"Toujours bien décidée à ne surtout pas caresser l’auditeur dans le sens du poil, mais plutôt à le faire réagir, privilégiant toujours son message à toute tentative d’adoucir son propos pour le rendre plus accessible, la chanteuse prouve une bonne fois pour toutes qu’elle sait ce qu’elle fait et qu’on ne pourra pas la réduire à un phénomène de foire"
On avait laissé La Pietà à la sortie de son premier EP, et un mois plus tard, voici donc le second (sortie le 3 juin). Chapitre II se veut dans la lignée des titres que l’on connaissait déjà avec toujours une voix parfois à peine chantée, une instrumentation sobre qui mélange instruments conventionnels avec une touche d’électro, des attaques en règle contre le conformisme et l’hypocrisie ambiante, et une ambiance toujours sombre, mais moins étouffante que sur Chapitre I.
Ce qui est une bonne nouvelle, car sans renier son propos le moins du monde, La Pietà montre qu’elle est capable de suffisamment varier les plaisirs pour ne pas lasser l’auditeur. On a beau accepter le principe du projet, accepter d’écouter des titres volontairement dérangeants pour le plaisir d’entendre des textes sans concessions soutenus par des mélodies à l’avenant, trop de noir tue le noir. Cela, La Pietà en est visiblement bien consciente et, avec les 6 titres désormais dévoilés, prouve qu’elle a plus d’une corde à son arc.
Ces 3 nouveaux titres construisent et développent ce que l’on avait déjà découvert. « Qui verra vivra » est presque pop, une bouffée d’air frais aussi surprenante que bienvenue, avec un texte également moins fataliste. Bien évidemment, l’accalmie n’est que de courte durée, et « Il faut » est une nouvelle fois une giclée acide désabusée contre les codes que l’on accepte d’appliquer, parfois malgré nous, et que l’on contribue ce faisant à diffuser et reproduire. Quant à « Tutto va bene », son titre parle de lui-même. Si l’on peut regretter que les titres soient toujours ou presque construits sur des boucles qui se répètent, le final des deux derniers titres cités, pas si éloigné du post-rock, et qui auraient pu durer un peu plus sans que l’on trouve à y redire, laissent envisager des pistes pour le futur.
Chapitre II poursuit sur la lancée de son prédécesseur et, s’il ne provoque pas le même effet de surprise que la douche glacée bienvenue de Chapitre I (forcément, l’effet de surprise n’est plus), démontre que La Pietà a plus d’une corde à son arc. Toujours bien décidée à ne surtout pas caresser l’auditeur dans le sens du poil, mais plutôt à le faire réagir, privilégiant toujours son message à toute tentative d’adoucir son propos pour le rendre plus accessible, la chanteuse prouve une bonne fois pour toutes qu’elle sait ce qu’elle fait et qu’on ne pourra pas la réduire à un phénomène de foire. Cracher son venin, oui, mais avec savoir-faire s'il vous plaît.
La Pietà au micro de La Grosse Radio :