Gros Glossaire des Styles de Rock

Attention, il faut savoir, avant de se lancer dans la lecture de ce pamphlet sanglant, que chaque dénomination est une chapelle, et que personne n'est d'accord pour déterminer le vrai sens ni l'origine du terme.

Ce glossaire est destiné à se repérer à travers ce monde d'étiquettes si cher à une certaines catégories de chroniqueurs et d'amateurs de rock. Vous pouvez compléter cette liste, vous insurger ou confirmer nos dire en commentaire à la fin de l'article.

Amicale pensée à Cyrod qui nous avait offert ce travail qui a toute sa place dans ce webzine plutôt que dans le fin fond du forum !

 

Cables Jack multicolores pour guitare

â–º LES CATHEDRALES

PUNK : se dit d'une musique dont les bases sont rock n' roll, mais joué plus fort que d'habitude, avec une hargne toute juvénile, une énergie bien évidente, et une tenue vestimentaire originale. Le son (sale) doit être à l'opposé de celui du hard-rock (propre), c'est très important. Il se décline à l'infini ( art-punk, cow-punk, crust-punk, dance-punk, nazi-punk, jazz-punk, etc ...). Un exemple, l'anarcho-punk : toute la philosophie du DIY (do it yourself). Il faut du squat, des chiens, de l'anarchisme, du végétarisme, et un peu de punk bien entendu. Le groupe Crass fait parti de cette catégorie.

FOLK : musique essentiellement acoustique, aux racines anglo-saxonnes populaires. Des beatniks aux rockers tristes, la musique folk a traversé les frontières et imprègne tous les folklores. Un vieil adage dit "Si t'as les cheveux longs, ton folk est bon." Il se décline à l'infini (counterfolk, l'urbanfolk, l'americana, le darkfolk, le neofolk, etc ...). Un exemple, l'anti-folk : né dans les années 80, il se situe entre le punk de ces années et le folk d'antan. Mais avec une dérision indispensable. Moldy Peaches fait parti de cette catégorie.

ROCK : mariage forcé du blues et de la country, le rock n' roll américain traversa vite l'océan pour se décupler et imprégner toutes les cultures du XXème siècle. Il perdit son roll et devint alors le rock. De nos jours, il nécessite souvent l'emploi de l'électricité, mais ses limites sont sans cesse repoussées. Il est là pour bousculer mémère, son rythme binaire hypnotise les adolescents, il râle il gueule, il est triste, il meurt, ... Avant d'être une musique, c'est une envie, celle d'être libre, même quelques secondes... Il se décline à l'infini (acid-rock, aero-rock, death-rock, krautrock, space-rock, post-rock, math-rock, etc ...). Un exemple, le glam-rock : mélange de glamour androgyne et de provocation rock, ce mouvement anglais présage le mouvement punk, vestimentairement et musicalement. T-Rex fait parti de cette catégorie.

METAL : le style musical qui se décline le plus en ce moment. Au départ, dans les années 70, Heavy-metal et Hard-rock sont des synonymes. L'arrivée de la saturation dans l'emploi de l'instrument guitare y est pour beaucoup. Il puise dans la structure du blues. La frontière entre le rock et le metal est parfois fine comme du papier à cigarette. Sans cesse évoluant, il est à la fois violent, arrogant, précieux, performant, puisant dans les mythes guerriers, morbides, jouant des clichés rock n' roll, etc. Il se décline à l'infini (black-metal, death-metal, doom-metal, speed-metal, neo-metal, etc ...). Un exemple paradoxal, le hair-metal : du metal avec plein de cheveux ! Il faut savoir que la tenue des musiciens est une façon assez convaincante pour définir sa musique dans le style metal. Pour cette catégorie dite de Hair metal, la permanente est indispensable, et le style acidulé et très éloigné du metal, formaté pour le passage radio. Bon Jovi en est un bon exemple.

POP : traditionnellement, c'est la musique populaire des années 60. Elle se démarque des autres courants par une utilisation forcenée de la mélodie primant sur la puissance. De nos jours, on désigne par pop ce qui est léger, surtout mélodique. Elle se décline à l'infini (pop-rock, électro-pop, slow-pop, british pop, etc ...). Un exemple : le pop-punk, ou MTV punk. Ce sont certains groupes qui, affiliés au mouvement punk par leurs vêtements, leur coupe de cheveux, leur façon de gratter leurs cordes ont décidé de gagner un maximum d'argent en faisant une musique qui veut plaire au maximum d'oreilles, donc à la chaîne de télé américaine MTV. Green Day fait parti de cette catégorie.

