Royal Republic – Rencontre avec Adam et Hannes

A l’approche de la sortie de leur troisième album, Weekend Man (sortie le 10 juin), le quatuor suédois des Royal Republic s’apprête à le défendre cet été sur scène. C’est dans un hôtel du neuvième arrondissement à Paris que Hannes (guitare) et Adam (chant), nous ont accordé un bout de leur temps afin de discuter de Weekend Man et de musique au sens plus vaste.

LGR : Salut les gars. Alors si je ne me trompe pas, vous vous êtes rencontrés à la Music Academy de Malmö (pointe sud de la Suède), c’est bien cela ?

Adam (chant) : Oui, tous les quatre.

LGR : Donc maintenant vous êtes des bons potes ?

Hannes (guitare) : Maintenant oui, on ne se connaissait pas quand on a commencé. C’était assez bizarre, on répétait ensemble et entre les chansons c’était le silence total, on ne se connaissait pas du tout, on n’avait rien en commun, à part la musique. Mais… maintenant on est des potes, des amoureux, des compagnons et tout ce qu’il y a entre.

LGR : Qu’est-ce qui vous a donné/donne envie de jouer ce style de musique, ce genre de rock avec des textes plutôt légers, des refrains entêtants, cette touche d’humour et d’autodérision… Pourquoi ?

Adam : Pour moi ça a commencé… je ne sais pas vraiment comment ça a commencé cette idée de faire un groupe. Je me suis réveillé un jour et je me suis dit y’a quelque chose qui a besoin de sortir. Je pense que j’ai un genre de trouble de la personnalité… je n’ai jamais vraiment vérifié, je ne suis jamais allé voir un docteur qui m’a dit que j’avais un problème ou ce genre de truc…Mais je suis persuadé qu’il y a un ou deux trucs qui clochent chez moi. J’ai toujours eu beaucoup d’énergie… trop. Demande à Hannes ! (rires) Quand lui et moi nous sommes rencontrés à l’école on était complètement opposés. Quand je regardais Hannes je me demandais quel était son pouls (rires)…car il est la personne la plus posée, décontractée et facile à vivre que je connaisse, et moi je sautais partout.

Hannes : Je me souviens très bien de la première fois que j’ai vu Adam à l’école…je t’ai remarqué tout de suite, il courait dans le couloir comme un taré pour ensuite aller sauter sur un canapé (se lève pour imiter) et il criait comme un fou, là je me suis dit c’est pas normal. 

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Adam : Un jour on était dans une pièce tous les deux pour jouer avec d’autres personnes – pas celles du groupe – et c’est là que j’ai remarqué Hannes. Il était tout calme (imite une personne endormie), puis on a commencé à jouer et là il bougeait un peu, ensuite il a joué son solo (se met debout pour imiter) et d’un coup il s’est levé et s’est mis à taper à fond des pieds, limite à battre sa guitare, en faisant plein de grimaces, et y’avait aucun public donc c’était pas pour le show, c’était juste whao ! C’était sa vraie expression tu vois. Et je me suis dit s’il peut faire ça tout le temps, on a un groupe ! (rires) Donc d’une certaine manière c’était ça le truc… je voulais avoir un groupe. Ensuite on a commencé à répéter et je ne peux pas vraiment… c’est vraiment difficile de se rappeler tout ça… c’est vraiment une très bonne question, c’est juste naturel pour moi, je ne sais pas ce que je ferais sans. Je pense que je deviendrais fou car ce groupe c’est un relâchement pour tout cet excès (se met à chanter), tu vois ce genre de truc te ferait en général sauter par la fenêtre, retourner des canapés.
Concernant les textes, les thèmes abordés et les concerts, tout a simplement évolué. Avant on secouait tous les 4 nos têtes quand on répétait, maintenant on les secoue un peu moins… tu sais on n’a jamais vraiment considéré les textes de nos chansons comme très importants. Certaines chansons sont importantes pour nous, certains textes sont importants…et on ne s’est jamais posé pour se dire « on est un groupe de comédie »…on essaye de donner aux gens du divertissement. Parfois  j’écris une chanson qui a du sens tu vois, quand je me sens triste, ou heureux, ou peu importe… donc c’est une très longue réponse qu’on a à te donner.

