Vous connaissiez le tas de ferraille qui allait sauver les enfants des méchants, voilà que mis au pluriel, ce glorieux patronyme qui aura su provoquer quelques discussions passionnées dans les cours de récréation renverra désormais au groupe dijonnais de Garage Rock teinté d'un poil de punk qui nous propose son premier album, Psycho heroes. Premier album sous ce nom en tous cas, les quatre musiciens ont déjà un certain bagage à leur actif puisqu'ils officiaient auparavant dans le thrash. Vous connaissez Breakpoint ? Deux albums et plus d'une centaine de concerts, on ne peut pas dire qu'on ait affaire à des débutants. Lassés du métal brut, nos amis ont décidé de laisser libre cours à leur amour pour le rock, le vrai, celui qui sent la bière sous les bras et qui ne s'encombre pas de prises de tête quelconques. On prend les mêmes, on remplace la veste à patch Slayer par un slip kangourou des Hellacopters et c'est reparti !
L'avantage, c'est que puisqu'ils jouent ensemble depuis une paye, ils ont accumulé un paquet d'expérience et SURTOUT ont développé un savoir-faire certain en matière d'écriture. Les riffs ultra-efficaces, les guitares lead dans tous les sens, les choeurs bien placés, la capacité à ralentir le rythme pour pouvoir de nouveau écraser l'accélérateur à tout moment sans pour autant tomber dans la surenchère débile, la reconversion s'est visiblement parfaitement déroulée, à tel point qu'on se demande pourquoi ils n'y ont pas pensé plus tôt ! Faut dire que ce nouveau costume leur va à ravir. Histoire de varier un peu les plaisirs, le punkisant « Hippie End » n'hésite pas à introduire un coup d'harmonica et de clavier vintage, mais franchement ce serait dommage de se priver. Pour autant, les allergiques au rock gras un poil cliché ne seront pas à la fête, mais pour les autres c'est du tout bon.
Un mot sur la production, on se doute qu'avec le budget d'AC/DC, ils auraient pu faire mieux, mais en l'état c'est déjà du très bon boulot. Le son est puissant, crade juste ce qu'il faut pour coller à l'ambiance, sans jamais devenir brouillon, et avec une basse bien présente (d'autant plus cool que le basseux sait se servir de ses 4 cordes et ne s'en prive pas). C'est donc avec plaisir qu'on s'enquille les missiles que sont « A shape of the punk to come », « Splashback » et autres « electric chair », bardés de solos endiablés, de choeurs et de délires en tous genres. Et histoire de ne pas lasser l'auditoire, rien de tel que de placer quelques mid-tempos ici et là ! Si on ne peut pas dire que « she drinks gazoline » apporte de l'eau au moulin, ce n'est pas le cas de l'excellent « Bats and Cuckoos » qui tranche plus franchement avec le reste de l'album, pour notre plus grand bonheur. D'autant que si le refrain n'a rien de compliqué, il s'avère extrêmement entêtant avec son petit thème de guitare lead qui rentre dans nos crânes pour ne plus en sortir. Ben oui, balancer des titres pied au plancher c'est bien, mais savoir varier les plaisirs c'est mieux !
A la décharge des Supercopters, votre serviteur n'est pas un grand fan de rock garage. Les amateurs, eux, devraient carrément prendre leur pied à l'écoute de cet album qui, dans le genre, est une franche réussite. Et puis, outre leur capacité à pondre des brulôts de rock'n roll sauvage, et comme déjà précisé, il est difficile de résister aux variations comme ce très bon « 6 is 6 » en fin d'album avec ses choeurs de gonzesses et un refrain tout aussi surprenant qu'accrocheur. Mais comme on ne se refait pas, c'est bien sur le tempo sans pitié de « Ronnie, go » et un break/solo une nouvelle fois jouissif que s'achève l'album. A l'aise comme des poissons dans l'eau dans leurs nouvelles baskets, on se demande ce qui décidément avait pu leur passer par la tête pour faire du Thrash quand ils s'éclatent comme pas permis à jouer du rock. Amateurs de Motorhead, de Nashville Pussy et autres Backyard Babies, ne passez pas votre chemin, c'est taillé pour vous !
8/10 pour les amateurs, et plutôt 7/10 pour les autres.