GOTH : le mouvement gothique puise son essence musicale dans le post-punk, réaction agacée contre le mouvement punk. Certains y prendront un plaisir certain, dans la noirceur, la théâtralité, le nihilisme affiché. Musicalement, il faut être sombre, mélancolique, désespéré. On puisera autant dans l'énergie punk que dans l'académisme pop, ainsi que dans toutes sortes de folklores celtique, médiéval, classique. On porte le deuil du monde avec classe ...Il se décline à l'infini (electro-goth, gothabilly, gothic-metal, etc ...). Un exemple : le goth-rock. Il est l'émergence du mouvement, et un groupe comme Bauhaus en est une figure emblématique, avec sa froideur écorchée.

HARD-CORE : au départ, il est la réponse radicale au punk anglais des années 70. Plus rapide, plus efficace, il se démarque de son voisin par un son plus violent, une voix hurlée. Il est à l'opposé de l'exubérance anglaise punk. Ses riffs sont sans vergogne, plaqués à coup de rasoir. Il se décline à l'infini, sous le concept de core (crust-core, ska-core, grind-core, happy hardcore, metalcore, jazz-core, etc ...). Un exemple, l' emo-core. Portée par le label Dischord, la vague emo est une continuité logique du mouvement hard-core du début des années 80. Une fois la colère expurgée, le panel d'émotion s'élargit. On entend souvent que Fugazi fait parti de cette catégorie.

â–º LES ENCLAVES

Bien sûr, tout n'est pas si simple. L'histoire du rock se fait de contradictions, de sous-genre importants, de batailles de termes, de nomenclatures spéciales, aussi allons-nous tenter d'en débroussailler le buisson.

L'alternatif désigne les groupes évoluant sur des labels indépendants. Musicalement, rien ne semble les regrouper, mais il y eut une scène française alternative au début des années 80 qui eut une cohérence musicale certaine. Le fait de tourner ensemble dut les influencer les uns les autres. Son équivalent anglophone est l'indie, dans lequel on met généralement tout ce qui sort légèrement de l'ordinaire radiophonique. Paradoxalement, un groupe ayant signé sur une major peut faire du rock indie ...

L'americana n'est que le retour de la musique folk américaine.

Le batcave est né du nom d'un club anglais, à l'ambiance très cabaret bis. Par association, ce courant engendrera la musique gothique. De la même façon, le death-rock (horror punk), son équivalent amerloque, est à la racine du goth. On puise dans le rockabilly, on affectionne le sang humain, les lignes de basse bien huilées, le maquillage noir, les chauve-souris, la reverb, l'écrivain Lovecraft, les toiles d'araignées, la voix d'outre-tombe, le cinéma Z, etc ...

Le Black-metal est un sous-genre du metal à l'importance immédiate. Très européen, ce mouvement se veut misanthrope, malsain et dangereux. Du moins joue-t-il souvent sur ces clichés. Musicalement, on crée le malaise par une utilisation quasi-constante de l'accord mineur. La rapidité est aussi très utilisée, notamment par l'instrument batterie qui se doit d'être foisonnante. La voix est gutturale, écorchée vive. Le blasphème est très souvent utilisé.

L'électro n'est pas un genre à part entière, il caractérise l'utilisation d'instruments synthétiques et électroniques. Néanmoins, il aura servi à créer des styles tout à fait singuliers. Les ambiances qu'il permet ont véritablement enrichi le rock des années 80. Mais de nos jours, il semble qu'il ai pris un rythme de croisière pantouflard, ce qui expliquerait le renouveau de l'électricité. On accole rapidement le terme électro à toute sorte de style musical. Electro-bossa, c'est possible.

Le garage désigne sans complexe un son, une attitude débraillés. Jouer dans un garage quelques accords, sur un ampli poussiéreux suffit à être garage. Mais garder cette énergie des premiers jours, voilà le défi ! Pour être totalement garage, il faut s'en tenir là, cultiver cette force de la jeunesse, et ne pas s'égarer. Rock n' roll ...

Le grunge a marqué la fin du siècle dernier comme étant un mouvement musical nouveau. Il est plus une attitude, celle de la génération X. La perte de repère, un nihilisme désarçonné, une rage contenue, et une musique qui pioche intelligemment dans tout ce qui fait le rock des années 70. Il faut être un minimum sale, avoir les cheveux longs, et porter une chemise à carreaux. Le style est mort dans l'oeuf, car musicalement parlant, il n'a point de caractéristiques évidentes. Mais il a permis à toute une génération de reprendre goût au riff qui tache.

