Stuck in the Sound – Pursuit

Stuck in the Sound fait partie de ces groupes que l’on adore détester. Pensez donc : le quatuor parisien maîtrise ses instruments certes, mais entre nous, vous n’en avez pas un peu marre d’entendre crier au génie dès qu’un groupe français a l’air à peu près crédible en pratiquant un rock anglais ? « Regardez, on dirait un groupe anglais, ils sont super bons ! ». Désolé, mais il va falloir faire mieux que ça. D’autant que pendant ce temps-là, les anglais doivent bien se marrer en voyant l’énorme retard accumulé par la scène française. Entendre dire d’un groupe français qu’il est bon « parce qu’il sonne comme un groupe anglais » est non seulement grotesque, mais surtout d’une banalité affligeante. Presqu’aussi banal que l’idée selon laquelle le 3e album d’un groupe est celui de l’âge de raison, qui montrera si le dit groupe a de l’avenir ou s’il n’était qu’un pétard mouillé qui a (déjà) fait son temps. Pourtant, Stuck in the Sound est bien de ces groupes montés en épingle par les inrocks (les spécialistes du « ça sonne anglais et indé donc c’est bien ») et sortira son 3e album le 30 janvier prochain.

Vous l’aurez compris, je ne suis pas de ceux qui se sont émerveillés à l’écoute de Shoegazing Kids (2009). Un album certes pas mauvais, mais n’ayant rien de particulièrement génial, et à des lieues de mériter tout le foin que l’on fait autour. Rattaché à la scène française récente (Hey Hey My My entre autres), le groupe, malgré des qualités d’écriture et d’interprétation indéniables, collectionne un paquet de tics terriblement agaçants, au premier rang desquels figure un chanteur constamment à la limite du faux. Sans compter les chœurs terriblement exagérés ou peu à propos, tandis que les instruments se contentent un peu trop souvent de ruer dans les brancards et oublient de faire leur boulot. Ce 2e album nous montrait une bande de sales gosses tellement surexcités qu’ils en oubliaient presque que s’éclater avec des sons dans tous les sens ne suffit pas à faire de la musique. Sans compter que les compos restaient très similaires les unes aux autres et pas bien originales (les vrais groupes anglo-saxons font déjà ça depuis plus de 10 ans). Une longue tournée et un peu de bouteille en plus les ont-ils aidé à faire mieux ?


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Parce que malgré tous ces défauts, il reste un certain potentiel, et le single « Brother », qui a beaucoup fait parler de lui grâce à sa vidéo soignée (faire des trucs asiatiques c’est à la mode en plus), est franchement bien fichu. Pourtant, peu de choses ont réellement changé chez les Stuck in the Sound. Mais on sent que cette fois, le groupe a fait plus attention à conserver un certain équilibre. Ce n’est pas une révolution, plutôt un réajustement, des chansons comme « Bandruptcy » et « let’s go » sont là pour en témoigner. Jose Reis Fontao a toujours un timbre bien particulier, mais en joue de façon plus judicieuse, s’aventurant aux limites de l’auto-parodie sur « Criminal », un des très bons moments de l’album sur lequel planent les ombres de Nirvana et Sonic Youth. Sa voix est ici plus maîtrisée, malgré quelques dérapages. Il y a donc des raisons de se réjouir et de saluer le bon boulot effectué. Tout comme il convient de conserver une certaine retenue face à des pitreries insipides comme « September », qui prouve si c’était nécessaire que mélanger des airs de samba façon Mario Kart avec des rythmes pseudo funkisants c’est rigolo mais peu agréable à écouter.

L’album continue ainsi, entre moments sympas, quelques vraies bonnes surprises, et des désillusions qui font retomber l’enthousiasme. Globalement, c’est une vraie progression, pas une révolution, mais quelques pas dans la bonne direction. Vous l’aurez compris, Pursuit n’est en aucun cas l’album de l’année, mais redresse la barre et place les Stuck in the Sound dans la bonne partie du panier. La crise d’adolescence est passée, et s’il en reste encore quelques séquelles, l’éventualité d’une sortie de route n’est plus qu’un mauvais souvenir. De là à dire que le groupe va crever les plafonds, on n’en est pas encore là. En attendant de voir la prochaine étape, réjouissons-nous !
 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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