" Lonely The Brave est finalement un groupe assez symptomatique de notre époque, où la facilité clinquante est souvent portée aux nues et l'emporte sur l'exigence"
On avait laissé Lonely the Brave avec un premier album encensé par la presse anglaise, toujours prompte à s'enticher d'un groupe qui ne le mérite pas plus que ça. Ce qui était bien le cas, puisque le premier album du quintet, sans être mauvais, demeurait tristement monolithique et terne. Des musiciens capables (mais peu inventifs), un chanteur disposant d'une belle voix (mais au spectre limité), des compos qui tiennent la route (mais qui se répètent), pour un résultat tout juste sympathique (mais sans intérêt particulier). Cela étant, il paraissait évident, vu la direction "stadium rock" de leur musique, que les 5 jeunes musiciens étaient taillés pour le live (où leur musique fonctionne sans doute mieux) et qu'à force de tourner, ils auraient l'opportunité de mûrir et de s'améliorer. On ne condamne pas un groupe après un premier album un peu fade après tout.
Le problème, c'est que Things Will Matter, s'il fait preuve de bonne volonté, ne fait qu'enfoncer le clou en démontrant par A + B que Lonely the Brave n'a décidément pas grand chose de spécial à offrir et se situe à des années lumière de Biffy Clyro, auxquels on les a beaucoup comparés. L'album commence pourtant plutôt bien, avec le bel atmosphérique "Wait in the Car", suivi de l'intense mid-tempo "Black Mire". A ce stade, on a le sentiment que le quintet british a appris à ne pas systématiquement faire feu de tout bois et que, sans être devenu transcendant, il sera au moins parvenu à proposer un album qui accroche du début à la fin. Las, rapidement, les limites de la formule (et de la formation) nous sautent aux yeux et aux oreilles.
Un peu de guitares atmosphériques, des mélodies aussi immédiatement accrocheuses que peu mémorables, voire interchangeables d'un titre à l'autre, et la voix de David Jakes, toujours belle, toujours limitée, à l'image du reste. Le chanteur possède indéniablement un beau grain de voix, pour lequel il a été comparé à Eddie Vedder (Pearl Jam). La principale différence est que Vedder est capable de moduler sa voix, de proposer des lignes de chant ultra variées, bref, il dispose d'un spectre très large. David Jakes, pour sa part, serait bien inspiré de développer sa palette, quand ses petits camarades pourraient faire un effort pour créer un accompagnement moins banal et surtout moins redondant : à ce niveau-là, il s'agit clairement d'un manque d'inspiration ou, plus grave, d'un manque de talent. Et sans l'excuse des défauts symptomatiques du premier album, cela pose de sérieuses questions sur l'avenir du groupe (artistiquement parlant, commercialement on ne s'inquiète pas trop pour eux, au moins à moyen terme).
Lonely the Brave a pourtant fait un effort pour diversifier son propos, comme sur la ballade "Diamond Days" (sur laquelle David Jakes sonne vraiment comme Eddie Vedder pour le coup), plutôt réussie, même si le problème reste le même : la mélodie n'est pas suffisamment travaillée pour atteindre le niveau supérieur. Du travail correct, mais de la part d'un groupe vendu comme "The Next big Thing", qui est censé avoir déjà une certaine expérience, n'est-on pas en droit d'espérer davantage que des titres formatés ? Agréable le temps de quelques titres, la formule lasse rapidement, à moins d'être particulièrement sensible à des mélodies faisant preuve de la subtilité d'un 36 tonnes. Things will Matter, à l'instar de son prédécesseur, reste anecdotique. Ni bon ni mauvais, disposant d'un potentiel qu'il ne parvient pas (ou ne fait pas l'effort) à exploiter, Lonely The Brave est finalement un groupe assez symptomatique de notre époque où la facilité clinquante est souvent portée aux nues et l'emporte sur l'exigence. Ce n'est pas la fin du monde, même si c'est un peu triste.