Arno au Rockstore de Montpellier – 23/03/2016

Direction le Rockstore à Montpellier, ce 23 mars 2016, pour y voir Arno, mon bon vieux copain belge. Des copains belges j'en ai d'autres : le Grand Jacques, Tintin et sa clique, Franquin, ses idées noires et son rejeton Gaston, le peintre Magritte, et évidemment tous ces divins brasseurs de bière. Je ne sais blairer la soutane que quand elle est trappiste, allez savoir pourquoi...

Bref, me voilà donc calé au premier rang du Rockstore plein à craquer pour découvrir en live ce bonhomme d'Arno, qui dit ne faire des albums qu'à fin d'avoir un prétexte pour retourner sur scène.
Ça fait un bail que ses chansons, sa langue maniant l'absurde ou le sordide, le cru comme le romantique, que ses blagounettes et tout son bazar m'ont séduit. Ce sentiment passera-il l'épreuve de mon premier concert devant lui ?

Arno, concert, Human Incognito, les yeux de ma mère, les filles du bord de mer, Bruxelles, Brussels

Accompagné d'une formation rock classique - guitare, basse, batterie, clavier - Arno nous embarque  pour un long concert, pas moins de 25 morceaux, regroupant aussi bien des chansons de son dernier opus, Human Incognito, sorti le 15 janvier dernier, que des titres issus de ses productions précédentes. Un excellent moment, à tempérer par des problèmes de son, qui ont fait qu'il était parfois difficile de distinguer la voix d'Arno surtout pour les morceaux plus rock, où les instruments couvraient quasiment le chant.

Parmi les chansons du nouvel album, on notera «Ask me for a dance» qui ouvre le set. Entre lumières incendiaires et riffs de guitare, Arno pose sa voix éraillée avec sobriété et les yeux fermés. Ses expressions corporelles sont intenses.
On rit avec les paroles d'«Une chanson absurde», inspirée une mouette, par sa tante ou par son chien Socrate, j'ai pas très bien pigé... On atteint des abîmes de fin de nuit avec «Oublie qui je suis» chanson de rupture par excellence, avec l’anecdote gore du baiser comme des nouilles sautées ! On notera aussi la supplique appuyée de « Please exist » ou la touchante « Je veux vivre », espèce de réponse au poème de Boris Vian « Je voudrais pas crever ».

Arno, concert, Human Incognito, les yeux de ma mère, les filles du bord de mer, Bruxelles, Brussels

Arno dédicacera deux chansons aux femmes de sa vie : sa grand-mère, « une femme qui a des couille », avec « Lola, etc. » où la voix de notre compère est simplement accompagnée de la basse et d'une guitare blues à souhait, sans tralala; et l'incontournable « Les yeux de ma mère »,  Arno fait rugir sa voix déchirée et nous emporte le cœur. Il n'y a rien à entendre d'autre dans ce chant d'amour filial inconditionnel que ces paroles troublantes, tendres, crues et impudiques.

Entre ces sommets d'émotions, de grosses pierres bien « rockailleuses » se font entendre aussi : Pour « Que pasa » c'est comme une alerte que fait retentir le clavier au début de la chanson, tandis que le guitariste plaque de puissants accords à pleine main sur sa Fender. Pour « No job, no rock », les couplets se font quasiment disco, alors que pendant les refrains, la guitare sature et Arno crie ses paroles. Pour « Meet the freaks », le guitariste troque sa guitare pour une « cigar box ». On pourrait s'attendre à du blues, mais c'est un son résolument plus brut qui est donné à cette chanson. Rien que guitare et batterie furieuse. À la fin, la basse entre en scène pour faire vibrer le morceau.

Arno, concert, Human Incognito, les yeux de ma mère, les filles du bord de mer, Bruxelles, Brussels

Parlons quand même de la date de ce concert... le 23 mars, soit le lendemain des attentats de Bruxelles. Arno ajoute à sa set list la chanson « Brussels » dont il modifie les paroles pour l'occasion « Dancing in the streets of Belgium, Molembeek » pas de discours, juste envie de retrouver et célébrer sa ville avec des chansons « L'union fait la force, Après nous les mouches, L'oignons fait la force, Vives les moules »

Pour la fin du concert, Arno nous a réservé ses tubes, à chanter en cœur « Putain Putain », qui démarre sous un tonnerre vrombissant et une basse slappée, et « Les filles du bord de mer » musette désabusée, chanson d'ivrogne, d'ailleurs Arno nous chante tout le troisième couplet en une espèce de ruskovskaia de n'importe quoi, le public essaie de chanter avec lui, on n'est pas en rythme, mais on s'en fout, comme le dit Arno, on est moche mais on s'amuse !
Enfin « Bathroom Singer » clos ce riche concert, sur un rythme reggae pour les couplets, et un refrain Rock de stade, Arno aux cymbales nous fait péter les tympans !

Arno, concert, Human Incognito, les yeux de ma mère, les filles du bord de mer, Bruxelles, Brussels

Voilà donc ce concert achevé. J'ai la bonne impression d'avoir bu un coup de trop avec mon pote désabusé et optimiste, oui oui on peut être les deux à la fois. On a chanté de chouettes chansons. On n'a pas changé le monde, mais on n'était pas là pour ça. CHOIN CHOIN CHOIN.

Set List :
Ask me for a dance
Que pasa
Elle adore le noir
Now she likes boy
Je veux nager
Lola, etc.
Une chanson absurde
Death of a clown
Oublie qui je suis
No job no Rock
Brussels
La vie est une partouze
I'm just an old motherfucker
Please exist
Oh lalala
Je veux vivre
Sex, qu'est ce que c'est
Black dog day
Dance like a goose
Vive ma liberté
Meet the freaks
Les yeux de ma mère
Putain putain
Les filles du bord de mer
Bathroom singer

Crédits photos : Yann Landry - La Tête de l'Artiste : Toutes les photos du concert ICI



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