Les Fatals Picards sont vraiment les rois.
Après un crowdfounding réussi, ils peuvent se donner le luxe de sortir un double-DVD live, assorti d'un CD, live lui aussi car, le hasard faisant bien les choses, enregistré le même jour à Lyon (et un petit peu le lendemain), intitulé 14.11.14.
Les heureux mécènes ont déjà pu profiter de l'objet deuis un an déjà, et en ce mois de mai 2016, les quatres lascars nous proposent une sortie officielle, une tournée générale, que La Grosse Radio va s'empresser de partager.
Donc 14.11.14 est un live, enregistré le 14.11.14. C'est pratique ces noms d'album, ça date tout de suite, on se repère. Les Têtes Raides avaient déjà utilisé ce subterfuge pour leur album, live lui aussi, mais enregistré un autre jour, d'où le nom différent : 28.05.04. Bon, OK, fin de l'intermède, je vois déjà les esprits chafouins se rebiffer, revenons à nos moutons, et jetons un oeil sur le teaser du DVD :
Un concert des Fatals Picards ne ressemble à rien d'autre. C'est le genre d'instant où, comme par magie, les sourires se mélangent à la sueur, l'énergie vous porte, telle un tee-shirt sur un tancarville en plein vent. Une distribution de tranches de bonheur, où chacun vient prendre sa dose. Et même en écoutant le CD, on retrouve cet esprit frondeur, plein de dérision, et on ne peut pas s'empêcher d'arborer une franche banane, même en voiture sur le périph', c'est dire.
Il faut dire que on ne peut pas rester insensible aux morceaux du groupe. Paul, Laurent, Yves et Jean-Marc maîtrisent tous les rythmes du rock. Et toutes les émotions aussi, même si ils n'arrivent pas à faire dans le dramatique. Les gais lurons émaillent leurs prestation de bons mots, petites blagues ou grosses conneries, tout est bon (dans le cochon) pour amuser le public. Et s'il le faut, ils n'hésitent pas à écorcher leurs confrères. Ils l'ont montré tout au long de leur carrière, les Fatals Picards ne sont pas franchement amateurs de l'esprit arriviste du show-biz, ils ont dû égratigner à peu près tout le monde tout au long de leur carrière. Seul Bernard Lavilliers échappe à la règle, avec un vibrant hommage, soigneusement exécuté lors de ce concert (sans doute par crainte de voir le stéphanois débarquer, Lyon-St Etienne c'est la porte à côté).
Mettre le CD sur la platine, c'est vivre le concert comme si on y était (et là, je mets 8/10 en phrase bateau). C'est chanter à tue-tête "elle n'est pas belle, la vie, pour le dernier des hippies", c'est twister en mode énervé sur "Atomic Twist", c'est verser une petite larme nostalgique à la mémoire de "mon père qui était tellement de gauche", c'est trembler en grattant un ticket de la Française des Jeux, c'est surtout rire de tout, même du pire, des beaufs, de la misère sociale, des racistes, parce que le rire, c'est quand même une des meilleures armes anti-cons. C'est aussi se prendre une bonne dose de rock'n'roll, roots ou punk, avec une production aux petits oignons, pleine d'énergie et de grosse guitare, ou de finesse et de délicatesse.
Allez, un p'tit extrait :
Depuis donc 7 albums, les Fatals Picards ont développé ce style décalé, sorte de Wriggles punkisant, aux choeurs bien léchés, et aux textes parodiques, avec pour seules limites... euh, non, pas de limite, parce que pour chanter le quotidien sans déprimer, il faut une grosse dose de dérision. Et de volonté aussi : c'est le crowdfounding qui a permit de lancer cet album/DVD, et le 8ème album sera sans doute financé de la même manière. Pour un groupe qui a 15 ans d'existence et plusieurs milliers de concerts à son actif, c'est la preuve de la générosité et de la sincérité des 4 Fatals Picards.
En parlant de générosité, l'album en a à revendre. Il faut l'écouter de toute urgence, et le DVD qui l'accompagne (à ne pas regarder en voiture, hein !) est une preuve par l'image que les Fatals Picards, bien loin de leur gigantesque farce eurovisionesque, devraient être remboursés par la sécurité sociale.
Pour continuer l'aventure des Fatals Picards :
Participer au crowdfunding pour le 8ème album des Fatals Picards sur ULULE
Site officiel (avec les dates de concert)
Crédit photo : Elise Schipman, tous droits réservés. (Olympia, Novembre 2014)
