Fake Idea – 166 Bpm

Un riff redoutable et qui grince, et la batterie qui rue : l’ouverture de « Hoodoo Smell » qui inaugure 166 Bpm a le mérite de mettre tout le monde d’accord en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Faut-il l’avouer ? On n’aurait pas spontanément parié sur la bonne vieille Orléans, mais sur l’outre-Manche, voire l’outre-Atlantique… Ni sur un premier album. Mais voilà une solide formation française qui a digéré ses influences et les mêle énergiquement au long d’un disque bien produit. Que demander de plus ?   

Fake Idea se compose de Julien Chalmet (chant, guitare et claviers), Alex Soubry (guitare et choeurs), David Hazak (basse et choeurs) et Pierre-Erwan Grenet (batterie et percussions). Le quatuor a déjà un peu de bouteille. Le groupe se forme en 2008, les morceaux s’écrivent à partir de 2012. 166 Bpm : il s’agit du tempo (bpm = nombre de Battements Par Minute) du morceau rock le plus rapide de l’album, l’également bien nommé « Don’t Turn the Stereo Down ». Pour l’anecdote, mignonne, ce titre renvoie aussi aux battements de cœur d’un enfant dans le ventre de sa mère. Durant le moment de l’écriture, les Orléanais sont tous devenus papas. Quand on vous dit qu’on a pas affaire à des petits bleus.

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Crédits photos : tous droits réservés


Un album somme, c’est l’expression qui s’impose pour 166 Bpm. Somme d’influences funk-rock, somme de morceaux (15 en tout), somme qui est aussi le bilan d’une première vie du groupe. On distingue deux mouvements au cours de l’album, correspondant aux deux amours d’un quatuor qui n’a pas voulu choisir son camp. On pense ici et là à de grands aïeuls qui marièrent le rock, la pop d’un côté, le funk et la soul de l’autre, comme Lenny Kravitz, Prince ou encore Jamiroquaï. Un première partie assez rock, funky et enlevée donc, contenant des morceaux tubesques comme les « Hoodoo Smell » et « Don’t Turn the Stereo Down » sus-cités. Puis, à partir de « Little Sister », l’album verse plus radicalement dans le RnB et la soul. Les claviers se font orgues moelleux, les chœurs aigus, la basse adopte un groove plus profond. Une mention spéciale au passage pour « Browner than You », dont les mélodies jazzy plaisamment dissonantes de la guitare et de l’orgue serpentent sur une section rythmique bondissante. La fin de l’album se fait plus ambivalente, entre ruée funk-rock (« So High ») et pesanteur hard (qu’il s’agisse des glissando bluesy, de la traînante révèrb’ et des chœurs de voix enfantines de « Hit the Ground », ou des riffs écrasés et rampants sous la chape de « Wanna Try?? »). Tiens, en fin de compte Led Zep’ est là aussi ?

Bonne illustration de ce principe : « Turning Crazy », serpent de mer de l’album, dont le thème ressurgit trois fois sur des rythmes et dans des couleurs différentes. De plus en plus audible et très funk les deux premières fois, beaucoup plus hard rock et compressé la troisième. 

Au-delà du plaisir spontané, sensible sur la majeure partie de l’album, on peut aussi dire que 166 Bpm a les défauts de ses qualités. La richesse des références, le refus de choisir, le talent d’interprétation aboutissent à une variété interprétable aussi comme un manque de personnalité. Signalons quelques passages parfois convenus, dont « I’m Right On Time », par son manque de punch, rend assez bien compte. Mais ce serait bouder le plaisir que d’en rester là. On laissera sa chance à une formation rock française dont on peut être fier, et dont on ne veut pas douter que la discographie naissante trouvera sous peu une orientation plus singulière.

 

Et pour les dates de la tournée dans l'hexagone, c'est .

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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