LGR : Donc pour résumer toute cette énergie vous vient naturellement.

Hannes : Oui exactement. Comme Adam l’a dit on ne s’est jamais posé pour se dire « on va faire ça ou ça, être drôle ou pas drôle » – bien que je ne pense pas qu’on soit si drôle en fait – mais aujourd’hui je suis heureux d’être qui on est. Il y a beaucoup de groupes de nos jours qui ont des opinions politiques ou autres, ce qui est bien, mais je pense que les gens ont besoin d’une échappatoire à leur quotidien. On te gave à travers les médias sociaux et autres, tout le monde parle de tout et n’importe quoi, tout le monde exprime ses pensées, ce qui est bien dans un sens…mais nous on offre quelque chose d’autre.

LGR : C’était justement une de mes questions à venir – avez-vous déjà pensé à parler de politique dans vos chansons – mais vous venez d’y répondre.

Adam : On essaye en général de couvrir toutes les questions d’un coup. (rires)

LGR : Je sais que votre tournée Weekend Man Tour est annoncée pour cet été. Avez-vous déjà commencé à faire quelques dates ?

Adam : Un petit peu. En mars dernier on a tourné au Royaume-Uni. On faisait la première partie de Theory Of A Dead Man, un groupe horrible, mais c’était bien pour nous car on a volé leurs fans et leur public (rires). Ca a été une bonne tournée, et ça nous a fait vraiment du bien d’être sur scène à nouveau et de pouvoir jouer notre nouvel album. On a passé à peu près deux ans à faire cet album du début à la fin, donc l’attente a été très longue. Et maintenant on a juste hâte de faire les festivals cet été et notre tournée européenne… on a même déjà des dates pour le printemps 2017. Donc disons que maintenant c’est juste le moment de célébrer et de profiter, après tout ce travail.

LGR : En parlant de festivals, vous allez être présents à Rock en Seine le 26 août – qui d’ailleurs sera votre seule date en France – où vous partagerez la scène avec Massive Attack, Blues Pills, Editors et autres Ghinzu (grand retour !), mais vous serez aussi au Download Festival en Angleterre où cette fois-ci Iron Maiden, Black Sabbath, Deftones et Korn partageront la tête d’affiche. N’avez-vous pas peur de ne pas trouver votre public dans ce festival orienté Metal ?

Adam : Je pense qu’on est chanceux d’avoir une base de fans allant du motard de 60 ballets avec des tatouages et portant un t-shirt d’Iron Maiden, à la barbie queen de 14 ans. On a joué au Sweden Rock Festival, où il y avait Motorhead, Kiss, Cannibal Corpse, Testament… c’était en 2014, et c’était pareil tu vois…la Suède c’est bizarre car on n’y joue plus, on n’a pas le temps, parce que le reste de l’Europe est carrément immense…donc quand on joue en Suède on ne sait jamais s’il va y avoir 200 personnes ou 10 000, et on est toujours surpris. Mais le public Metal est assez ouvert en général… et d’une certaine manière on a des penchants Metal dans notre attitude. On ne se prend pas au sérieux tu vois… on ne saute pas beaucoup (rires), je pense que ça joue.

Hannes : C’est peut-être ça le truc, le manque de sauts.

Adam : Ouais je crois bien que c’est ça. Tu vois on ne dit jamais « 2,3,4 ! » (tape des pieds), mais plutôt « 2,3… » (secoue la tête dans tous les sens). C’est beaucoup plus comme ça (rires), et c’est sûrement ça l’explication au fait qu’on y trouve notre public. Donc on n’est pas nerveux. On a en fait déjà joué deux fois au Download en 2011, on a fait un show acoustique et un show électrique.

LGR : Le show acoustique c’était pour votre album Royal Republic And The Nosebreakers ?

