Ben Harper revient sur le devant de la scène en ce 8 avril 2016. Après un album beaucoup plus introspectif, Childhood Home, enregistré en compagnie de sa mère en 2014 et un album en 2013 avec le bluesman harmoniciste Charlie Musselwhite, cette fois ci, c’est flanqué de ses anciens complices, les Innocent Criminals qu’il vient nous livrer son nouvel opus Call It What It Is.
Et force est de constater que ça part fort. Premier titre à tourner sur la platine, "When Sex Was Dirt", s’éloigne du Weissenborn cher au taulier pour nous envoyer dans la face des gros accords bien distordus pour soutenir la voix du patron. Call It What It Is nous clame-t-on en titre de l’album. Pour l’instant, ça s’appelle du rock ‘n roll… Voyons un peu la suite…
"Pink Balloon" est aussi un titre bien rock avec des grosses guitares. Certainement un de mes préférés de l’album. La capacité de Ben Harper à créer de la mélodie sur des instruments distordus est fascinante. Avec lui, le rock groove et c’est là que sa musique prend tout son sens. Ce "Pink Balloon" est un bien beau single.
On retourne dans un registre plus pop avec “Deeper And Deeper”. Les mélodies au piano et guitare acoustique ainsi que les harmonies vocales sont particulièrement soignées et la chanson délivre une bonne dose de feeling.
"How Dark Is Gone" privilégie un tempo plus lent pour mettre en avant les qualités vocales du chanteur. L’orchestration est puissante avec des percussions qui dynamisent le morceau notamment sur un partie instrumentale de clavier qui vaut sont pesant de cacahouètes.
Un petit son pop groovy nous accueille avec “Shine”. Quelques relents country s’ajoutent à la partie. Un solo de guitare laisse la part belle à une wah-wah subtile mais efficace. C’est très beau avec des chœurs féminins efficaces qui donnent une profondeur intéressante à l’ensemble.
"Finding Our Way" s’immisce dans un registre plus intimiste. On y sent des relents de reggae, des beats et des phrases que les jamaïcains ne renieraient pas. Les percussions et la basse donnent une assise solide au titre et permettent à Ben Harper de poser sa voix et de la faire groover à souhait.
"Call It What It Is" regroupe les ingrédients qui ont fait le succès de Ben Harper, un riff de guitare saturé tourne en boucle et met en orbite la voix du patron qui groove à souhait en retravaillant des gimmick empruntés largement au blues. Ben Harper n’a pas son pareil pour créer des ambiances particulières. Ce titre en est une parfaite illustration. Il nous immerge totalement dans son monde.
Une intro slide proche des racines du blues nous invite dans “All That has Grown”. Un titre quasiment instrumental pendant ses deux premières minutes puis Ben Harper vient y poser ses textes. La guitare rappelle les travaux du professeur de guitare de Satriani, Adrian Legg. Si vous aimez ce titre, vous apprécierez aussi certainement les travaux du bonhomme.
"Bones" nous présente un coté soul funk groove affirmé. Ben Harper nous entraine dans sont sillage pour un titre que le label Motown aurait apprécié. Notons pour la petite histoire que l’album sort sur le label Stax, mythique référence dans le style. Ce titre m’a rappelé les productions des deux premiers albums de Ben Harper et aussi Bluefunk Is A Fact de Keziah Jones…
“Dance Like Fire” commence comme une ballade à la Keith Richards avec ce feeling qui se dégage dès la première note. Coté vocal, Ben Harper est nettement plus à l’aise que notre pirate riffeur préféré mais ce morceau à vraiment la classe. Les parties de guitare slide sont saisissantes à la manière d’un Ron Wood possédé pour rester dans le registre stonien. "Goodbye To You" est une autre ballade laissant la part belle aux improvisations au piano. Ben Harper sait y faire résonner sa voix pour obtenir des harmonies saisissantes.
Call It What It Is nous ordonne le taulier… Eh bien c’est tout simplement un bon album, varié, plein de surprises, jamais lassant… Ben Harper y fait très bien ce qu’il sait faire sous différentes formes. Tantôt très rock ‘n’ roll (mes passages préférés) tantôt plus soul et groovy sans s’éloigner trop du blues, Ben Harper et ses Innocent Criminals sonnent toujours juste. Maintenant, on attend le live de pieds fermes puisque les dates françaises sont annoncées pour le mois d’octobre prochain.