Le troisième et précédent album du groupe Epsylon était la Manufacture du temps, le temps ayant fait son oeuvre c'est maintenant le cœur qui se met à l'ouvrage. Un cœur pour une machine à écrire à l'ancienne sur la pochette, quand le précédent mettait en avant une horloge et les rouages d'une mécanique interne d'un corps humain. Il est donc encore une fois question de fabrication, d'avancée, de création... Mais aussi de constat et de lutte.
Des Epsylon bien studieux
J'avais chroniqué le précédent opus et si je l'avais touvé bon, j'avais aussi trouvé qu'il nous mangait à trop de sauces : celtiques, orientales, ... Le mélange était intéressant mais parfois renversant, troublant. Aujourd'hui Epsylon a pris un cap légèrement différent. On trouve encore des tendances celtiques, pour un groupe breton ça n'est pas trop étonnant, mais l'ensemble est plus recentré sur le Rock français, ça gratte plus, avec des morceaux plus pêchus en alternance avec d'autres flirtant avec la Pop.
L'ensemble des titres à l'avantage de nous faire voyager, pleins de destinations avec "D'un monde à l'autre" : Pacifique, cités antiques, Asie, Sibérie, Islande, île de Paques, Inde, Tibet, Cuba, Amsterdam... Avec nos rêveries dans notre sac à dos de vagabond. Mais nous livre aussi son constat féroce sur le quotidien et les événements troubles en France avec "Ecorchés", un rock très contemporain en plein pendant Nuits Debout. Larme à l'oeil devant les infos qui font froid dans le dos, de l'effroi de l'info, valse des soldats le long des grands boulevards, la nuit qui s'agite, la toile qui partage, des amalgames des analystes (de BFM TV ?) qui rallument la flamme (du FN ?) qui nous divise. Jeunesse prise en otage de la tristesse. La nuit noire de novembre, pour les attentats à Paris du vendredi 13 novembre 2015. Le titre le plus intelligent que j'ai eu à attendre sur les attentats. Un nuit d'effroi. Simplement, dont on ressort écorché, déchiré... Point de colère, juste de la tristesse.
Le femme et le rapport des hommes à elles sont aussi présents, autant que les femmes le sont dans nos vies. Avec "Amazones", power pop pêchu où les amazones nous flattent avec leur charme facile. Comment les hommes tombent devant les femmes à la poésie sensuelle. Et sur "Ouvrage du coeur", plus pop, avec un solo d'accordéon, et une intro guitare/voix. Une spirale, un emballement pour la femme qui arrive, avec ses peurs et anxiétés.
Le destin de l'homme est aussi dans l'ouvrage, "Entre nos mains", pour amorcer une métamorphose pour de meilleurs lendemain, l'optimisme face à nos négligences. Remède pour équilibrer le destin. Leitmotiv : Tout ira bien. Méthode Coué...pour garder l'espoir. Mais dans "La même histoire" au début en montée en puissance pour courir après du vent, un air sempiternel plutôt que de sortir des chemins balisés par la vie où tous courent après un bonheur identique, avec les mêmes ambitions. Avant les rancoeurs, les peurs, le cynisme... A perpétuité...
Epsylon sait faire du costaud aussi avec "Mes nuits", rock rapide, où l'on se perd dans nos pensées insomniaques et la cruauté des nuits blanches. Avec "Requiem" aussi, fortement celtique avec des ponts quasi Metal, des feu follets, chemins de croix, ronds de cuir, hurler avec les loups, damnés de la terre, révoltes des sans-grades, goulag, rideaux de fer, vieil occident, valse sous les pavés... Bien actuels que tout ces champs lexicaux car Epsylon sait regarder notre histoire pour parler du présent.
Un autre thème qui suit logiquement le présent : le futur, le lendemain... "Feu et fièvre", rock celtique heavy, si demain n'était que feu et fièvre. Mais quand le futur est fait d'imposture, hypocrisie, paresse, ennui, néant. Ennui que l'on retrouve dans L'"Automne" avec ses feuilles qui tombent, son soleil fatigué. Titre à la douce mélancolie. Epsylon ne pouvait pas tabler sur notre bonheur actuel pour écrire des textes joyeux tant notre situation est placée au bord du précipice.
La voix de Nicolas Michon à la force juvénile sert des propos rebelles sur une musique souvent puissante, entre revendication sociale et ballades amoureuses sur un fond d'automne 2015 difficile. Epsylon peut nous tenir à la gorge par ses textes convaincants et marquants. Quelques fragilités masquées dans un ensemble cohérent, un peu trop propre peut-être. Le groupe s'est recentré et nous convainc encore un peu plus. Un groupe qui refuse la peur et aime la découverte (voir ses séries de concerts partout dans le monde : Koweit, Chine...), on ne peut qu'adhérer.
Les dates de la tournée :
27 mai Mulhouse (68)
28 mai Maumusson (44)
04 juin Antigny (85)
18 juin Taule (29)
21 juin Calavaire-Sur-Mer (83)
24 juin Almaty (KZ)
25 juin Almaty (KZ)
02 juillet Teuillac (33)
03 juillet Saint Etienne (42)
08 juillet Saint Prouant (85)
09 juillet Mouzillon (44)
23 juillet Aix-En-Issart (62)
29 juillet Saint Hilaire de Riez (85)
07 août Millières (50)
14 août Trégastel (22)
18 août Barbatre (85)
25 août Plobannalec-Lesconil (29)
04 septembre La Capelle (02)
09 septembre Landeveille (85)
10 septembre Saint Catherine (37)
11 septembre Gizay (86)
D'autres dates à venir...