Adam : C’était avant les Nosebreakers mais c’était à peu près la même chose, sans l’aspect cool. (rires)

Hannes : Sans les chapeaux.

LGR : Qu’est-ce qui est différent dans votre nouvel album Weekend Man, par rapport à vos albums précédents ?

Adam : Cet album sonne vraiment Royal Republic.

Hannes : Ouais, beaucoup plus que ce qu’on a fait par le passé. Peut-être qu’on dira la même chose pour l’album suivant (rires), mais dans tous les cas on se rapproche de notre vraie identité. On a aussi pris des grosses décisions comme inclure moins de sons rock…mais dans l’ensemble c’était une évolution naturelle.

LGR : Dans Weekend Man il y a cette chanson, "Playball", que je trouve la plus bourrin de toutes. D’où vous est venue cette inspiration ?

Adam : Si tu lis les paroles de cette chanson… je comprends pas trop les paroles en fait. Certaines chansons sont importantes, tu te dis ok ce texte a du sens, il va bien avec le texte de la chanson d’avant, ça suit une histoire…"Follow The Sun" en fait partie, "Any Given Sunday" aussi, "American Dream" également, ces chansons ont du sens…et d’autres chansons tu te dis et puis merde, comme "Full Steam Spacemachine" ou "Tommy Gun" de nos albums précédents où quand tu les écoutes tu t’en fous parce que le riff est cool. En fait "Playball" est un b-side à la base. Il ne devait y avoir que 13 chansons sur l’album, puis on a rajouté "Getting Along" et "Playball".   

LGR : Dans tous les cas vous avez bien fait de l’inclure à l’album, cela montre un autre aspect de votre musique.

Hannes : Oui c’est sûr. Il y a certaines chansons qui sont surtout centrées sur l’énergie dégagée et non sur les paroles, et "Playball" fait partie de ces chansons, c’est juste un petit concentré d’énergie.

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LGR : Une autre chanson, "American Dream", est bien plus calme, plus pop, les textes y sont plus sérieux. Vous y parlez d’illusions, de rêves inaccessibles, de la pression d’être connu, de devoir se plier aux exigences du marché, de faire de la musique que les gens aimeront, en quelque sorte elle parle de déception et de non-intégrité. Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?

Adam : En fait ce n’est pas le rêve américain. Ça peut être n’importe quel rêve. Le rêve américain est une expression universelle, ça parle à tout le monde. On a le même thème pour certaines de nos chansons – "Follow The Sun" en fait partie, "Everybody Wants To Be An Astronaut" également –, « si tu essayes trop tu ne seras jamais heureux ». On ne choisit pas un côté politique, on ne fait pas de discours, on explique juste comment on voit les choses, de notre perspective, comment on voit le monde.

Hannes : Oui et tu dois garder à l’esprit que parfois une chanson se fait très vite. Et tu te réveilles le lendemain et tu te dis « c’était bizarre, je ne sais pas à quoi je pensais ». Tu écris une chanson, tu la gardes et si tu l’aimes tu l’enregistres ; donc on se dit pas « ok on va écrire un texte et faire un discours qui va durer dans le temps ». Ce sont juste des chansons, juste des textes, rien de plus.

LGR : Que pensez-vous de la musique mainstream ?

Hannes : Si c’est bien j’aime, si c’est pas bien j’aime pas. C’est juste une question de goût. Il y a de la bonne musique dans tous les genres.

Adam : Il n’y a pas de règle. Quand j’étais gamin, j’écoutais les Backstreet Boys, et mon pote qui jouait au foot et ne connaissait rien à la musique me disait « les garçons n’écoutent pas les Backstreet Boys, c’est un groupe de filles ». Je m’en foutais, j’adorais les chansons et je me disais que les mélodies étaient cool et que les mecs chantaient vraiment bien. Et c’est toujours pareil. Hannes ne marchait pas encore qu’il était déjà fan de Bob Dylan, tout comme je me droguais à Paul McCartney.

