Exmagician – Scan the Blue


"Si tout n'est pas encore parfait, on n'est pas loin du sans fautes"

On aura tout vu... Après les français qui font du rock (et qui le font très bien), voici les irlandais qui font du rock psychédélique, un genre qui a surtout prospéré chez les voisins / amis / ennemis de la perfide Albion, ou chez les cousins américains. Il en fallait plus pour décourager Danny Todd et James Smith, qui collaborent ensemble depuis une paye dans leur ville de Belfast. Après avoir largement contribué à Cashier n°9, qui s'est offert un joli succès avec leur album To the death of Fun (2011), les voici à la tête d'un nouveau projet qui s'inscrit dans la droite continuité du précédent, en délaissant toutefois leurs influences les plus pop (comme The Byrds) pour proposer une musique plus abrasive.

place your bets, job done, irlande, cashier 9

Ils le disent eux-mêmes, la reconnaissance leur a apporté davantage de confiance, et leur curiosité les a poussés à essayer plein de nouvelles pédales, de nouveaux synthés, de sorte qu'on pourrait décrire Exmagician comme une sorte de version 2.0 de Cashier n°9. Plus couillu, plus rock, plus sensuel, plus groovy, mais avec toujours un sens de la mélodie pop imparable. Sauf qu'au lieu de se contenter de proposer de belles chansons façon petit enfant sage, les zicos ont choisi de laisser parler la poudre. Pas dans le sens où ils se seraient mis à flirter avec le Metal, mais dans le sens où ils ont souhaité se frotter davantage à tout ce qui rend le rock rebelle : son côté sexy, presque sexuel, fait de groove imparable, d'énergie utilisée à bon escient, d'ambiances travaillées (les synthés restent le plus souvent discrets, mais contribuent considérablement à l'aspect psyché de l'ensemble)... Le son est très travaillé (notons le bon travail sur les parties de batterie et la rythmique de façon générale), et le résultat, ce sont bien souvent des compos imparables ("Job done", "The Rot set in", "Wild eyes"...).

Des groupes qui tentent de retrouver la magie du passé, il y en a beaucoup, mais très peu parviennent à leurs fins. Autant le dire franchement, c'est le cas d'Exmagician, qui s'il s'inspire largement des grands classiques du rock psyché et de l'ambiance sixties, n'a pas oublié de se tenir au fait de ce qu'il s'était passé dans les années 1990 (il y a du Pavement ici et là) et 2000 (citons par exemple le Oasis de Dig out your Soul). C'est une autre de leurs forces : parvenir à apporter juste ce qu'il faut de modernité à leur musique pour parvenir à sonner à l'ancienne sans avoir l'air datés ("Bend with the Wind", avec sa mélodie imparable et les instruments à vents qui viennent enrichir le final, ne peut manquer d'évoquer les Beatles). A ce niveau-là, la différence tient en deux mots : le talent. Car il en faut pour digérer ses influences de cette façon-là, ou tout simplement pour parvenir à accoucher d'un album riche, qui parvient à trouver un bon équilibre entre passé et présent, aussi bien qu'entre compos énergiques et plus reposantes.


Scan the Blue est donc un album particulièrement réjouissant, qui permettra à tous de se replonger avec délice dans le souffre, la joie, l'éxubérance des années 1960 (et un peu 1970) sans pour autant avoir la désagréable impression de se taper une énième redite. Et si tout n'est pas encore parfait ("Feet don't fail", une chanson calme façon blues peu inspirée), on n'est pas si loin du sans fautes. Le duo, qui a eu le courage de délaisser un projet pourtant bien accueilli pour se lancer dans cette nouvelle aventure, ne semble avoir peur de rien ; ajoutez une bonne dose de talent, et vous comprendrez aisément qu'ils pourraient aller loin.
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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