant que "Sabarnapal 3" (mais où donc est passé le 2?) ne nous replonge dans un flot musical hypnotique.
Et pourtant, encore une fois, la tension se décuple vers la fin, où s'entremêlent des cris et autres sons venus d'ailleurs. "Vertigo" clôt l'album sans déroger à cette règle.

C'est là que le bât blesse...
A force de trop appuyer le côté noise, quitte à tourner parfois en rond (histoire de nous donner le vertige, hoho!), PICORE semble plus appliquer une formule qu'autre chose.
Une formule efficace, certes, mais une formule quand même !
On aurait aimé que l'ouverture du groupe (tant au niveau des influences que celui de l'instrumentalisation) s'applique plus au son de l'album afin de ne pas nous laisser déambuler dans une sorte d'enfer sombre et circulaire, et de ne jamais nous laisser le moindre petit espoir de voir une percée de lumière.

Et c'est bien dommage car PICORE pourrait largement se le permettre. Les ajouts de cuivres le démontrant bien, pourquoi ne pas plus en profiter et faire moins noise ? (quoique cette sorte d'intransigeance bornée peut tout aussi bien être prise comme une qualité. Bah oui, quoi, si vous n'aimez QUE le noise, vous serez largement servi !)

Pour ma part; cet album m'a laissé sur les rotules, tant j'ai du mal à le digérer. Au lieu de gratter là où ça fait mal, PICORE me semble avoir plus de goût pour le K.O.
Qu'à cela ne tienne, j'attendrai le prochain album de pied ferme, histoire de voir dans quelle direction se sera tourné le groupe.
 

Marty Mcfly
 

NOTE : pour les adorateurs des trucs bien noisy: 8/10, et puis les autres plutôt 6/10....

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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