Hannes : Les gens aujourd’hui ont tendance à penser que la musique qui a du succès n’est pas crédible, que si l’artiste a du succès et qu’il est beaucoup diffusé à la radio t’es pas censé l’aimer. J’ai un gros problème avec ces gens-là, je ne comprends pas ce qu’il y a de mal à avoir du succès. Tu peux en avoir et être bon en même temps. L’un n’exclut pas l’autre.

Adam : Tu peux être riche, et beau, et talentueux.

Hannes : Exactement.

Adam : Je n’ai jamais compris pourquoi, dans la communauté Rock et surtout Metal, on se fout autant de la gueule d’un mec comme Justin Bieber. Tout le monde fait des blagues là-dessus , « ah ah tu aimes Justin Bieber », mais je ne comprends pas pourquoi les gens le détestent.

Hannes : Je ne comprends pas non plus. Regarde n’importe quel live de Justin Bieber, il est super talentueux, il chante bien et il est beau. Pourquoi devrait-on le juger négativement d’être jeune, d’avoir du succès, d’être riche.

Adam : Les gens devraient faire des choses plus intéressantes, comme la fermer et prendre une guitare.    

Hannes : Y’a une chose qui me frappe et que je trouve très bizarre. Pourquoi est-ce que c’est seulement comme ça dans l’industrie musicale ? Pourquoi si tu as du succès dans l’entreprenariat… comme le propriétaire d’Ikea, c’est une des entreprises les plus connues au monde, ce mec est parmi les plus grandes fortunes mondiales… pourquoi lui on ne lui jette pas de la merde parce qu’il a du succès et qu’il est riche, et commercial ? C’est très bizarre. Il n’y a pas de honte à faire des choses que beaucoup de monde aime.

LGR : Y’a-t-il des éléments que vous souhaiteriez inclure à votre musique à l’avenir ?

Adam : On ne planifie pas vraiment les choses. La seule chose que l’on s’est dite c’est de ne pas se mettre de barrières, pas de restrictions concernant la direction que l’on prend. Je veux dire…"American Dream" ne rentre pas dans l’esprit du premier album par exemple. Notre premier album (We Are The Royal) était plutôt composé de chansons rapides et non de chansons plus lourdes. Ensuite est arrivée "Full Steam Spacemachine" (single du premier album), qui est maintenant une de nos chansons les plus demandées en live, et je me souviens quand on l’a jouée la première fois on se disait « c’est tellement différent de nos autres chansons, c’est trop lent ». On commençait à trop penser et tu vois, qu’est-ce qui se serait passé si on avait fermé cette porte ? Tu sais parfois tu ouvres des portes, parfois tu y trouves quelque chose tu te dis « ouais ça c’est cool ! », parfois tu en ouvres une autre et tu te dis « nan pas ça » ; au final tu peux toujours la refermer. Donc on essaye toujours de garder les portes ouvertes et de voir le rendu avant d’arriver à une conclusion, et c’est une chose que l’on continuera de faire.
On ne veut pas être un de ces groupes qui est coincé dans son propre style et qui se dit « on veut faire autre chose mais on peut pas, sinon tout le monde va nous pointer du doigt», c’est une chose que je ne veux pas. AC/DC ont évidemment une carrière géniale, mais ils ont leur truc. S’ils avaient fait "The Streets Have No Name" (U2), les gens se seraient dit « mais qu’est-ce qui s’est passé ?». Donc nous tenons vraiment à rester ouverts, pour notre bien.

LGR : Y’a-t-il des artistes que vous écoutiez plus jeunes ou maintenant, qui ont une influence sur votre musique ?

Adam : On essaye de copier les Hives, toujours.

LGR : Alors parlons d’autres groupes. (rires)

Hannes : Ah merci ! (rires) C’est surprenant.

Adam : Non je plaisantais.

Hannes : Evidemment nous avons beaucoup d’influences, mais je ne crois pas qu’il y ait un artiste en particulier. Quand on a commencé on nous comparait tout le temps aux Hives, et je peux le comprendre. C’est une comparaison facile…

Adam : Oui les deux groupes sont suédois, énergiques et font du rock.

