The Waco Brothers sévissent depuis 1995 sur le label Bloodshot Records, à la croisée des chemins entre la country minimaliste mais fortement inspirée par le monde du punk rock. De nos jours les mélanges musicaux sont monnaies courantes, on adore parler de fusion, mais en 1995, les Waco Brothers ont défrayé la chronique. Cette volonté de prendre le contrepied de la facilité à été leur marque de fabrique pour leur asseoir une sacré réputation dans ce que l’on va maintenant appeler country alternative.
L’esprit de Johnny Cash est toujours bien présent dans la musique des Waco Brothers mais dans ce nouvel opus Going Down In History, on retrouve aussi de sévères relents de punk rock. Le leader Jon Langford, chanteur et guitariste de son état, se souvient qu’il y a quelques années en arrière, il officiait dans de virulents combo comme les Mekons, les Skull Orchardou encore Pine Valley Cosmonauts.
D’entrée de jeu, on se retrouve dans un univers country rock très Amérique profonde. "DIYBYOB" nous prouve bien que Johnny Cash a fait des émules. Les Waco Brothers ne sont certainement pas étrangers à l’influence de l’homme en noir. Les guitares y sont affutées et efficaces.
Waco Brothers par Paul Beaty
"We Know It" se pose comme un bon gros rock US façon John "Cougar" Mellencamp. Une bonne voix rocailleuse nous embarque dans son sillage sur des riffs acérés. On pense aussi aux Creedence Clearwater Revival.
"Building Your Own Prison" ressemble à un boogie blues accéléré. C’est prenant. Je revois un truc comme "Not Fade Away" mais boosté à fond et j'aime ça. Les Waco Brothers ne sont pas là pour plaisanter où pour faire dans la bluette. On reste toujours sur des bases bien rock sans négliger les harmonies vocales et les arrangements plutôt country. Pour "Receiver", le riff est carré et puissant.
Une intro au piano sur "Ophan Song" marque une retour vers des choses plus country bien que les guitares restent présentes, mais là, on est résolument coté pop. Ca pourrait être un single tant ça reste dans le crâne. Le solo est efficace et le titre ne faiblit pas.
"I’ll Be Allright" qu’ils nous disent et on veut bien les croire surtout lorsqu’ils enclenchent la fuzz pour le dernier solo.
"All or Nothing" démarre... Oh putain, là, j’ai fermé les yeux et j’ai cru avoir un nouveau Jagger / Richards dans ma platine. Ca sonne Rolling Stones à souhait. La guitare cristalline balance un riff que ce vieux pirate de Keith Richards n’aurait pas renié. Des chœurs sympathiques, pour rester dans l’esprit des Glimmers Twins. Bien joué.
Waco Brothers Live par Jay Blakesberg
"Had Enough" a des relents garage punk. Un riff efficace et cisaillant et voilà que les Waco Brothers envoient la purée comme un groupe de jeunes punks écervelés. Les Sonics ont pris possession des Waco Brothers.
"Lucky Fool" envoie aussi les grosses guitares pour soutenir des mélodies plutôt bien écrites. Du bon rock lorgnant un peu coté pop au niveau des arrangements. Accrocheur en diable.
"Going Down In History" donne son titre à l'album. Ici, on muscle le répertoire. La voix se fait plus agressive, soutenue par une ligne de basse hypnotique. Le morceau monte en puissance pour finir sur les chapeaux de roues.
"Devil’s Day" commence tranquillement pour monter en puissance. Toujours du gros rock. L’influence stonienne est là mais croisée avec l’écriture d’un Fogerty. On revisite tout cela à la sauce américaine et on obtient du bon gros rock.
Au final, les Waco Brothers s'aventurent sur un terrain country punk qui m'a pas encore acquis ses lettres de noblesse sur le vieux continent. Peut-être même que cette reconnaissance n'arrivera jamais. Mais ça, on s'en fout et certainement que les Waco Brother s'en tapent aussi. Pour le moment, on ne peut que remercier le label Bloodshot Records de nous proposer de telles pépites...
"I Fought the Law" par The Waco BrothersLive at the 2014 Calgary Folk Music Festival