Souvenez-vous, c’était dans les années 80-90, au siècle dernier. Sous la houlette de Boucherie Production, une génération entière de groupes a dynamité la scène rock française.
Pour ne citer que les plus connus, on y trouva pêle-mêle la Mano Negra, les Garçons Bouchers, Parabellum, les Happy Drivers, et beaucoup d’autres.
Cette joyeuse bande a inventé un rock mi-punk mi-tout-ce-qui-passe, et a apporté un grand bol d’air à une France qui subissait les assauts hebdomadaires des Carpentier (nda : émission style Drucker variétoche).
10 Petits Indiens, c'était de l’aventure. Isabelle Voisin et ses 3 compères, Frédéric Cormier, Pipa, Philippe Le Bour (remplacé par Eric Deschamps), ont proposé un exquis mélange de punk et de chanson réaliste, comme le montre ce clip, bien vintage, mais toujours très fort :
Et là, surprise, sans faire de bruit, sans promo, sans tournée prévue, revoilà les 10 Petits Indiens, le retour. Le line-up n’a quasiment pas changé. Isabelle Voisin, Frédéric Cormier et Philippe Lebour ont simplement invité Costa (DickTracy Lords), et mademoiselle Cormier fille. Et tous ensemble, ils ont réalisé leur quatrième album, sobrement appelé IV.
La première chose à noter, c’est que la voix est toujours là. Cette voix qui détonne, qui donne cet ambiance de chanson réaliste, n’a pas perdu de sa puissance. Toujours aussi juste, elle nous colle dès le premier morceau. Que ceux qui pensent que Christine and The Queen est le summum du phrasé aillent se rhabiller. Les textes sont ciselés aux petits oignons, les guitares sont précises, la rythmique est lourde, posée. Si 10 Petits Indiens a ralenti le tempo, ils ont gagné en force.
De punks réalistes comme ils étaient fichés à l’époque, les 10 Petits Indiens ont perdu le côté énervé, mais ne se sont pas assagis pour autant. Ils nous proposent 9 morceaux avec chacun son énergie propre. Ils passent du rock lourd et tragique ("Ca va passer", "Les Portes De Galilée") à du vintage qui ferait rêver Tarentino ("Un rêve en or"), et n’hésitent pas à se lancer dans de la musique expérimentale indéfinissable ("Vitamines"), cette dernière étant un peu hasardeuse.
Au comble de leur maturité, ils prouvent qu’ils ne sont pas qu’un support musical pour une voix hors du commun. Avec l'enchaînement de l'instrumental "IIRC" et du très vocal "Voir Venise Bien Avant", on a le meilleur de l'album. Accords anxiogènes, arpège entêtant, voix doublées à l’octave, dissonances soignées, le tout sur un rythme lourd, pesant, les 10 Petits Indiens réussissent à instaurer une ambiance tragique indescriptible.
L’album n’est disponible que sur les sites de téléchargement et de streaming, le facebook du groupe est minimaliste, le site web constitué d’une unique page… Et si cet album n’était qu’un feu de paille ? Les rumeurs laissent entrevoir un clip, mais sur leur page Facebook les 10 Petits Indiens indiquent qu’aucun concert n’est prévu. C’est la scène qui a fait les 10 Petits Indiens, on espère une suite… A suivre ?