Hannes : Mais maintenant…je ne sais pas.

Adam : Honnêtement quand on était dans la phase d’écriture de notre nouvel album Weekend Man, j’écoutais beaucoup nos premiers albums, et je regardais les vidéos de nos concerts sur Youtube. Et je m’imaginais dans le public en nous regardant jouer. Je me demandais « qu’est-ce que j’aimerais qu’ils jouent maintenant, qu’est-ce qui me plairait ? Ca serait cool qu’ils jouent un truc comme ça ou comme ça». Et je pense qu’avec cet album on a trouvé le son qui nous correspond, ce que nous sommes vraiment. Comme Hannes l’a dit, si c’est de la bonne musique, c’est de la bonne musique tu vois. Je peux écouter Snoop Dogg, Tom Petty, les Beatles, Bach, John Williams et Shakira dans la même journée. 

LGR : Si je voulais écouter un artiste en ce moment, qui me recommanderiez-vous ?

Hannes : J’aimerais te dire quelque chose d’original… laisse-moi réfléchir un peu.

Adam : Attends je regarde ma playlist.

Hannes : J’ai entendu dire que Lee Ranaldo de Sonic Youth faisait un truc en ce moment. Je n’ai pas encore écouté, mais je vais le faire, tu devrais peut-être aussi.

LGR : Ok cool, merci.

Adam : Moi ça serait Spawn Of Possession. Tu aimes le Metal ? Le Death Metal un peu technique ?

LGR : Ca dépend.

Adam : Tiens écoute... (tend son téléphone) Et on peut tout à fait lire le logo du groupe (rires).

LGR : Ok merci à vous j’y jetterai une oreille ! Y’a-t-il un endroit où vous aimeriez jouer pour la première fois ?

Hannes : J’ai entendu dire qu’il y avait ce minuscule village quelque part… non je plaisante. Il y a plusieurs endroits où nous aimerions jouer. J’aimerais jouer au Japon, j’ai entendu beaucoup de bonnes choses dessus et ça doit évidemment être une destination sympa, je n’y suis jamais allé donc ouais, ça serait génial.

Adam : Tout serait différent là-bas, on se dirait whoa ! Je pense que ça serait aussi très intéressant car on adore communiquer avec notre public, et si on allait au Japon c’est clair que ça serait une autre paire de manches. On peut pas aller là-bas et dire au public « hey comment ça va ?! », les gens dirait « dong wo ahh ? » (rires). Tu vois, tout le monde dirait des trucs (imite des sons), et toute notre personnalité serait différente, tout serait juste basé sur la musique et la performance. Donc cela pourrait être très intéressant. On peut aller aux Etats-Unis, on peut aller partout en Europe, on peut aller en Russie et toujours parler anglais, les gens comprendraient plus ou moins, peut-être pas tout mais au moins les bases comme « come on ! huh ! » (rires).

LGR : Ok merci (rires). Quel conseil donneriez-vous à un jeune groupe de rock ?

Adam : Démissionnez. Démissionnez maintenant avant qu’il ne soit trop tard. (rires)

Hannes : …

LGR : Ou que dirais-tu à ton toi plus jeune ?

Adam : C’est un de ces trucs, tu vas te brûler de toute manière. C’est comme dire à des gosses de 3 ou 5 ans « ne met pas ta main dans la cheminée car tu vas te la brûler », évidemment le gamin va le faire ; jusqu’à ce qu’il apprenne par lui-même qu’à l’avenir il ne faudra pas qu’il recommence. Etre dans un groupe de musique c’est à peu près la même chose. Comme « ne bois pas trop pendant les tournées » et finalement « aaargh » ; tu finis par apprendre, « un verre d’eau entre chaque bouteille de whisky » (rires). Non mais sérieusement je leur dirais d’y aller à fond, si tu veux faire ça c’est beaucoup de travail, c’est pas un boulot de gamin. Ces sept dernières années, depuis qu’on a commencé, l’industrie musicale a beaucoup changé. Faire de la musique ce n’est pas des jets privés, ce ne sont pas des groupies, c’est ne sont pas des tonnes d’argent…

Hannes : J’aimerais leur dire « assurez-vous de vous amuser » mais ce n’est pas la vérité, ce n’est pas toujours marrant. C’est beaucoup de travail, mais c’est clair que ça vaut le coup.

