Why Mud au Club Silencio – 31.03.2016

Alors que sur la place de la république se tient la première Nuit Debout; je m'enfouis quelques stations de métro plus loin dans l'antre du Silencio, club lynchéen où j'avais eu l'occasion de découvrir en concert les très énergiques ados de Compact Disk Dummies. Retour donc dans l'escalier où Ai Wei Wei a laissé sa place à un autre photographe en route vers les entrailles un peu trop chaude de la bête. Car si dehors, nos indignés sont dans le froid et la pluie, ici le thermomètre est plutôt tropical. Un coté chaleur infernale qui combinée aux ambiances jaunes orangées des lumières crée une atmosphère gentiment diabolique. Cette fois, la faune est néanmoins plus hétéroclite. Moins de costards-cravates; il faut aussi préciser que ce soir, on ne vient pas écouter de la musique electro-hype; mais du rock racé, oscillant entre le prog et la pop rock; bref, on va voir Why Mud. La salle se remplit petit à petit devant le rideau de scène. On attend, on se paie un coup, ça discute, ça fait des vocalises sur "Nightcall" de Kavinsky, et un King Krule plus tard enfin les lumières s'éteignent dans une salle maintenant bondée.

Vous pourrez aussi découvrir aujourd'hui à 15 heures notre chronique de l'album sur le webzine Rock de La Grosse Radio.
 

live, rock prog, 2016

Crédits photos : Figmentation


En guise d'intro, on a le droit au même prologue que sur l'album, et sachant que celui-ci nous raconte une histoire, le groupe aura-t-il l'audace de nous jouer l'intégralité de ses chansons ? D'autant que derrière les musiciens, on peut apercevoir un montage vidéo, alternant des images de routes, de torrents, de forêts, de maisons et d'autre choses encore, sous la forme d'un vieux film en pellicule (dommage néanmoins que l'écran soit en partie caché par le groupe sur scène).

On démarrera finalement sur du "Adam's Fall" avec une basse qui ce soir a clairement décidé d'envoyer la sauce. On appréciera aussi le fait que le montage se fait de temps à autre au même rythme que celui de la musique. Il y'a de l'idée, et malgré une certaine nervosité des musiciens, l'exécution reste correcte. La chanson terminée, on se rend vite compte que l'idée n'est pas à la communication avec le public, mais de communion musicale. Quelque chose somme toute assez courante dans des live rock prog. Seulement, plus le temps s'écoule, moins on se sent hypnotisé, complètement bloqué dans une salle trop remplie pour qu'on se laisse vraiment aller à la méditation.

Avec ce genre de musique, on se rêverait d'avantage dans un festival en plein air, entouré justement par ces forêts et ces montagnes dont nous n'avons ici que l'image. Autre problème, l'incessant ré-accordage entre les morceaux qui cassent la fluidité du concert et nous sortent continuellement de la musique. Etonnamment, et peut-être par dépit, le chanteur se met à parler un peu au public, ne sachant visiblement pas trop quoi dire. Meubler le silence, ce n'est facile pour personne, surtout si ce n'est pas prévu au programme. Alors le concert se passe tant que faire se peut, ne décollant jamais vraiment, tout en restant techniquement propre avec les chœurs de "fugue" qui ne perdent rien de leur charme et un guitariste/pianiste qui alternera sans sourciller entre ses deux instruments.
 

live, rock prog, 2016

Crédits photos : Figmentation


Il faudra attendre la fin du set pour sentir le groupe lâcher un peu prise et gagner en confiance avec un très beau combo "Somebody Do Something" et "Inside Is Out". On finira donc sur une note positive avec l'outro arabisante et enragée d' "Inside Is Out" tout en regrettant que ce surplus d'énergie ne soit intervenu plus tôt. A croire qu'ils n'ont pas su choisir entre tout miser sur l'atmosphère où à l'inverse parier sur une version de leurs compos plus musclée qui aurait été propre au live.

Le bilan est donc mitigé, probablement dû à la jeunesse du groupe, qui s'il a des idées scéniques fortes, ne semble pas encore tout à fait rodé à l'exercice. Il serait donc intéressant de voir ce que donneront leurs futures prestations, et s'il auront réussi à allier l'hypnose à l'énergie rock d'une manière plus cohérente et efficace.

Merci à Why Mud et Etienne Tricard pour l'invitation.
Le silencio étant un club privé, les photos ne proviennent pas du concert ici chroniqué.

 



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