Après la sortie de son album Babel, Merzhin fête ses 20 ans sur les routes. La date parisienne, initialement prévue au Bataclan, a finalement été délocalisée au Trabendo. La capacité de la salle n'a rien à voir, les conditions non plus, mais Merzhin est un groupe tous-terrains, qui donne le maximum en toutes conditions.
En première partie, les bretons ont invité un trio 100% féminin, Sirius Plan.
Sirius Plan
Sirius Plan est un trio Franco-Belge qui existe depuis 2011. Les filles ont fait leurs armes notamment en première partie de Louis Bertignac en 2015. Elles se définissent elles-même comme un trio libre, sauvage et raffiné.
Le public du Trabendo arrive un peu tard, et c'est devant une salle qui se remplit petit à petit que Sirius Plan démarre son set. Guitare folk, résonnateur (sorte de guitare 4 cordes) et batterie, la structure musicale est très simple. Gaelle Mievis, la batteuse, arbore un tee-shirt des Ramones, va-t-on avoir du gros son ?
Et bien non, tout au contraire.
Car en plus des instruments, il y a des voix. 3 voix très pures, qui accompagent le folk-blues avec des harmonies très fines. Le set se déroule très calmement, le public est assis dans la fosse, attentif.
Sirius Plan assure vraiment vocalement. Skye, guitare folk et coupe à la Kurt Cobain, envoie ses riffs avec force. Claire Joseph, deuxième guitariste, est un peu plus timide, mais assure ses parties avec grande application.
Si les compositions sont bien envoyées, c'est une reprise ("Come Together", de qui-vous-savez) qui fait l'unanimité, et fait se lever les quelques irréductibles assis dans la fosse.
Une première partie fort agréable, très musicale, avec de superbes voix. Après de (trop ?) nombreux remerciements, autant que pour les Césars et les Victoires de la Musique réunis, Sirius Plan salue une dernière fois.
Plus d'info sur Sirius Plan (dates de concerts, bio, ...) sur le site du groupe.
Changement de plateau, le temps d'une bière... ou deux, atmosphère rock breton oblige...
Merzhin
Les 6 Merzhin ont sorti leur dernier album, Babel, il y a peu. Ces vieux briscards de la scène rock sont majeurs, avec leurs 20 ans d'existence et leur line-up quasiment inchangé. Fini la crise d'adolescence, cet album est annoncé comme celui de la maturité, plus noir, plus réfléchi.
Dès le premier morceau, Merzhin donne le ton, avec le morceau sans doute le plus sombre de cette dernière galette, "Babel". Le Trabendo, enfin rempli, savoure.
Merzhin nous a promis le changement. Mais le changement, ce n'est pas maintenant. Ou plutôt, un changement en douceur, dans la continuité.
En effet, les bretons vont alterner des morceaux anciens, voire très anciens ("Les nains de jardin"), avec les titres du dernier album. Le cocktail prend bien, preuve que la cohérence du groupe reste intacte.
A la voix, Pierre Le Bourdonnec semble parfois assurer le minimum. Il se déride après quelques morceaux, et une injonction bienvenue à l'extinction d'un téléphone filmeur. Les plus mobiles sont Vincent L'Hour à la guitare, qui réussit le tour de force de continuer une rythmique d'enfer avec une corde cassée tout en restant accordé, et surtout Ludovic Berrou. Ce dernier, pied nu, tel un korrigan, enchaîne les instruments, et met le feu à une scène parfois un peu molle. Que ce soit au claviers, à la bombarde, au saxophone, jamais son énergie ne s'épuise.
Les morceaux s'enchaînent proprement. Le public reste sage, enthousiaste, mais garde son énergie pour... euh on ne sait pas trop pour quoi d'ailleurs.
A la seconde guitare, Stéphane Omnes reste également assez en retrait. Concentré sur son manche, il conserve un jeu précis, labourant ses 2 mètres carrés, sans s'aventurer plus avant. C'est encore Ludovic Berrou qui envoie le feu, en particulier sur un "Ma Las Vegas Parano" qui restera comme le moment le plus fort du concert.
Le show s'achève avec un rappel de 4 morceaux, parmi lesquels l'historique "Nains de Jardins", toujours très apprécié d'un public de fidèles, et se conclut avec "La Planète", morceau du dernier album qui a fait l'objet d'un clip plutôt réussi.
Merzhin a rempli son contrat. Après 20 ans, les bretons ont toujours fière allure, et restent fidèles à leur réputation de groupe de scène. Ils ont fidélisé toute une génération, qui les suit de tournée en tournée, sans être déçu. L'alternance de morceaux nouveaux et anciens est une recette qui fait mouche. C'es un concert sans surprise, mais qui garde sa saveur, son énergie. Dès que le Bataclan ouvre à nouveau, gardez-vous une place au chaud.
En attendant, la tournée continue. Les dates sont disponibles ici.
Crédit photos : Rodolphe Goupil
Setlist
Babel
Welcome Circus
Pavillon K
Conscience
A travers toi
Ligne d'horizon
Betti
Et après
Plus loin vers l'ouest
Je suis l'homme
Muhammad Ali
Ma Las Vegas Parano
Take it
Poussières
Les indigènes
Apocalypolitico
La planète
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Sous la focale
Commedia
Les nains de jardin
La traque