Gottahrd, Pure Inc, et Sideburn qui nous occupe ici… La Suisse a décidément un paquet de bons groupes de rock. Mais ce sont bien les derniers nommés qui sont les vétérans de la scène helvète, puisqu’ils se sont formés en 1985 et pratiquaient alors un style plus proche du heavy métal de Judas Priest (sous le nom explicite de Genocide) que le classic hard rock vers lequel ils se sont tournés en 1997. Pas de surprise, c’est un hard rock très classique que nous délivre le combo, puisque ses influences majeures se trouvent entre l’Australie et les Etats-unis. Niveau références hard rock, on a vu pire. Mais à l’instar d’Airbourne, on se retrouve face à un dilemme cornélien qui continuera d’opposer ceux que le manque d’originalité ne dérange pas et qui se contenteront volontiers d’un travail d’artisans qui connaissent bien leur boulot, et ceux qui ne voient pas trop l’intérêt de se retaper ce qui a déjà été fait. Le plus probable étant que chacun ressente ces deux aspects, à différents degrés selon les sensibilités. Choisis ton camp camarade !
Niveau savoir-faire, pas grand-chose à redire face au savoir-faire de notre expérimentée petite troupe. « Live to rock » donne le ton d’entrée de jeu et étale d’entrée les atouts et les limites du combo : du bon riff efficace, des musiciens bien en place et qui connaissent leur boulot, un chanteur qui, s’il n’a rien d’extraordinaire, n’en possède pas moins un grain de voix sympathique, un guitariste soliste qui a l’air d’avoir biberonné du blues depuis sa plus tendre enfance et qui n’hésite pas à s’exprimer… Le hic, c’est que tout ça pourra plaire aux amateurs acharnés de hard rock à l’ancienne, alors que les autres resteront sans doute sur leur faim. M’enfin, ce n’est jamais que le premier titre… Mais rapidement, on se rend compte que la première impression était la bonne, et les chansons s’enchaînent agréablement, sans jamais décoller pour autant. Entre mid-tempos efficaces (« Chase the Rainbow »), légers coups d’accélérateur de temps en temps (la chanson-titre « Jail »), le tout sans jamais s’éloigner de la même recette et sans qu’on ne puisse se départir d’une constante impression de déjà entendu.
Encore une fois, l’album n’a rien de foncièrement mauvais, et on ne peut décemment en vouloir aux musiciens qui ne demandent rien d’autre que d’envoyer du bon rock’n roll qui invite à remuer la tête et taper du pied en cadence. Qu’y a-t il de mal à cela ? Rien, et les mordus y trouveront sans doute leur compte. Maintenant, Sideburn n’a pas inventé l’eau chaude (et ne prétend pas le contraire), et même dans le genre, on peut trouver mieux ailleurs, tant on assiste à un retour du classic hard rock ces dernières années, tandis que le stoner et ses avatars n’en finissent plus de renouveler l’approche « rock à l’ancienne ». Du coup, il est peu probable que les mélomanes ou les plus exigeants s’attarderont sur cette galette, pas mauvaise mais assez vite oubliée. Du bon boulot, effectué avec un savoir-faire indéniable, sans personnalité particulière non plus. L’éternel débat auxquels de nombreuses formations nous invitent régulièrement. En fait, il serait probablement plus sympa d’assister à un concert du groupe en sirotant une bière que d’écouter leur album dans un espace confiné. Mais étant donné que c’est bien la version studio qui nous intéresse ici, on ne peut que ressentir un certain manque d’intérêt au fur et à mesure que la lassitude s'installe, tout en respectant la démarche des musiciens qui ne cherchent sans doute rien d’autre qu’à se faire plaisir.