Survivor sort aujourd'hui et c'est la quatrième galette du groupe Stuck in the Sound, ou même la cinquième si l'on compte leur tout premier, éponyme, à la sortie confidentielle en 2004. Non, leur histoire officielle débute avec Discograph en 2006 et Nevermind the Living Dead. S'il s'est passé 4 ans depuis le dernier album Pursuit, c'est que le groupe a quitté son label historique ainsi que son tourneur et son éditeur pour rejoindre l'écurie Sony décalant ainsi la création et la sortie du nouvel album. Mais pour le groupe, cela a permis de prendre le temps et de produire de manière impeccable. Soit. C'est ce que nous apprend le dossier de presse.
On y apprend aussi que pour le groupe, Survivor est une "(r)évolution musicale", rien de moins, pour "livrer une nouvelle idée du Rock, version 2016". Soit. Mais après plusieurs jours à écouter de manière régulière et répétée cet album, le mieux que je puisse dire est qu'il n'y a rien de nouveau, ni évolution, ni révolution, et encore moins de nouvelle idée du Rock.
Pour ce qui est de l'évolution, on ne la remarque guère depuis le précédent opus Pursuit, un même son pop, se voulant rock, calibré FM. Pour ce qui est de la révolution, on repassera, on la souhaite pourtant, on l'attend ! C'est même avec une immense impatience que je souhaite recevoir un jour le disque d'un groupe qui ouvrira la voie à plusieurs générations d'artistes comme l'ont fait The Who pour ne prendre qu'un exemple marquant. Mais non, j'attends... en prenant tout de même grand plaisir avec les albums revival en tout genres. Tout est une question d'ambition et de capacité de création originales dirons-nous. Ici, Survivor rappelle les classiques des années 80, 90 et vient s'y frotter. C'est propre, c'est bien foutu, effectivement la prod' est impec' mais c'est mille fois entendu à la radio quand nous étions gamins (si vous avez la trentaine comme moi).
Et si j'évoque la FM, la radio, c'est bien qu'il ressort de cet album une volonté de tubes, de hits, de radio edit, dans lesquels on cherche encore la personnalité. Alors, oui, on leur souhaite vraiment aux Stuck in the sound de passer à la radio, "Dies Irae" et "Pop pop pop" passent d'ailleurs efficacement sur l'antenne Rock de La Grosse Radio. Dans l'album, on découvre de la pop ("Fire"), du rock dancefloor ("Survivor"), des ballades ("Survivor", "Dance until tomorrow"), il y vraiment de tout, de l'énergie aussi ("Lady of the night"), de la variété surtout. Voilà, Survivor est un album de variété. Ce n'est pas un gros mot ! Mais ça ne fait pas tout car on appréciera l'écouter partout, pour ne le retenir finalement jamais et c'est bien dommage. Les 11 morceaux passent tellement facilement qu'ils passent simplement...
Mais on peut aussi voir en cet album un hommage à l'histoire du Rock moderne au sens large, c'est déjà une belle réussite que de pouvoir satisfaire les fans de plusieurs styles des 3 décennies passées. Avec "Dies Irae" par exemple, on vous invite à ressortir vos vieux albums de The Cure. Vous pourrez aussi trouver des traces des Pixies, de Sonic Youth, une pincée de Queen, de Depeche Mode. Le groupe a une sacrée culture musicale Rock, mais la rend profondément Pop et revue avec une touche de synthés contemporains.
On espérait bien mieux de ce groupe à la belle capacité de production : un tantinet d'originalité, de personnalité, de fougue, de prise de risque. Bon, vous avez assez remarqué que je suis déçu par Survivor, que voulez-vous, je préfère encore recevoir des albums à la prod' foutraque mais dans lesquels on ressent l'âme des auteurs, des musiciens. Ici, ce sont bien des pros, mais leur nouveau disque n'est pas à la hauteur de ce que nous sommes en mesure d'attendre d'un groupe qui a plus de 10 ans et une belle réputation derrière lui, et ce n'est pas le fait de les avoir rhabillés pour le printemps à venir qui changera grand chose à leur affaire. Au final, comme au patinage : note technique 4/5, note d'originalité 1/5. Note finale : 5/10.
D'un groupe aussi efficace, on est au moins quasi sûr d'assister à de bons concerts lors de la vingtaine de dates à venir :
crédit photo : Quentin Caffier