Quelques jours à peine après avoir annoncé la défection de leur manager par le biais d'une formule épicée ("Never trust a white man with dreadlocks. Fat White Family are looking for new management"), le groupe post-apocalyptique anglais vient de publier le clip de "Tinfoil Deathstar", extrait de Songs For Our Mothers. Après celle de "Whitest Boy On The Beach", révélée en janvier afin de teaser l'album, alors sur le point de déferler dans les bacs, cette vidéo creuse un peu plus profondément le sillon esthétique sulfureux de leur carrière malfaisante. Et c'est donc une nouvelle ambiance dérangeante qui s'installe à l'écran, à base d'images de propagande, de lumières violacées, d'enfants innocents et de peau calcinée.
Le rythme disco délétère du morceau soutient un texte croisant deux thématiques : d'une part est traitée la tendance de la jeunesse londonienne à fumer de l'héroïne et, plus globalement, à l'évolution de la consommation des drogues, de plus en plus dures au fil des années ; "Nous ne le jugeons pas, nous en parlons juste", précise Saul Adamczewski, guitariste et principal composituer du groupe ; les Fat White n'en ont d'ailleurs jamais caché leur propre consommation. D'autre part, c'est le sort de David Clapson, vétéran, qui est évoqué, par la mise en scène de son fantome "demandant à être invité à la fête" ; le groupe dénonce "un meurtre" après que l'homme ait été retrouvé mort dans son appartement, l'estomac vide alors qu'il souffrait de diabète. Ses allocations avaient été levées à cause d'un rendez-vous manqué.
Le titre entre donc dans la lignée initiée par "Who Shot Lee Oswald", présent sur leur premier album Champagne Holocaust, interrogeant la mort obscure du suspect de l'assassinat de Kennedy avant toute forme de jugement. Car sous la grandiloquence et la forte connotation ironique de leur oeuvre, Fat White Family reste un groupe profondément engagé.
Photo extraite du clip de The Whitest Boy On The Beach – Scarlett Carlos Clarke, Rob Hawkins, Tim Noble