L'industriel (ou indus) appartient plus à la musique savante, du moins naît-il dans une éprouvette. Mais il est vite récupéré par les parias du rock, ceux qui veulent expérimenter sans aller piocher dans les genres alors pillés, jazz, funk, soul, etc. C'est par les techniques d'enregistrement, l'utilisation de machines dénaturées, que de nouveaux territoires sonores très urbains apparaissent. Par ce biais, on cherche à illustrer l'oppression d'un monde moderne qui se rapproche du mur.

Le Lo-Fi est avant tout une technique minimaliste d'enregistrement, en opposition à la haute fidélité (hi-fi). Il donnera une nouvelle énergie au rock, une impression de spontanéité, de sauvagerie, de sincérité.

La new-wave, que ce soit le post-punk, ou la Neue deutsche Welle (nouvelle vague allemande), se distingue par l'utilisation de basses froides, de synthétiseurs, créant une atmosphère singulière. On y expérimente tout en restant sur la route du rock. Elle sera le nouveau souffle du début des années 80.

La noise utilise le désagréable comme moteur principal. Tout ce qu'un instrument peut produire comme anomalie est utilisé à des fins créatrices. Prendre le contrepied de ce que doit être la musique, voilà la mission de la musique bruitiste ! Depuis, l'oreille du public n'est plus la même ...

Le progressif échappe aux dogmes du rock, tout en créant ses propres lois. Inspiré des musiques savantes, il privilégie souvent la technique, les structures et les harmonies. L'exigence de ce style peut parfois ennuyer tant il s'allonge dans des morceaux sans fin. Néanmoins, son envie d'échapper aux improvisations lui donne une identité certaine. Il pioche dans l'avant-garde, s'essaie sans cesse aux structures complexes, et ne semble pas perdre de sa créativité.

Le psychédélique mange des champignons hallucinogènes, aime l'hypnotique, l'improvisation sans fin, les effets sonores et les exotismes. Sans limite aucune, il s'égare aussi sans complexe ...

Maintenant que tout cela est posé, il ne vous reste plus qu'à y joindre les préfixes adéquats.

â–º QUELQUES PREFIXES

acid : psychédélique, en référence à l'utilisation abusive de LSD, et au synthétiseur TB-303 pour la musique électronique.
Ambiant : comme son nom l'indique, ça plane, ça met de la profondeur dans l'arrière-plan et surtout ça ne s'énerve pas.
Brit : en référence aux sonorités britanniques.
Cold : froid comme le début des années 80, en opposition au chaud du rock des années 70.
Crossover : signifiant "mélange", il caractérise tous ces groupes de rock qui fouillent à outrance et sont hors des catégories.
Dark : sombre et tortueux.
Death : souvent associé au metal, le son est très grave, les basses profondes.
Doom : associé généralement au metal, il signifie une lourdeur, un pessimisme écrasant.
Emo : émotif, écorché, tragique.
Extrême : jusqueboutiste.
Fusion : qui échappe aux genres en piochant; mais contrairement au crossover, il a tendance à associer deux, trois styles maximum.
Gore : ornementé de cadavres sonores.
Grind : ultra-rapide, guttural, et violent.
Groove : tout ce qui fait bouger les fesses.
Math : qui se joue des structures, s'amuse à les complexifier sans faire dans la démonstration (dans le meilleur des cas).
Mods : évoque les années 60 anglaises. Les mods sont avant tout des voyous anglais, mais leurs goûts musicaux feront le style mods ...
Neo (ou nu) : on prend les mêmes et on recommence, avec un son plus moderne, et quelques transgressions.
Old school : à l'ancienne.
Post : on tue le père, et on bâtit la nouvelle cathédrale sur ses cendres.
Power : une énergie sensible dans un style qui n'en a pas l'habitude.
Psycho : fait référence au psychobilly, mélange de rockabilly et de punk. Evoque donc le côté "toîle d'araignée" musical, la touche Z.
Screamo : dérivé de l'emo, on y trouve des voix hurlées accompagnées de guitares mélodieuses. La plainte en est le moteur.
Shoegaze : tout musicien qui regarde ses pédales d'effet pendant qu'on l'écoute ...
Slow : ralentissons le rythme, et voyons ce que ça donne.
Speed : on accélère ...
Sludge : proche du hard-core, il est menaçant et puissant.
Surf : des choeurs, de la réverbération, et de l'énergie positive.
Thrash : une voix rageuse, de la dextérité métallique, du gros riff.

Merci à Cyrod qui nous avait offert ce travail dans le forum.



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