"Il ne manque pas grand chose au groupe pour s'imposer comme une très bonne formation dans son genre, mais tout de même, un peu plus de culot serait le bienvenu"
Le temps passe, et voici déjà le deuxième album de Seed from the Geisha (le premier, Talk Peace to the wolf, était sorti en 2011). 4 ans durant lesquels le groupe a tourné, bossé, changé de guitariste aussi... Tout cela pour quel résultat ? Autant le dire franchement, si le son du groupe me titillait l'oreille jusqu'à présent, il n'était jamais parvenu à me convaincre véritablement. C'est donc avec une curiosité teintée de défiance que je me suis lancé à l'écoute de ce deuxième enregistrement long format.
S'il y a du mieux, ce n'est pas encore cette fois-ci que le groupe parviendra à convaincre complètement et à s'affirmer comme un prétendant sérieux à la première division. Concrètement, Seed from the Geisha propose un rock aux influences variées avec des tendances émo-métal moderne ricain assez prononcées. La bio clame haut et fort un attachement au progressif moderne, Oceansize et Tool en tête. Pourtant, à quelques exceptions près, les morceaux conservent des structures très conventionnelles. Notons qu'elles sont malgré tout bien charpentées et globalement agréables à écouter.
Car d'un point de vue technique, il n'y a pas grand chose à reprocher à Seed from the Geisha : l'enregistrement est très soigné, ça joue, ça chante, ça sonne, les musiciens sont capables de sortir des gros refrains qui tâchent (le single "Cast the Anchor" est très efficace) et les breaks snt souvent l'occasion de casser un peu la routine (le final de "47", "Starving for help"). Ne vous attendez pas toutefois à quoi que ce soit d'aventureux : les breaks interviennent souvent au même endroit, et d'un point de vue mélodique ou rythmique, ne cherchent pas à s'éloigner beaucoup du reste. Reste qu'on n'a pas besoin d'être aventureux pour écrire de bonnes chansons, et que l'on retrouve un vrai travail sur les arrangements, qui sont riches et apportent une certaine profondeur aux compositions.
Au final, il ne manque pas grand chose au groupe pour s'imposer comme une très bonne formation dans son genre, mais tout de même, un peu plus de culot serait le bienvenu. Alors certes, c'est aussi le genre qui veut ça, et il est probable que certains n'y trouveront rien à redire. Il n'empêche que, notamment au niveau rythmique, les titres restent un peu trop proches les uns des autres pour que l'ensemble s'emballe et devienne passionnant. En l'état, Seed from the Geisha livre un bon deuxième album et, soutenu par les radios US, pourrait même disposer d'un vrai potentiel commercial.
Mais on n'est pas ici pour parler business : ce genre de musique est tout de même très balisé et, si on écoute Point Nemo agréablement, il ne marquera pas non plus les mémoires. Sans compter que les ficelles sont parfois un peu grosses, comme l'abus de violons sur le dernier titre, "The Road", qui par ailleurs cherche sans doute un peu trop à faire tarabiscoté, pour un résultat qui ne sonne pas toujours très juste. Si quand le groupe cherche à être plus aventureux, il n'y parvient pas, c'est sans doute qu'il montre ses limites. Reste un album qui fera plaisir aux amateurs.
6,5/10