Dans le paysage musical français, les Limiñanas sont en train de se tailler la part du lion. Impossible de ne pas les croiser au détour d’une émission télé, dans les colonnes d’un magazine à grand tirage. Et pourquoi tout ça ? Cette médiatisation à outrance est le résultat du travail irréprochable de Lionel et Marie Limiñana dans leur garage de Cabestany, charmante bourgade des Pyrénées-Orientales. Le duo vient tout récemment de délivrer son petit dernier Malamore qui est une véritable tuerie.
Si l’on se penche sur la discographie du groupe, on notera que chaque album a son univers particulier. Des premiers opus remplis de singles devenus désormais des piliers dans les "setlists" des Limiñanas aux albums plus intimes comme Costa Blanca, le duo réussi sans aucun effort à nous embarquer dans son trip.
Et le trip proposé dans ce Malamore, c’est celui des films à sketches italiens des sixties que Lionel affectionne particulièrement. Cet album doit s’écouter en entier pour être apprécié pleinement mais cela n’empêche pas les singles d’émerger. On suivra les aventures de personnages récurrents comme un dénommé "Kostas" qu’on retrouvera à la fois dans le titre éponyme puis dans "Zippo", où le son des Limiñanas se fait proche de certaines productions de Ty Segall.
On peut aussi citer en exemple la collaboration avec Peter Hook, le bassiste de Joy Division et New Order. En effet, non contents d’obtenir enfin la reconnaissance qu’ils méritent dans leur pays d’origine, les Limiñanas ont aussi l’approbation du monde artistique. Des gars comme Franz Ferdinand, Anton Newcombe les citent à tour de bras et cette fois-ci, c’est donc le membre d'un groupe légendaire Peter Hook qui s’est laissé séduire et qui pose sa ligne de basse caractéristique sur "Garden Of Love".
Niveau invités, on retrouvera l’activiste catalan Pascal Comelade sur "The Train Creep A-Loopin". Ce dernier viendra dispenser quelques claviers lysergiques pour répondre à la fuzz de Lionel. Un manifeste à tendance psychédélique d'où la wah-wah sortira grandie.
Quelques anciens complices de Lionel dans ses précédents groupes garage punk sont aussi de la partie. Frank Mengin à la batterie, Nicolas Delseny et Guillaume Picard anciens des Gardiens du Canigou et des Beach Bitches viennent prêter mains fortes sur quelques titres.
L’album est riche et l’alternance au chant entre Lionel himself, Nika Leeflang, la chanteuse hollandaise faisant partie du line-up de tournée des Limiñanas, et les invités rend ce Malamore très varié. Aussi à l’aise dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare, le groupe nous livre des visions pleines d’images très parlantes. La qualité d’écriture est exceptionnelle par sa justesse. Payez-vous "Prisunic" ou "El Beach", c’est aussi puissant que du Gainsbourg de la grande époque.
Le côté bande son de film est aussi quelque chose qui tient à cœur aux Limiñanas. "El Sordo" sur l’album ou encore "Maria’s Theme" sur la face B du 45t de Garden Of Love" raviraient certainement le grand Ennio Moriconne et pourrait donner des envies à Tarantino pour un de ses futurs westerns.
On pourrait multiplier les superlatifs pour vous dire tant cet album est réussi et tant ce groupe force le respect. Irréprochable sur les versions studios, hyper dynamiques en live, les catalans tiennent enfin la reconnaissance on ne peut plus méritée du grand public certainement grâce au travail de leur label français Because qui leur a donné une vraie lisibilité. Donc, une seule chose à faire, courir chez votre disquaire vous procurer Malamore et vous verrez, il tournera en boucle sur votre platine tellement il est addictif…
Pour vous faire une opinion du "live", voici leur prestation au Printemps de Bourges 2016...