Festival Musilac – Rencontre avec Rémi Perrier, le directeur

Le 23 mai dernier, votre chroniqueur Lebonair était heureux de se rendre à la Maroquinerie non pas pour un concert mais pour un cocktail de présentation de la programmation de 4 magnifiques festivals d’été GAROROCK, les DEFERLANTES, BEAUREGARD et le MUSILAC. Sur place, tous les protagonistes de ces évènements incontournables de l’été avaient fait le déplacement à Paris dans le 20ème afin d’échanger, de nouer des contacts, de se voir ou revoir et de présenter officiellement leur programmation 2016.

 

La Grosse Radio qui sera présente pour vous les gros lecteurs et lectrices au festival la Musilac à Aix les Bains dans un cadre magique les 8, 9 et 10 juillet prochain ne pouvait qu’être là ce soir à la Maroquinerie. Déjà parce qu’on nous a gentiment invités et de plus, c’était l’occasion unique de rencontrer Rémi Perrier le directeur/fondateur/programmateur que nous retrouverons avec un immense plaisir début juillet en plein coeur de son festival. Nous avons hâte de vous faire partager toutes les belles choses qui nous attendent sur place mais patience, c’est pour bientôt. En attendant, la Grosse Radio est heureuse de vous faire partager ce délicieux moment avec Remi Perrier qui va donc nous parler de son parcours, de son festival. Il est 19 heures 30, je suis face à face avec l’homme sur la terrasse. Le soleil vient de faire enfin son apparition et je découvre une personne affable, sympathique et passionné. J’appuie sur le magnéto et c’est parti pour 25 minutes d’échanges des plus sympathiques.
 


LGR: Comment avez-vous démarré l'histoire du festival Musilac ? Cela remonte à quand et pourquoi s'être lancer dans un tel projet à l'époque ?

Rémi Perrier: En fait, ce festival est né de la discussion et du constat d’un lieu magique qui est le lac du Bourget, et plus exactement les bords du lac du Bourget à Aix les Bains. Entre lac et montagnes l'esplanade où se tient Musilac est vraiment un lieu exceptionnel. Avec Roland Zennaro le co-fondateur du festival, on s’est dit, tiens et si on faisait quelque chose là. C’est aussi venu à un moment où chacun de notre côté dans deux régions différentes très proches et donc limitrophes, on était un peu, pas au bout de quelque chose mais on avait envie de vivre notre métier autrement. C’est-à-dire, au lieu de ne faire que de l’organisation de concerts tout au long de l’année, ce dont on est très fiers, c’est notre métier qui nous fait vivre depuis presque 30 ans maintenant,  on avait aussi envie d’être plus acteur, plus décideur et de mettre notre patte à nous, modeste mais dans le choix artistique, le choix d’organisation et d’être plus impliqué, de porter un projet qui soit notre bébé et donc c’est venue comme cela. On est parti la fleur au fusil avec comme à chaque fois dans ce genre de projet, des erreurs, des déconvenues mais aussi un apprentissage rapide, de ce qu’il faut faire, ne pas faire, de ce qu’il faut améliorer, chercher à modifier pour créer un socle. Je prends souvent ce mot d’ADN, c’est un peu cela aussi pour que le festival est son identité, sa place et qu’il trouve sa place dans le paysage musical en France et voilà, au fil du temps, là, c’est la 15ème édition cette année qui se déroule les 08, 09 et 10 juillet prochains à Aix les Bains, on a posé cet évènement-là et on est attentif chaque année, tout le temps, en permanence pour continuer de le faire vivre, de le développer, de le faire évoluer et il n’y a que comme cela qu’il pourra continuer à exister.

LGR: Avec le recul et votre expérience, comment voyez-vous son évolution au fil des années du début à ce jour ?

