Rescue Rangers – Manitoba

Encore un peu et notre beau pays va finir par être plus ricain que les USA ! Le « desert rock », à priori ça a plutôt sa place au Texas ou en Arizona que dans le Languedoc Roussillon, non ? Ou en l’occurrence en région marseillaise. Allez, on va dire que les paysages du midi peuvent être un bon substitut. Là n’est pas l’essentiel bien sûr, l’essentiel est que cet excellent groupe qu’est Rescue Rangers (ouais, comme Tic et Tac) nous propose son deuxième album Manitoba. Après Bukowski, Glowsun, Los Disidentos del Sucio Motel et en attendant Abrahma (ex Alcohsonic), c’est au tour des sudistes de déballer leur nouvelles cartouches. Si les Rescue Rangers sont naturellement rattachés à toute cette scène rock française qui n’en finit plus de s’affirmer et monter en puissance, il n’est pas un pur produit stoner pour autant. Certes, le trio en a bouffé, et les noms de Kyuss, des QOTSA et d’Hermano ne lui sont sûrement pas étrangers. Mais ce qui fait tout le sel du son de la formation, c’est cette alliance subtile avec des influences Grungy, au premier rang desquelles Soundgarden et Pearl Jam, pour un rendu final qui se rapproche d’une version plus sombre des Foo Fighters.
 


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Réduire le combo à ce panel d’influences est par trop réducteur, car notre enthousiasme découle évidemment du fait que le groupe a su digérer tout ça pour pondre son propre style, que cette nouvelle déflagration vient affirmer un peu plus. Ceux qui avaient déjà eu l’occasion d’écouter leurs précédentes réalisations ou de les voir en concert ne seront pas particulièrement surpris par les deux premiers titres. Gros riffs, chant clair bien maîtrisé, gros groove, refrain bien patate, c’est du Rangers pur jus. La différence : le son. Niveau production, le groupe a enregistré chez lui, et a visiblement pris le temps de faire les choses comme il le fallait. Bien lui en pris, pour le plus grand bonheur de nos oreilles ! Le mix de Jason Groves et Dave Angstrom (Asylum on the hill, Hermano) réhausse le niveau, sans compter que le second nommé vient taper un guest sur “In time Pal” en collant des solos jouissifs partout où il peut. Les Rangers ont franchi un cap, la recette n’a pas fondamentalement changé, par contre en terme de rendu c’est le jour et la nuit ! Ce premier titre balaye tout d’entrée de jeu. Quand à « Blank », c’est une combinaison de ce que le groupe fait de mieux : refrain planant balancé dès le début qui enchaîne sur un riff furibard remonté par des vocalises qui ne le sont pas moins… Pas de quartiers, encore moins de temps morts !

Le groupe sait rocker, mais comme précisé plus haut, ce n’est là qu’une de ses facettes. Dès « New Astronomy », le ton change, le rythme se calme, la furie fait place à un spleen excellemment développé sur lequel la voix et la guitare de Pascal font merveille, et qui enchaîne parfaitement avec « Why so serious », montée en puissance sombre, abrasive, grunge à souhait et particulièrement jouissive qui s’achève sur des hurlements sauvages. Non seulement les rangers ont fait de gros progrès, mais ils varient les ambiances comme peu en sont capables. Après ces digressions, retour au stoner qui tâche avec le morceau titre, « Manitoba », longue mélopée autour d’un riff qui tourne encore et encore et qui pue le whisky à plein nez ! Monster Magnet n’est pas loin par moments. Un grand moment ! Un de plus, et ce n’est pas fini, puisque « Creeper, the one who creeps », sur laquelle c’est au tour de Nick Oliveri (ex QOTSA, Mondo Generator) de taper son guest, n’est pas mal non plus dans le genre.
 


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Histoire que le panorama soit complet, difficile de ne pas lâcher quelques mots sur les 8 minutes de « Done, Gone », forgée pour tailler la route, du Chris Rea à la sauce Rescue Rangers quoi. Après autant d’émotions, on est quand même un peu déroutés. La diversité c’est bien, mais le risque est de finir en fourre-tout. Mais on aura décidément bien du mal à chercher des noises à un album aussi bien construit. Une reprise du thème de « New Astronomy » nous remet sur les bons rails, avant que « You are Here », crépusculaire et aride, ne vienne conclure les débats. Aucune faute de goût, tout juste un titre moins mémorable que les autres, une durée idéale qui permet de s’enquiller l’album d’une traite sans problème, des titres tubesques et variés, bonne prod’, bon mixage… Les Rescue Rangers tapent très, très fort. Si en plus on ajoute que l’Artwork est superbe et les musiciens sympas, merde, je ne sais pas quoi dire de plus pour vous convaincre qu’on est tout simplement en face d’une bombe.

 

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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