Joe Bonamassa, cet homme dont on entend plus souvent parler pour ses pédales de guitares ou encore tous les goodies à son nom, que pour ses sorties d'albums. Heureusement, le bonhomme reste assez loin de tout ce tumulte marketing et malgré son nom qui fait vendre, il sait rester simple et musicalement humble. Ce nouvel album, Blues Of Desperation, en est la preuve la plus complète.
Alors, que nous présente Joe dans ce nouvel opus ?
Du blues-rock comme on l'aime bien entendu. Son ambition pour Blues Of Desperation est un peu de revenir au son de base du blues tout en essayant de démontrer au public son évolution en tant que musicien de blues-rock. Les sujets basiques du style sont abordés dans les chansons, on passe des montagnes aux vallées, des peines de cœur à la solitude... Mais aussi des sujets un peu plus complexes comme les moments stressants de la vie ou encore encore le fait de "se perdre avec quelqu'un de spécial". En résumé, Bonamassa sort des sentiers battus mais ne s'en éloigne pas trop, un peu comme d'habitude.
On retrouve dans cet album encore beaucoup de participations d'autres artistes venant s'occuper des choeurs, du saxophone, de la trompette, de la basse et du piano. Kevin Shirley, le producteur du guitariste depuis de nombreuses années, a aussi eu l'idée de placer deux batteries sur certains titres. Il en ressort donc une stéréo assez intéressante sur cet album.
D'entrée de jeu, Joe attaque fort avec «This Train» et «Mountain Climbing». Deux titres accrocheurs et percutants. Là, on a de la prise de risque et de l'excellent Bonamassa. Des couplets qui restent bien dans le registre du blues-rock rythmiquement parlant, puis des refrains prenants et qui restent en tête. Mais la pression retombe un peu avec le doux «Drive» et son ambiance un peu plus sombre tout en restant bien groovy. Il y a bien toujours quelques petites touches de bluesmen regrettés chez Joe, comme dans «No Good Place For The Lonely» avec sa rythmique qui peut faire penser à celle de «Million Miles Away» de l'immense Rory Gallagher.
Les gros points forts de l'album restent, comme presque toujours, les solos que nous livre Monsieur Bonamassa. Il a le don pour enregistrer des solos qui donnent une impression d'être tout droit sortis d'un bon jam entre musiciens expérimentés, comme le très long plan de «No Good Place For The Lonely» par exemple. Ce qui rajoute évidemment une petite touche émotionnelle à tout ça. «Blues of Desperation» débute avec une lourde, mais lente, basse remplie d'effets. Pour ensuite continuer sur une rythmique typique de Bonamassa et un solo teinté de l'usage abusif, mais réussi, de bottleneck. Un autre point fort du guitariste est qu'il sait poser un contexte, une ambiance dans un morceau. Par exemple «The Valley Runs Low» : dès les premières notes, nous sommes plongés au beau milieu d'une vallée américaine. Et c'est assez intéressant de pouvoir se placer de cette manière dans l'âme d'une chanson.
La deuxième partie de l'album est légèrement en dessous des titres fort accrocheurs du début. Même si ils sont tous d'excellents titres de blues, Joe Bonamassa reste un peu trop dans le blues-rock cliché sans trop aller de l'avant, ou prendre des risques et tenter des petits licks inédits pour lui. Il se cantonne à ce qu'il maîtrise le mieux sans nous proposer quelque chose de franchement différent. Après tout, c'est peut-être uniquement ce que l'on attend de lui. Tout ce qu'apportent trompettes, saxophones, claviers et percussions n'est pas négligeable. La profondeur du blues-rock de Bonamassa vient aussi de là. Sans oublier sa voix chaleureuse et tellement agréable à entendre. A croire que ce cher Joe est bon dans absolument tout ce qu'il fait.
Joe Bonamassa, avec Blues Of Desperation, apporte encore un bien bel album à la planète blues. On reconnaît directement la patte du monsieur et même si il se contente de faire ce dont il a l'habitude, avec cette belle touche à la Gary Moore comme souvent, cela ne l'empêche pas de nous proposer là un très bon disque. Très agréable à écouter, avec des bons moments bien prenants comme la super «Mountain Climbing» et son refrain très accrocheur. Blues Of Desperation c'est du simple, mais du très efficace.
Tracklist :
1. This Train
2. Mountain Climbing
3. Drive
4. No Good Place For The Lonely
5. Blues Of Desperation
6. The Valley Runs Low
7. You Left Me Nothin’ Nut The Bill And The Blues
8. Distant Lonesome Train
9. How Deep This River Runs
10. Livin’ Easy
11. What I’ve Known For A Very Long Time