letlive. ont fait beaucoup parler d’eux depuis leur signature chez Epitaph Records en 2013. Cette année, les californiens reviennent avec un nouvel album excellemment bien abouti, où l’on retrouve tout ce qui fait l’originalité du groupe, mais avec l’expérience en plus.
Il est très difficile de classer letlive. dans une scène, ou dans un genre musical en général tant leurs influences sont nombreuses. Dans la globalité, leur son est post-hardcore, mais on peut tout aussi bien le catégoriser dans punk, metal, indie ou rap. Toujours très politisé, le quatuor ne s’en cache pas : «Notre musique est très à gauche, il est clair que nous méprisons pas mal pour la façon dont de nombreux systèmes fonctionnent, et pour l'incapacité de notre société à s'en défaire».
La composition de cet opus a pris un an, un an durant lequel le groupe a travaillé avec Saul Williams, et s’est engagé dans de nombreuses causes comme les manifestations de Ferguson (faisant suite aux morts de Mike Brown et Eric Garner). Le but ? Faire réfléchir les gens, avec une musique résolument révolutionnaire teintée de sonorités punk et de rythmiques hip-hop . Le premier single, «Good Mourning America» en est le meilleur exemple. Les voix féminines en fond discutant de racisme et de violences policières sont un appel à la rébellion, et crée un contraste avec l’aspect robuste de l’album.
On reconnait la voix puissante du chanteur, et celle-ci est particulièrement mise en avant dans la première piste «I’ve Learned To Love Myself», où Jason Butler ne fait que réciter une histoire personnelle (son enfance?), avec une instru crescendo qui nous bouleverse tant elle est bien menée. Globalement, le chant de Jason est moins agressif et plus articulé que dans l’album précédent.
Les changements de styles se font sans compter, «Nü Romantics» commence avec une basse qui chamboule tout sur son passage, avec des notes de ska et un rythme déchainé. RJ Johnson (bassiste) a franchement fait un travail remarquable au niveau de son instrument, notamment dans «A Weak Ago» ou dans «Elephant».
Difficile de passer à côté de «Foreign Cab Rides», qui fait office d’interlude et vient apaiser un album plutôt violent. Pourtant, le pont instrumental est captivant, avec un riff catchy et des percussions énergiques, où les vocals de Jason prennent littéralement aux tripes.
letlive. nous montrent également leur volonté de conquérir un public plus large, particulièrement avec le deuxième single «Reluctantly Dead», accrocheuse à souhait avec une batterie parfaitement manipulée et un refrain efficace. Pas de soucis à se faire pour les guitares coléreuses de Jeff Sahyoun, qui atteignent leur apogée dans «Another Offensive Song», accompagnées par une base rythmique ultra solide.
Le groupe a vraiment fait un effort sur la production, en utilisant des effets électroniques dans le mixage, ce qui donne une impression de chaos, mais propre. Jason Butler le disait d’ailleurs dans une interview : «Je voulais quelque chose qui sonne comme si Kanye West rencontrait Royal Blood», et on peut affirmer que c’est réussi. On ne voulait pas que letlive. tombent dans le cliché d’eux-mêmes, et ils ne l’ont pas fait. Bien sur, les influences punk et hard-rock se ressentent tout au long de l’écoute, mais on entend aussi des sons plus pop, qui ajoutent un aspect plus expérimental à leur musique.
Pour essayer de résumer cet opus, on peut choisir les adjectifs suivants: inspirant, explosif, percutant ou putain de génial. La musique avant-gardiste de letlive. ne cesse de s’accroître et de devenir meilleure au fil du temps. Le message que If I’m The Devil fait passer est cohérent et fort, et la sincérité des paroles est réellement admirable.
Un documentaire de 30 minutes est en ligne ici pour les plus curieux d’entre vous.
Tracklist:
1. I've Learned To Love Myself
2. Nü Romantics
3. Good Mourning, America
4. Who You Are Not
5. A Weak Ago
6. Foreign Cab Rides
7. Reluctantly Dead
8. Elephant
9. Another Offensive Song
10. If I'm The Devil...
11. Copper Colored Quiet