Adam : On se disait dernièrement que beaucoup de nos amis sont fiers de nous mais nous envient également, parce qu’ils pensent qu’on vit un rêve, qu’on a une vie de malades. On fait des tournées, on joue du rock, on vend des albums, on va à des soirées et on côtoie certaines personnes ; donc ça doit forcément être le meilleur boulot au monde. Mais nous parfois quand on est fatigué d’être en tournée, on se pose juste en backstage ou dans le bus et on rêve d’une soirée autour d’un feu. Imagine-toi rentrer à la maison à 17h tous les jours, dormir neuf heures par nuit, cuisiner ta propre nourriture, sortir prendre une bière avec tes potes le vendredi soir, jouer au foot, tu vois… mais comme tu dis Hannes au final je ne changerais de boulot pour rien au monde.

Hannes : C’est en effet le meilleur boulot au monde, mais c’est dur et ça demande beaucoup de travail. Le truc le plus difficile c’est la pression, que tu te mets sur toi-même, et que les gens autour de toi mettent. Ça te réveille la nuit. Par exemple la procédure d’écriture qu’on avait pour cet album, elle allait finir par nous tuer.

LGR : A cause de quoi ?

Hannes : L’anxiété et la sensation de ne pas faire assez. Tu sais quand tu travailles à mort sur une chanson pendant 3 semaines et qu’on t’envoie un mail te disant « c’est de la merde, retournez écrire d’autres chansons », c’est… tu as besoin de cette communication sinon on aurait abouti à un album de merde, mais ouais c’est difficile parfois. Et c’est pas comme si t’avais ton taf à Ikea, tu rentres à la maison et tu peux passer à autre chose, tu peux te déconnecter de ta journée de travail ; non là ce n’est pas ça, tu dois travailler tout le temps.

Adam : Et en général, quand enfin tu t’assois pour ce diner que tu as promis depuis un moment, tu te dis ok c’est bon j’éteins mon téléphone…et à peine tu dis « je prendrais bien des crevettes » que tu as une nouvelle mélodie dans ta tête, l’idée de chanson que tu attends depuis des mois. Là tu dis aux autres « je dois aller aux toilettes », et tu t’enregistres sur ton téléphone (rires).

Hannes : Et tu te réveilles le lendemain, tu réécoutes ton truc et tu dis « mais c’est quoi ce bordel !» (rires).

LGR : C’est donc quelque chose qui vous hante.

Adam : C’est une bénédiction et une malédiction.

LGR : Ma dernière question : quelle est votre philosophie, dans vos vies personnelles ?

Adam : La vraie vie c’est quelque chose qui t’arrive pendant que t’es occupé à planifier d’autres choses.

LGR : Attend, là faut que je me la répète (rires).

Hannes : … (rires) Là c’est le moment où tu veux LA citation qui va perdurer. Je n’en ai pas. Euh…profite le plus que possible, essaye d’être cool avec les autres sans te mettre dans le siège arrière.

Adam : Whoa ! C’était le style passif-agressif, « sois sympa mais ne te mets pas trop en arrière ».

Hannes : (rires) C’est un peu satanique comme vision de la vie j’imagine.

Adam : Ouais le truc du siège arrière on s’en souviendra.

LGR : Merci à vous deux en tout cas pour votre temps et vos réponses.

Adam : Merci à toi.

LGR : Et bonne continuation pour la tournée cet été.

Hannes : Merci.

Les Royal Republic seront au festival Rock En Seine le 26 août prochain. En attendant vous pouvez commander Weekend Man (sortie le 10 juin) ICI. Bon rock à tous les gros lecteurs ! Et retrouvez cet après-midi notre chronique de l'album dans nos colonnes Rock.



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