Il est difficile d’établir soirée plus parfaite que ce soir-là. Le soir où les Dancers In Red nous donnaient rendez-vous à l’Alimentation Générale à Paris, endroit qui je suis sûr aurait réuni beaucoup plus de gens pourvu que la communication et le bouche-à-oreille eût été faits à fond. Le trio toulousain, rappelons-le sortaient ce jour-là leur nouvel EP, Move And Sting, en format digital. Release party oblige !
Je ne connaissais pas cet endroit. L’Alimentation Générale. Comme ils le disent si joliment sur leur site internet "l’Alimentation Générale alimente de manière générale nos entrailles et nos âmes". Signe d’un éclectisme évident pour un bar/salle de concert réputé dans le coin.
JJ Pantin
La première partie, c’est JJ Pantin qui l’assure ! Un groupe de rockabilly montreuillois qui vient rarement de "l’autre côté du périph’", comme ils le disent. Le groupe est constitué d’un batteur, un guitariste, une chanteuse et un contrebassiste. L’éclairage est tamisé, une trentaine de personnes est présente pour le moment.
Le rockabilly, cela faisait longtemps que je n’y avais pas prêté une oreille attentive. Il aura fallu voir JJ Pantin en live pour renouer avec ce style. Et mon dieu que c’est bon ! L’ambiance est électrique et les morceaux sont parfaitement maîtrisés.
La setlist étant plutôt considérable pour une première partie (quinze titres), on a également droit à deux reprises : "Tutti Frutti" de Little Richard, et "Fujyiama Mama" d’Annisteen Allen.
Le contrebassiste gigote dans tous les sens, il frappe ses cordes comme un malade. Le guitariste nous enchaîne solo sur solo et le batteur tient la route. Une sacrée découverte ces JJ Pantin ! Ça bouge, ça swingue, et le monde arrive petit à petit.
Dancers In Red
Place au rock pur à présent. Les Dancers In Red, habillés de rouge, de noir et de chair, montent sur scène. On a fait la chronique récemment de leur nouvel EP Move And Sting (voir lien sous l'article). Un EP 3 titres qui nous avait vachement emballés ! N'hésitez pas trop longtemps à vous le procurer.
Le concert débute avec un "Velours" puissant, qui met la patate. Du monde est arrivé depuis, le public se fait plus dense et très très réceptif. Les gens sautent, secouent la tête, la guitare déballe, la basse, la batterie aussi. Autant le dire tout de suite : le groupe se montrera très très bon tout au long de ce show ; la cohésion, la qualité seront là jusqu’au bout du bout du bout.
L’enchaînement sur "Blue" est direct et c’est là que je me rends compte que l’ambiance générale passe réellement au stade supérieur. La Gibson rouge de Mathieu (chant, guitare) est resplendissante, et c’est cette couleur qui sera le symbole de cette soirée, tant les instruments saigneront.
Le groupe enchaîne directement sur "Great Fires" (de l’EP I’d Rather Be Red, comme "Blue" d’ailleurs). Je m’en rendrai compte à plusieurs reprises : les chansons sonnent exactement comme sur les enregistrements. Le même panache, la même énergie, tout est là. Que le rock est beau !
Après le plus doux "Shiny Wheater" s’ensuit "Shy Boy", un des trois titres de Move And Sting, que j’attendais avec impatience puisque c’est celui qui m’avait le plus marqué. Le groupe l’interprète avec une sacrée pêche. Mathieu se rue dans le public pour faire son solo de guitare, entraînant tout le monde dans le tourbillon.
C'est ensuite au tour de Guillaume (batterie) de faire un solo. Il était bien mérité étant donné qu’il lui aura fallu parcourir quelques stations de métro pour aller chercher des pieds de cymbales non fournis sur place.
Après "Shine", le groupe nous lance un "Desperate Man" qui, avec son style un peu western, rejoint la même configuration que "Shiny Weather", un couplet calme pour un refrain très rock. Et c’est là que je me dis que Mathieu a vraiment une voix incroyable. Marion à la basse est plein de grâce et le solo de guitare qui l’accompagne nous plonge en plein au cœur du rock.
"Strobe Moonlight" est annoncé. Le single de Move And Sting s’était révélé très intéressant, notamment grâce aux saxos à la fin du morceau. Mathieu m’avait prévenu avant le concert, les saxophonistes ne seront pas présentes ce soir. Bahhh…à vrai dire on n’y pense même plus. C’est toujours avec autant de talent, d’énergie et d’efficacité que le groupe jouera ce morceau génial.
Place au morceau country/folk électrique qu’est "Toxic Smile", un titre carré toujours joué dans la cohésion la plus parfaite, puis le groupe annonce un tout nouveau titre : "November".
La dernière chanson du set, "Spit On the W. Bush" (qui avec un tel titre se doit de tout déglinguer) fait à nouveau saigner la Gibson, et le public mettre des coups de tête à l'air ambiant.
Le rappel mettra Led Zeppelin à l'honneur avec "Rock And Roll". On avait d’ailleurs défini la voix de Mathieu comme parfois Robert Plant-esque. Ce n'est pas par hasard.
La release party de Move And Sting se sera faite dans l'intimité, avec un public connaisseur. Le groupe est indéniablement bon, le son est frais, et le plaisir que les musiciens prennent à jouer se ressent très clairement. Je le dis à nouveau car j'en suis sûr, les Dancers In Red sont en train de monter les marches avec le temps, pour un jour arriver au sommet.
Ils joueront cet été au festival Les Déferlantes (du 7 au 10 juillet) où Les Insus, Naive New Beaters, Bloc Party et autres Nada Surf se partageront l'affiche. Une bonne occasion donc, de les voir jouer devant cette fois-ci un public plus grand et une scène à leur image.
Setlist
Velours
Blue
Great Fires
Shiny Wheater
Shy Boy
Shine
Desperate Man
Strobe Moonlight
Toxic Smile
November
Spit On The W. Bush
------
Rock'n Roll (Led Zeppelin)
Crédit Photo : Stéphane Guilley