Méconnu dans nos contrées, Junes pourrait voir la donne changer avec son 3e album Don't leave me in autumn, un beau disque de pop qui penche vers la new-wave avec ses ambiances électro délicatement vaporeuses. On s'étonne de tomber si facilement sous le charme d'"Autumn", premier titre court et fort simple mais qui n'a pas besoin de forcer son talent pour nous surprendre agréablement, ce grâce à un bon travail sur les arrangements, très réussis, et quelques nappes de cordes de bon aloi qui renforcent l'impact émotionnel au meilleur moment. Pas d'esbrouffe, juste de bonnes chansons joliment ciselées. Junes ne cherche pas à inventer l'eau chaude, ni à prétendre le contraire. Plutôt que d'expérimenter, le combo met sa science des arrangements au service de ses chansons. Le piano vient réchauffer l'atmosphère avant qu'un tambourin ne lance une rythmique toute en retenue, avant que le single "Crawling over me" et ses faux airs de Depeche Mode n'amène un peu plus de rythme, tout en conservant la douceur inhérente à la musique proposée.
La pop est un art moins évident qu'on ne pourrait le supposer. Pas si évident que ça d'éviter la redondance ou les clichés inhérents au genre pour finalement proposer de la soupe. A ce petit jeu, Junes s'en sort très bien et parvient à développer son petit monde, encore une fois sans chercher à renouveler quoi que ce soit, ce qui n'enlève rien au capital séduction de cet album. Il est en effet difficile de ne pas se laisser emporter par des réussites comme "Take away my pain" et surtout "Walking on ropes", deux titres plus entraînants, notamment le second nommé avec ses choeurs hantés et ses quelques délires légèrement psychés. Le sans-fautes sera pour une autre fois, quelques titres un peu trop conventionnels peinant parfois à éviter le piège de la facilité. Pourtant, le groupe retrouve toute notre attention dès qu'il fait preuve de plus d'imagination dans les sons employés ("Fall") ou qu'il s'engage plus intensément dans sa musique, en accélérant le tempo, ou en le ralentissant plus franchement ("it doesn't matter", ses choeurs féminins et son orgue bien trouvés).
Aucune franche sortie de route n'est à signaler, juste quelques titres et passages qui risquent de laisser l'auditeur de marbre. Pourtant, il serait malhonnête de ne pas reconnaître à la formation un univers agréable et plutôt chatoyant, auquel il ne manque qu'un peu plus de culot. On sent que les musiciens ont du talent, ainsi qu' un univers facilement identifiable, au charme immédiat, auquel les amateurs de pop finement ciselée et d'ambiances légèrement mélancoliques seront sans doute sensibles. Il reste toutefois une marge de progression pour que Junes révèle son plein potentiel, sans que cela soit rédhibitoire et gâche notre plaisir à nous laisser emporter par ces ambiances feutrées, par l'attrait presque coupable que la pop douce du groupe exerce à nos oreilles.