Rémi Perrier: C’est surtout une expérience à faire vivre pour les festivaliers, d’animations avec une prétention modeste de faire vivre un état d’esprit, très franchement, on n’a pas inventé un nouveau concept mais ce qui fait la qualité et la fraîcheur renouvelées de chaque édition, c’est le cadre et la programmation qu’on propose. C’est aussi la façon d’accueillir les gens, de leur faire une proposition de passer du temps ensemble, de partager des choses en cela, il faut être vraiment à l’affût et à l’écoute, ne pas hésiter aussi à créer des choses, à les tester, parfois on avance, parfois on recule. Certaines choses s’installent, qu’on fait évoluer quelques années plus tard et sur d’autres aspects, on a un peu commencé, comme beaucoup, il a 15/17 ans, en tout cas, quand  on a commencé à réfléchir sur ce festival, c’était un peu la période où pas mal de festivals sont nés. En regardant, d’un point de vue modeste et admiratif les grands frères comme les Vieilles Charrues, les Eurockéennes, les Francofolies, ceux qui étaient déjà là, c’est vrai que la panoplie et le paysage des festivals en France à beaucoup changer, beaucoup évoluer en 15 ans, 20 ans, il y avait les gros, gros, ceux qui avaient une grosse notoriété, qui existaient depuis longtemps et petit à petit, un nouveau paysage s’est installé et maintenant on en fait partie, et ça fait notre bonheur.


LGR: Avez-vous eu des difficultés à établir votre programmation cette année, à faire venir certains groupes ?

Rémi Perrier: Non, enfin, c’était beaucoup plus compliqué les 5, 6 premières années parce qu’il fallait qu’on fasse nos preuves sur nos compétences et notre qualité technique, d’accueil, c’est important et c’est vrai qu’au fil du temps, les échos qu’on a , de la façon dont on est reçu, sur la qualité du matériel son, de l’éclairage, de l’accueil de nos loges, sur le catering qui sur un festival, est un lieu important, autant sur la qualité de la nourriture, du partage, etc. Quand on a des difficultés, c’est que le budget, le planning ou l’historique d’une tournée qui s’est montée sur l’été ne correspond pas à notre période, à notre budget et qu’on a des regrets mais autant les 4/5 premières années, en avril /mai, ils nous manquaient encore des groupes, on ne savait pas où aller, autant, encore une fois, ce n’est pas prétentieux mais là, on est plutôt abreuvé de demandes, dans le bon sens du terme, de sollicitations, ce qui est un gage de prise au sérieux dans le paysage.

 

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LGR: Que pensez-vous du fait qu'on retrouve très souvent chaque année les mêmes artistes programmés sur plein de festivals ? Comment faites-vous pour vous démarquer hormis par le lieu ?


Rémi Perrier: Très franchement, on ne cherche pas forcément à se démarquer. 70% de nos festivaliers viennent de chez nous, de notre région au sens large Rhône-Alpes-Auvergne. Il y a bien sûr des gens qui viennent de plus loin ou ont inscrit cela dans leur pèlerinage annuel de festival d’été. Je ne trouve ni choquant, ni négatif qu’on retrouve chaque année les mêmes artistes. L’année où Stromae fait des festivals et bien, il fait des festivals. On n’a pas la prétention de se dire, on ne le veut que pour nous et on ne veut pas le voir ailleurs. Cela serait idiot et irréaliste. Il y a une actualité musicale qui fait que, c’est comme un film qui sort, qui marche et qu’on en parle pendant 6 mois, car il a reçu d’excellentes critiques de la presse, du public etc. Je sais que c’est un débat récurrent de la part des médias, ce qui est leur droit le plus strict. Cette année, c’est Louise Attaque, Nekfeu, les Insus alors on ne va pas inventer des artistes qui n’existent pas. On ne pas demander à un artiste qui est en studio ou qui n’ a pas d’actualité ou qui n’est pas en période de création de venir jouer si ce n’est pas le moment ou la période pour lui. Alors effectivement, on se retrouve, la plupart des festivals à programmer les mêmes choses mais on a quelques exceptions car on chope au vol comme avec Blondie une année, avec Iggy Pop qui faisait très peu de dates en Europe voire en France et on attrape quelque chose au vol qui correspond au planning et qu’on a envie d’intégrer dans notre programmation. Après, on essaie de mettre cela dans un ordre assez varié, le plus original possible et sincèrement, je ne vois pas d’écueil à programmer la même chose que mes confrères.


LGR: Quelle place laissez-vous aux groupes, labels indés ? A ceux qui ont de plus petits moyens pour se développer ?

