En janvier 2015, les rennais de Kaviar Special livraient leur premier effort grand format et La Grosse Radio avait à l'époque salué la qualité de ce premier album. C'est donc plein d'espoir que nous accueillons le petit nouveau sobrement intitulé #2 toujours chez Howlin Banana.
On ne peut que souligner la qualité graphique de la pochette que l'on doit au célèbre Elzo Durt. Alors les Kaviar Special sont-ils toujours aussi tripés "psyche sixties", vénèrent-ils toujours Ty Segall et Thee Oh Sees ? On va essayer d'apporter quelques éléments de réponse en décortiquant ce #2.
Du coté de chez Kaviar Special, on ne plaisante pas avec la fuzz. Objet de culte, cet effet est utilisé à outrance dès les premières mesures de “Starving”. Un trip back in the sixties, période garage punk. Fan des compils Peebles, dépêchez-vous d’embarquer avec nous. Let’s Take A Trip, on part à l’écoute de #2. Et il n’a bien que le titre que l’on pourra qualifier de sobre. En ce qui concerne la musique, c’est une toute autre limonade. Les grattes tissent un mur du son. La basse rebondit entre la rythmique et les envolés lysergiques des solos. Etre une pédale fuzz chez les Kaviar Special, ce n’est pas un job de tout repos. Avant d’arriver à ce résultat, nous pouvons supputer que pas mal de Big Muff (ou clones) ou du être sévèrement malmenées pour notre plus grand plaisir.
"Mad" fait toujours chauffer la fuzz à blanc en y mêlant habilement quelques pincées de surf music. C’est accrocheur dès la première écoute. Les suites d’accords et le coté psychédélique m’ont amené à penser au Piper At the Gates Of Dawn des Pink Floyd mais en version beaucoup plus punk.
"Night Shift" me rappelle les productions des Fuzztones à l’époque de l’album Braindrops surtout au début du morceau bien psychédélique. Sur le refrain, ça s’enflamme pour devenir bien garage. “Now I Know” mélange comme c’est souvent le cas chez les Kaviar Special une bonne dose de rock garage avec des influences plus sixties. On sent la culture des compils Nuggets de Lenny Kaye régurgitée sauce Kaviar Special. Miam !
"Highway" est un titre où la rythmique se fait plus heavy. Un riff en boucle construit petit à petit le rouleau compresseur qui emporte tout sur son passage. On a l’impression qu’Attila et ses Huns sont en train d’emprunter cette "Highway" dont nous parlent les Kaviar Special.
"I Wouldn’t Touch You With A Stick" a cette petite touche psychédélique que se rajoute en plus du riff garage. On se rapproche des magnifiques productions des Beach Bitches il y a quelques années. Pour les plus jeunes qui auraient ignoré ce combo qui sévissait au début des années 2000, il n’est pas trop tard pour vous replonger dans leur discographie.
“Morning Light” a de belles allures de single. Ca trotte dans le crane. Les Na Na Na du refrain vont vous retourner le cerveau. C’est addictif ! Deux minutes trente c’est trop court ! Allez je le remets une fois de plus avant de passer à la suite. Attention, vous risquez de faire de même !!!
"Mind Fuck" a un côté plus léger. Un petit morceau de deux minutes qui vient se jucher au fond de votre crâne pour en plus vous lâcher. Un titre façon Ramones… Manque plus que le One Two Three Four au début et le tour est joué… Hey Ho Let’s Go ! Ca c’est du rock !!!
Et rayon pur rock, voici “Come On”. Dans la plus pure tradition des pionniers. On défouraille les grattes pour un petit solo et nous voila relancés sur cette rythmique rock qui emporte tout sur son passage. Quelques belles harmonies vocales posées là dessus et le tour est joué.
“Yolove” est la ballade de l’édifice. Il n’est pas rare chez les groupes de ce style de voir une volonté de calme façon ballade "beatlesienne" sur un de leurs morceaux. Les mélodies sont jolies et les harmonies soignées. "Drowned In Doubts" est encore un morceau qui laisse la part belle au chanteur. Les guitares mid tempo tendent à se gonfler un peu sur les parties instrumentales. On trouve ici des relents de ce que l’on a coutume d'appeler la pop anglaise revival. Dans ce cas là, ce n’est pas forcement une injure et c’est même plutôt bien fait. Restez jusqu’à la fin pour entendre la minute du gloire du bassiste !
Pour conclure, les Kaviar Special distillent un excellent rock garage teinté d'influences sixties, saupoudrées d'une touche de surf. Ils passent sans souci l'écueil du deuxième album et grossissent les rangs de la nouvelle vague de rock garage psyche français aux cotés de Volage, Sapin, Madcaps, Parlor Snakes et autres Combomatix.