Sonic Protest, c'est un projet qui a le vent en poupe, les oreilles curieuses et bien accrochées.
Outre son intitulé convulsif et ses affiches psychédéliques potaches, le festival parisien dont la 12e édition aura lieu du 2 au 15 avril vaut le détour par sa programmation unique.
Consacré aux musiques expérimentales en tous genres, il va renifler et piocher dans le rock plus ou moins perché, le punk plus ou moins hardcore, la noise plus ou moins électronique, le jazz plus ou moins free, les musiques concrètes, improvisées, world, minimalistes, arides et/ou jouissives, savantes et/ou pulsionnelles, au-delà des frontières et des étiquettes. Ca cogne, ça grince, ça berce, ça transcende, ça interroge, ça fait bien des choses en fait, pour le meilleur et parfois même pour le pire.
Festival de niche ? Pas seulement. En occupant des lieux parisiens ou de proche banlieue souvent exceptionnels (La Parole Errante de Montreuil ou l'église Saint-Merry dans le 4e arrondissement, entre autres), en conviant non seulement des curiosités mais aussi des grands noms (évoquons la présence ces dernières années de Brigitte Fontaine et Areski, Lee Ranaldo et Thurston Moore échappés de Sonic Youth, Guy Picciotto de Fugazi ou Efrim Manuel Menuck de Godspeed You! Black Emperor), en intégrant le cinéma et les installations d'art sonore, Sonic Protest élargit sa base. Son public ne peut plus se résumer à l'amateur assidu de musiques-qui-cherchent. La curiosité, voilà simplement ce que célèbre dans la joie ce festival exigeant.
Cette année, outre une exposition ("RE:CYCLE", consacrée à la notion de détournement et autres bidouillages) et un film finlandais consacré à des punks handicapés (forcément), mentionnons simplement les "têtes d'affiches" suivantes : Martin Rev, moitié de l'historique duo américain de musique électronique Suicide, et Hans Joachim Irmler & Jaki Liebezeit, deux figures mythiques du krautrock (claviers de Faust pour l’un, batterie de Can pour l’autre).
La programmation fourmille. Curiosité, curiosité !