Rémi Perrier: Alors, on ne fait pas que des grosses machines, on fait aussi dans les groupes en développement. Par exemple, à l’époque avec Camille, en la faisant jouer en plein air, la première fois qu’elle est passée, je crois que c’était à 19 heures devant 25 000 personnes, nous on n’a pas une règle avec major, pas major ou nous, ont des militants de je ne sais quoi, d’être dans le rejet car le but du jeu, c’est de mélanger tout cela pour qu’il y ait un panorama, une proposition qui soit très ouverte et vaste. Ce n’est pas sale de voir Elton John et après un groupe Eectro qui nous a fait craquer et qui est défendu par une petite boîte indépendante. C’est cela qui fait notre force, c’est additionner ces différences-là je dirai.


LGR: Par exemple, on retrouve à l’affiche Elton John et Courtney Barnett, une jeune artiste que j’apprécie beaucoup.

Remi Perrier: Exactement, c’est peut-être aussi l’opportunité pour une artiste comme Courtney Barnett par exemple de jouer devant beaucoup de monde et devant un public qui est venue peut-être majoritairement pour voir Elton John. Je trouve vachement bien l’idée de voir nos festivaliers découvrir une artiste comme Courtney Barnett et qui sont venus pour Elton John et d’animer leur esprit de découverte. Voilà, j’ai Elton John, j’ai aussi cet artiste, ce groupe, cette chanteuse. Je vois mon artiste préféré, ça me garantit ma soirée et après, wouah, putain, je viens de découvrir un artiste que je ne connaissais pas et qui m’a mis sur le cul. C’est cela aussi le charme d’un festival.


LGR: Comment se déroule la mise en place du festival sur une année ?
Cela s’arrête jamais dans les faits ?

Remi Perrier: Exactement, il n’y a pas un jour dans ma vie où je ne pense pas à Musilac, je ne suis pas tout seul évidemment, on a une équipe mais quand on porte un projet comme celui-là, on est forcément rempli de ce projet, on y pense tout le temps, on le respire, on le transpire après il y a des phases très pragmatiques d’organisations, vente de billets, programmation avec des séquences on va dire mais on ne ferme pas une boîte après une édition pour en réouvrir une autre après, la boîte, elle est toujours ouverte, on est toujours en plein dedans, on découvre des groupes, on discute, on parle de technique, de qualité d’accueil, de processus d’organisation, on le vit pleinement, tout le temps et intégralement.

 

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LGR: Comment voyez-vous la radio FM actuellement ? 

Remi Perrier: Je vois déjà l’évolution de la FM par rapport à internet. Aujourd’hui, j’ai comme l’impression, au niveau statistique, qu’on écoute autant la FM que les webradios. Pour être très clair, on est dans un modèle qui nous oblige, enfin je le vois comme ça, à avoir un partenariat avec une radio dédiée précise, ce qui n’empêche aucunement de parler, de collaborer, de partager le festival avec d’autres  radios quelle que soit leur notoriété, leur forme donc voilà, il n’y a pas une stratégie d’exclusivité, il y a une exclusivité de faite avec une radio ou un groupe de radios pour certains mais cela ne nous empêche pas de travailler avec d’autres. Dans notre région, il y a une radio extrêmement performante qui est commerciale et militante à la fois, au niveau de la programmation musicale qu’elle défend, dans la façon dont elle le porte sur le web notamment où à la radio pur, on travaille donc avec eux aussi. Il n’y a pas de contexte compliqué à ce niveau-là.


LGR: Justement, comment voyez-vous les webradios telles que les nôtres (nous en avons 3 : Rock, Metal, Reggae) au sein de la Grosse Radio ?

Remi Perrier: Je n’en pense que du bien évidemment. C’est une autre façon de défendre la musique au travers d’un média qui est devenu le média référent (LGR : Merci Rémi, ça nous touche) et autre exemple,  il y a presque 3 ou 4 ans que l’on imprime pratiquement plus d’affiches voire très peu de flyers du fait qu’on travaille beaucoup avec les réseaux sociaux, le web dans son intégralité avec tous les outils qui peut avoir, des webradios et je suis très ouvert , très friand par rapport à cela.


