Après cinquante années de carrière, Neil Young revient avec un album live sorti le 17 juin. La légende canadienne avait présenté ce disque en avant première au Musée d’Histoire Naturelle de Los Angeles le 6 mai dernier.
Les vaches meuglent, les guêpes bourdonnent, les loups hurlent à la lune… Non vous n’êtes ni devant une émission de Planete+, ni chez Nature et Découverte, mais bien en train d’écouter le nouveau Neil Young. Chose promise, chose due, le nouveau recueil du canadien est bien un album concept enregistré avec le groupe de Rock Promise of the Real. (dont les guitaristes sont les fils du chanteur country Willy Nelson, ami du Loner)
Enregistré sur les scènes étasuniennes, cet album live de 13 titres est présenté comme un hymne à notre planète, et reprend des titres déjà bien connus de l’artiste. « The Monsanto Years », « After The Gold Rush », « Western Hero »…: le tout est revisité avec des sons directement capturés dans la nature et parfois même en ville.
Même si à première vue les bruits d’animaux pourraient être déroutants, au final, rien de très étonnant : ça fait tellement longtemps que Neil Young écrit des textes à la gloire de notre Terre qu’il en était presque évident d’inviter certains de ses habitants sur cet album. Et même si l’entreprise peut paraître bizarre, l’aspect instinctif de cette faune invitée pour l’occasion prend le dessus et musicalement, ça colle totalement.
L’album commence avec des bruits d’orages, puis de pluie. Les premiers mots de "Mother Earth" retentissent : «Respect Mother Earth and her healing ways » (« Respecte Terre-Mère et ses processus de régénération ») plonge l’auditeur dans le thème dès le début. Les guitares très métalliques du "Mother Earth" original des années 90 ont été remplacées par un harmonica, un clavier, et un Neil Young à la voix un brin chevrotante, rendant le tout très mélancolique.
En plus des instruments, certaines paroles ont été adaptées elles aussi pour rendre les propos plus actuels : ainsi sur « After The Gold Rush » par exemple, qui date des années 70, on passe de « Look at Mother Nature on the run/In the nineteen seventies » (« Regarde Mère Nature en fuite/Dans les années 70 ») à « Look at Mother Nature on the run/ In the twenty-first century » («Regarde Mère Nature en fuite/Au 21e siècle ») . Le reste de la chanson demeure quant à lui essentiellement le même. Sans doute l’occasion pour Neil Young de montrer que ce qu’il écrivait il y a 45 ans est malheureusement toujours d’actualité.
”¨ On retrouve également sur Earth les très célèbres « Western Hero » (issu de Sleep With Angels) et « Hippie dream » (Landing on Water), mais aussi le récent « The Monsanto Years » sur lequel des bruits de corbeaux plutôt lugubres ont été ajoutés et font bien comprendre encore une fois que si l’Homme n’agit pas contre Monsanto, le futur s’annonce très sombre. Une façon pour Neil Young d’en remettre une couche après l’album The Monsanto Years sorti l’année dernière.
« On ne sait jamais ce que le futur couve sous la mince couche de terre de Monsanto », dénonce Neil Young dans cette chanson qui s’avère être une attaque évidente contre l’entreprise américaine, fabricante de cultures utilisant des OGM et du Roundup, fameux herbicide dont on ne présente plus le palmarès tellement il est au coeur de tous les scandales.
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Avec la légende de la country américaine Willie Nelson, Young avait monté il y a une trentaire d'années l'association Farm Aid pour venir en aide aux agriculteurs américains. Aujourd'hui, il est à la tête d'une véritable guerre anti-Monsanto et anti-OGM.”¨
Neil Young est aussi le porte-parole d'Honor The Treaties, une organisation qui récolte des fonds pour payer les frais juridiques des communautés autochtones qui combattent l'industrie des sables bitumineux de l'Athabasca et luttent contre l’exploitation des sols. ”¨Bref, vous l’aurez compris, Neil Young est sur tous les fronts, et cet album est comme une sorte de best-of de ses engagements en faveur de l’écologie et de la planète, et un résumé de ses cinquante années de carrière placées sous le signe du militantisme écolo.
”¨Au-delà de tout le côté bestiaire et engagé de l’album, Earth s’affirme aussi comme la preuve irrécusable de l’excellence du groupe Promise of the Real, aussi bon sur du blues (le superbe « Vampire Blues »), de la country (« Human Highway », tiré du très bon Comes a Time) ou sur les 28 minutes du mastodonte de pur rock « Love And Only Love ». ”¨”¨
Les bruits d’animaux se mélangeant à ceux du public permettent d’expliciter ce que le Loner a voulu communiquer toute sa vie, sans pour autant l’évoquer clairement. La volonté de mettre l’Homme et les animaux au même plan, partageant la même Terre, est plus qu’évidente ici, et l’urgence de changer notre manière de voir le monde et d’agir pour l’environnement se fait ressentir tout au long des 98 minutes qui composent Earth.
L’album sert de témoignage pour un Neil Young très militant qui a écrit toute sa vie en faveur de la planète et de l’écologie, et prouve que paroles engagées et bon rock sont encore très compatibles. ”¨
Si on omet l’idée d’ajouter des bruits d’animaux à un live, l’album est efficace mais n’a au final rien de surprenant, excepté peut être la révélation de Promise of the Real et l’inédit « Seed Justice », qui permettront éventuellement à Earth de ne pas tomber dans l’oubli trop vite.
Tracklist:
01 “People Want to Hear About Love” (The Monsanto Years)
02 “Big Box” (The Monsanto Years)
03 “Mother Earth” (Ragged Glory)
04 “The Monsanto Years” (The Monsanto Years)
05 “I Won’t Quit” (inédit)
06 “Western Hero” (Sleeps With Angels)
07 “Vampire Blues” (On The Beach)
08 “Hippie Dream” (Landing On Water)
09 “After The Gold Rush” (After The Gold Rush)
10 “Wolf Moon” (The Monsanto Years)
11 “Love & Only Love” (Ragged Glory)
Nouvelles sorties du Loner :
Neil Young & Promise Of The Real; “Earth” (compil' de ses titres écolos) - SORTIE LE 24 JUIN 2016
Neil Young - “Rust Never Sleeps” DVD & Blu Ray - SORTIE LE 1er JUILLET 2016
Neil Young - “Human Highway” DVD & Blu Ray - SORTIE LE 22 JUILLET 2016
Photo: Matt Furman / Palo Brillo
