11 ans après leur première bande originale, AIR sort en ce début d'année celle du "voyage dans la lune" de Méliès, ressorti dans les salles dans sa version colorisée.
Quid alors de cette énième BO ?
AIR a-t-il eu le courage de se réinventer lors de cette récréation cinématographique ?
On est en tout cas agréablement surpris par l'ouverture "Astronomic Club" tout en toms bien lourds et chœurs au pitch ballotant dans les graves. Une belle manière de planter le décor, si j'ose dire.
S'ensuit "Seven Stars" la première chanson de l'album et c'est de l'AIR pur jus qui vient couler dans nos oreilles, toujours aussi planant; à coup de voix éthérées abondamment réverbérées et d'harmonieux accords de piano, contrebalancés par des petites piques guitaristiques, histoire de ne pas rendre l'ensemble trop homogène.
Le temps d'un "Retour sur terre" aussi court que franchement magnifique, "Parade" et son atmosphère bien pop électro vient nous redonner un coup de fouet. Pas de quoi s'arracher les cheveux, certes, mais c'est rafraichissant et le bienvenu. On enchaîne avec "Moon Fever" et son riff de synthé en clin d'œil (ou pompé, c'est au choix) au "Right here, Right now" de FATBOY SLIM. Anecdote amusante, ce titre de l'ami Slim avait été utilisé dans la bande annonce de VIrgin Suicides, dont la BO était signée AIR.
Le monde est petit !
Il n'empêche qu'à part ce petit riff, les arrangements de cette piste sont de toute splendeur, et cache dans ce son cotonneux un magnifique thème largement digne d'un Mark Isham ou bien d'un Cliff Martinez (écoutez la BO de Solaris, vous verrez de quoi je parle).
Nouveau break de l'album avec "Sonic Armada" et sa partie basse ultra efficace d'où découle le reste dans la joie et la bonne humeur avec ses synthés vintages rigolards qui sifflotent à tue tête un air malicieux. On plonge par la suite dans la poisseuse et angoissante "Who Am I Now?". Vénéneuse en diable, cette chanson tranche avec l'AIR habituel, et on l'imagine sans mal se marier avec les fantaisies visuelles de Méliès. Le groupe continue dans ce "Décollage" cinématographique via une envolée de piano de toute beauté.
La bizarrerie s'accentue encore avec "Cosmic Trip" en mélangeant des sons semblant sortis d'un vieux jeux vidéo à des samples de violons nerveux, le tout porté par une rythmique métronomique.
"L'homme lune" et son pendant "Lava", venant illustrer le point d'orgue dans le film (ne me dites pas que vous n'avez jamais vu l'image de la lune éborgnée) et par la même clôturer l'album, nous enchantent dans la première partie (que n'aurait surement pas renier un Bowie période Low) pour finir sur une deuxième partie plus rock et pêchu bien moins convaincante. Tant pis.
AIR nous livre un album pas inintéressant, même s'il est loin d'être révolutionnaire. Le groupe aurait pu se permettre plus d'expérimentations, à l'image de la deuxième partie du disque mais allez savoir, avec le temps, la rançon du succès a peut être pris le pas sur l'innovation.
Bon, et puis histoire de bien terminer cette chronique je vous laisse un petit extrait du film. Enjoy !
MCFLY