LGR: Vous nous préparez des petites nouveautés pour cette édition 2016 ?

Remi Perrier: Franchement, pas vraiment, ce qui peut être une surprise, c’est peut-être des artistes qui improviseront des choses ensemble, on a déjà vécu des choses dans ce genre ou des artistes qui se connaissent et qui se disent, tiens, on va taper le boeuf ensemble (LGR : moi je dirai mieux, se taper le gros boeuf 🙂 ), on est amateur de musique donc on a forcément envie de cela aussi mais on ne peut le provoquer, il faut laisser de la fraîcheur, l’envie et justement l’effet de surprise où tout d’un coup, quelque chose peut se passer, un boeuf, un morceau inédit qui nous surprend, c’est ça alors créer des surprises pour créer des surprises, non, on préfère laisser la place à l’improvisation, pour le coup, c’est peut-être le seul truc pour laquel on laisse de la place à l’improvisation. Laissons les surprises se créer elles-mêmes.


LGR: Vous avez une petite fierté pour cette année et cette édition 2016 ?

Remi Perrier: Alors, moi, il y a un groupe dont je suis particulièrement fier dans la programmation, qui est en train de créer quelque chose en notoriété, en buzz, c’est le groupe Savages.
 

Lgr: Justement à propos de Savages, en mars dernier à la Cigale, devant une salle pleine, après la Maroquinerie en décembre, j’avais beaucoup apprécier leur performance et leur session rythmique monstrueuse.

Remi Perrier: Ah oui, génial, on a eu l’opportunité il y un mois de les faire venir et ça illustre ce qu’on se disait tout à l’heure. C’est le jour des Insus, le vendredi pour la première journée du festival et juste avant, ça sera Savages sur la grande scène. Encore une fois, on n’invente rien mais côté symbole, c’est sympa, je suis très fier et heureux que les Insus soient présents chez nous mais au moins aussi fier et heureux de faire jouer Savages avant les Insus devant 25 000, 30 000 personnes et de les faire connaître davantage encore. Ils sont les deux pendants, d’un côté un groupe qui démarre et qui est en train de prendre fort en terme de réactivité sur ce groupe et de l’autre, les Insus qui est un monument historique. C’est aussi ça, l’esprit du festival Musilac. En tout cas, avec ce que vous m’avez dit, j’attends de les voir avec impatience sur scène chez nous.
 

LGR: Pour terminer, vu l’état du monde, l’ambiance générale et toutes les horreurs que nous avons vécue, notamment au Bataclan, certaines choses vont évoluer ou changer en termes de sécurité sur cette nouvelle édition ?

Remi Perrier: Cela change forcément dans le sens où compte tenu des évènements, là, on rentre dans des choses à la fois très terre à terre et pragmatique qu’on ne peut pas, ne pas prendre en compte, c’est que le dispositif d’accueil, de sécurité va être intensifié et qui n’est pas particulier à Musilac mais à l’ensemble des festivals et des évènements en tout genres, musical, sportif, culturel et qui fait, on en parlera pas ici, on est obligé d’en prendre compte  et évidemment, on croise les doigts surtout on fera tout et au maximum pour que la fête soit la plus belle possible.


Lgr: Merci beaucoup Remi Perrier de nous avoir consacré du temps et merci encore de nous avoir fait partager tout cela et notamment votre grande passion pour la musique qui nous réunit là ce jour.
On se donne rendez-vous maintenant à Aix les Bains Rémi pour vivre cela, on sera bel et bien présent à partir du vendredi 8 juillet prochain et jusqu’au dimanche 10 inclus pour vivre des moments merveilleux et les faire partager avec un immense plaisir à nos gros lecteurs.

Remi Perrier: Merci à vous, on se retrouvera donc dans peu de temps.

 

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A découvrir, notre news qui vous en dira plus sur le programme des festivités ainsi que leur site officiel.

Aix les Bains se trouve en Savoie à une dizaine de kilomètres de Chambery. Le site se trouve au bord du lac du Bourget face à la chaîne des Alpes. Magnifique lieu entre lac et montagnes...

Remerciements à Rémi Perrier, Isabelle Beranger et Barbara Augier 
Photos: libre de droit
 



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