Printemps d’Bourges, seconde manche, pour l’envoyé très spécial de la Grosse Radio ! Quittons si vous le voulez bien les lieux "officiels" pour nous faire un p’tit concert sur une scène du off. Entendons-nous bien, il s’agit d’une figure de style… que vous l’acceptiez ou non, je m’en vais vous causer du young old Tiwayo dont j’ai eu l'honneur et le plaisir de vous chroniquer ici-même le dernier E.P. Une petite scène extérieure, au cœur du nouveau centre commercial du centre ville et un public familial bravant le crachin berrichon… Pas vraiment les conditions optimums pour le blues soul de Tiwayo et de ses 3 complices, mais il en fallait plus pour les décourager. Le poulbot parigot aux allures de rockers seventies - chemise jaune pétard sur p'tit gilet de cuir - séduit le public berruyer grâce à sa voix cassée juste ce qu'il faut et ses soli de guitare virtuoses, mais là aussi d'une durée propre à ne pas lasser l'auditoire. "Too young" nous réchauffe et "In my heart", pépite soul nous donne du baume au coeur. "Vous connaissez les Doors ?" lance-t-il au public et de leur balancer aussi sec une p'tain de cover de "Light my fire" ! Et dire que si je n'avais pas maté sa page facebook, j'aurais raté cette mise en bouche pour cette seconde soirée au Printemps, c'eut été dommage !
Après une pause au stand de la Cave des Beaux Arts pour déguster un p'tit Menetou Salon rouge, je m'en allai benoîtement à l'église Saint Pierre, faire ma prière du soir et répondre ainsi aux préceptes de l'abbé Schmoll… Euh, non ! Pour assister à "run, run, run", l'hommage rendu par Emilie Loizeau à Lou Reed. Le Prince des dévoyés magnifié dans un lieu de culte, lequel ouvrait pour la première fois ses portes à une cérémonie païenne printanière, j'avoue avoir été littéralement dévoré par la curiosité. Celle-ci devra rester sur sa faim ; à l'instar d'autres collègues de la presse, je ne puis être admis à prier Saint Lou avec son apôtre Emilie… Et ce n'est pas faute de nous être sagement alignés tels des pénitents contrits au bas des marches de l'église, comme nous l'enjoignait sans ménagement le cerbère en chef de la sécurité.
Faute de pouvoir assister à l'office, je me décidais à me rendre au temple du Printemps, l'immense W voir General Elektriks. J'emboîtais le pas d'un jeune graphiste avec je taillais un bon bout d'gras fort sympathique sous une pluie toujours bien présente. Les concerts au W ne m'avaient pas laissé de souvenirs impérissables les années précédentes ; difficile de voir correctement les artistes sur scène, à moins de s'approcher au plus près et là, aïe les z'oreilles même bouchonnées… Grâce soit donc rendue aux organisateurs ; non seulement le son était nettement meilleur, mais de plus, deux grands écrans avaient été rajoutés de chaque côté de la scène. Hervé Salters et ses comparses de General Elektriks se sont donnés vraiment donnés tout au long d'un show de grande tenue, livrant entre deux tubes - "Raid the radio" et autres "Helicopter" - les compos de leur nouvel album To be a stranger. RV, le leader du groupe mouille vraiment le maillot ; sautant comme un cabri derrière son clavier qu'il dézingue façon Jerry Lee Lewis. Enfin un représentant de l'électro pop frenchy qui se limite pas à quelques panouilles synthétiques ou à pousser les basses à donf pour faire bouger le public… Il faut dire que les gros morceaux de soul et de rock qu'ils rajoutent sans lésiner, contribuent à la réussite de leur cocktail. Le batteur à crêtes, Norbert Lucarain, pourvu de deux énormes tom de chaque côté de sa batterie, n'est pas pour rien dans cette réussite ; son solo était dantesque !
Au 22, en attendant Last train qui devait passer dans l'une des deux salles de ce lieu désormais emblématique du Printemps, je glissais un oeil et une oreille chez les Broken Hands. Mal m'en a pris ! C'est les oreilles qu'ils ont bien failli casser les britons de Canterburry, selon l'expression consacrée… Je me réfugiais vite chez les mulhousiens de Last train, lesquels ne jouent pas forcément moins fort mais qui sont plus proches de ma définition personnelle du rock n' roll. C'est la consécration pour ces bébés rockeurs, présents l'an passé comme bien d'autres sur la scène découverte, les fameux Inouïs. Et au vu de l'énergie et de la sincérité de leur jeu de scène, c'est un succès amplement mérité ; eux qui vivent celle-ci "comme une exutoire et qui se rendent bien compte que tant qu'ils conservent cette alchimie entre eux, ce sera bon signe pour la suite" (purée, ça me fait mal tout d'même de citer Vingt minutes…). D'autres qui n'ont pas encore les honneurs de la presse grand public parce gratuite - ou l'inverse - ce sont les Rennais de Apes O'Clock… J'avoue que là aussi je mettrais volontiers mes opinions personnels de côté et reprendrais sans vergogne des écrits positifs sur eux, même s'ils émanaient de Valeurs Actuelles (en même temps, je ne prends pas un énorme risque…).
Les Apes et leur Rock cuivré, découverts l'an passé au Printemps, m'ont fait une petite frayeur pendant les balances sur la scène du Berry Républicain. En lieu et place de leurs superbes costumes de dandies punk, ils arboraient de bien banals blousons de cuir… Ouf, c'était pour mieux les tomber dès leur entrée (j'croyais que c'était pas frileux les Bretons…). Après une intro théâtrale, Johan l'aboyeur en chef, monsieur Loyal de la troupe jouant de sa canne et de sa voix puissante, entend parler de suite au primate qui sommeillait en chaque spectateur et ça marche ! Tout l'monde saute bien vite sur place, mais tous peut-être aussi haut que la tribu des Apes. Ceux-ci vont balader le public "from jungle to downtown" jusqu'en "Colombia" - en profitant pour exprimer au passage ce qu'ils pensent du régime colombien - sans oublier de leur présenter sur un air de valse punk, "Malika" la jolie fleur de trottoir… Leur show regorge de moments de bravoures scéniques ; du duel opposant le tromboniste à ses petits camarades ou leur interprétation survitaminée de "i wanna be like you" (remember Louis Armstrong dans "le livre de la jungle" ?) qui vaut son pesant de cacahuètes. A découvrir dans l'un des nombreux festivals auxquels ils participent !
Crédits photos : Jean-Philippe Robin - Antoine Monegier du Sorbier