Salut à tous chers lecteurs et lectrices ! N’ayons pas peur des mots, pour le monde du Blues le 6 mai 2016 va avoir des airs de véritable Noël. Pourquoi cela ? Car ce jour marquera la sortie de Pierced Arrow, le deuxième album du super-groupe The Rides. Dire que The Rides « c’est pas des perdreaux » serait un doux euphémisme ! En effet, le trio Blues créé en 2013 a de quoi faire tourner la tête rien qu’en citant les membres qui le compose. Stephen Stills d’une part, guitariste avec notamment Buffalo Springfield ou encore membre de Crosby, Stills, Nash & Young (qui avaient envoyé du lourd sur la scène de Woodstock en 1969, rien que ça !), Barry Goldberg (claviériste autant avec Bob Dylan que Rob Stewart ou Joe Cocker !) d’autre part et Kenny Wayne Shepherd (guitariste virtuose à la carrière prolifique) pour compléter le tableau, voilà de quel bois est fait The Rides.
Pour en ajouter une couche, et pour donner tort à ceux d’entre vous que j’entends d’ici clamer « Oui mais attention, souvent les superstars qui se regroupent comme ça ne font qu’utiliser leurs noms pour faire vendre, même si ce qu’ils font est loin d’être bien ! », rappelez-vous que Can’t Get Enough, le premier album du trio sorti en 2013, s’était placé tout tranquillement après sa sortie dans le Top 40 du Billboard 200, et qu’il avait notamment été nominé au Blues Music Award dans la catégorie « Meilleur Album de Blues Rock » l’année suivante. Bref pas de doute, The Rides est bien une perle du Blues moderne, et Pierced Arrow possède tout ce qu’il faut en lui pour raviver les flammes d’un Blues énergique façon 70’s qui conquerra le public bien au-delà des amateurs du genre.
Crédit photo: Eleanor Stills
Gorgé de Blues (évidemment, me direz-vous !) mais aussi de Rock et de Soul, les trois musiciens de The Rides offrent avec Pierced Arrow une formidable épopée dans le cœur des racines du style. Composé de 10 titres, l’album s’ouvre sur un « Kick Out Of It » tout en efficacité, sans compromis. Entre les riffs de guitares et les solos, les timbres de voix et les harmonies ou même la section rythmique, difficile de dire ce qui est le plus maîtrisé. La vérité étant que la maîtrise de leur style et de leurs instruments, ces cadors la possède déjà ! Ce qui me mène à parler de la composition de cette dizaine de morceaux qui forme Pierced Arrow. Malgré un professionnalisme sans faille, c’est peut-être dans l’originalité que ce départ d’album déçoit quelque peu. Des structures assez classiques pour des morceaux ne dépassant pas 4 minutes, une utilisation certes impeccable mais sans risque des standards du genre, voilà un parti pris qui pour le coup aura du mal à satisfaire les auditeurs exigeants en quête du petit quelque chose « en plus » nécessaire au coup de cœur absolu.
Si les deux premiers morceaux font preuve d’une teinte musicale assez primaire et « rentre dedans », le titre « Virtual World » vient détendre l’atmosphère en proposant une ballade à la limite du Folk d’une très grande beauté. On appréciera particulièrement la douceur des mélodies, tant dans les cordes que dans le duo de voix de Stills et Shepherd qui m’aura réellement procuré des frissons d’intense quiétude. Relevée par des nappes au clavier et un grain de percussions particulièrement sablé, « Virtual World » est une ballade sereine alliant avec beauté mélancolie et lueurs, notamment dans ses paroles très touchantes. « By My Side » quant à elle contiendra l’auditeur dans cet esprit, repassant cela dit la frontière du Blues traditionnel. Par son tempo lent et ses cœurs fleuretant avec les influences de la Soul, le morceau arrive aisément à convaincre. Nul besoin de commenter les solos instrumentaux des musiciens ici non plus, une écoute permettra à chacun de juger de la qualité de ces derniers, objectivement irréprochables.
Le cinquième morceau, « Mr Policeman » viendra ensuite replacer la suite de l’album dans les rails du « 100% Blues ». Peu de surprises, c’est en définitive ce qui à mon sens ressortira en premier de l’écoute de Pierced Arrow. Sans faire de ce constat un reproche, puisque les trois musiciens de The Rides n’ont jamais brandi la prétention de révolutionner le Blues mais plutôt d’y rendre hommage, cela aura eu pour effet de me laisser un peu sur ma faim. S’il n’y a rien à reprocher à Pierced Arrow dans la forme, on pourra tout de même nuancer son fond, qui donne l’impression d’écouter trois musiciens satisfaits d’être sereinement installés dans leur zone de confort.
Au-delà de tout ça, Pierced Arrow demeure une production d’excellente qualité qui se fera aisément une place parmi les grands albums du genre, et ce malgré un rendu aux forts relants de déjà-vu.