Pour bon nombre de ceux qui ont déjà eu la chance d’y participer, le festival d’Argelès a un parfum particulier. Plusieurs raisons à cela... Tout d’abord, le cadre ! Quel festival peut se targuer d’être à la fois aux pieds d’un château, d’avoir vue sur la mer Méditerranée et rester à taille humaine avec sa capacité avoisinant les 11 000 festivaliers ? Vous avez raison, il n’y en pas beaucoup d’autres. Sa localisation dans le calendrier rime forcement avec les premières arrivées de vacanciers ce qui rajoute un coté festif à l’ensemble.
Mais la raison principale qui incite les festivaliers à revenir, c’est l’accueil qui est proposé. Je tiens d’ailleurs à m’inclure dans cette dernière proposition tant nous sommes choyés et accueillis dans des conditions optimales. Au fils des années, des collègues de travail sont devenus des amis et ce sont tous ces liens tissés qui donnent au festival sa saveur particulière.
Mais plongeons-nous dans cette première journée de festival. Une programmation assez éclectique faisant la part belle aux nouveaux acteurs de la scène musicale française. Osons le dire dès le départ, histoire de ne mentir à personne, ce soir, La Grosse Radio Rock restera un peu sur sa faim coté prog’. Mais comme énoncé quelques lignes plus haut, c’est bien pour l’ambiance et l’atmosphère particulière du festival catalan que nous sommes présents.
Le duo de toulousains Big Flo et Oli ne réussira pas à capter notre attention mais le public semble bien réceptif à la prestation de ces deux garnements qui ont bien profité des plages catalanes en début d’après-midi… Un peu trop diront certains…
Puis Patrice, qui, comme son nom ne l’indique pas est un allemand d'origine sierra-léonaise vivant depuis pas mal de temps à Cologne, viendra mettre un peu de couleur avec sa musique métissée. Pas de doute, Patrice n’a pas son pareil pour chauffer la foule et rappelons qu’avec plus de 30 degrés au compteur en cette fin d’après-midi, l’ambiance était déjà très chaude.
Et là, cruel dilemme… Un peu de rock est annoncé au programme mais en même temps que le coup d’envoi de la demi-finale de l’Euro 2016. Abandonnant Griezmann et Payet, nous courrons assister à la prestation de Skunk Anansie. La frontwoman Deborah Dyer pour l'état civil, plus connue sous le nom de Skin apparait telle une boxeuse bien décidée à en découdre et dès le début du set décoche droites et uppercuts. Une présence scénique époustouflante. Le premier morceau n’est pas encore terminée que la panthère noire qui mène le groupe s’octroie un bain de foule. Rien de mieux pour bien commencer un concert ! Rassurez-vous, elle ne lâchera rien jusqu’à la fin et le groupe nous offrira un set des plus musclés pendant presque une heure. Voilà que les rockeurs ont pu rentabiliser leur billet !
Pour prendre la suite, les organisateurs ont judicieusement placé Nekfeu à la suite. Cela a donc permis aux journalistes, tous interdits de photographie de suivre en toute quiétude la deuxième période de ce France - Allemagne qui aura le mérite pour les plus anciens de laver les affronts des coupes du monde 82 et 86. Trêve de plaisanterie, aucun média accrédité pour Nekfeu, il a peur de quoi ? Qu’on fasse une mauvaise critique ? A moins que ce soit une crise d’égo ? Si c’est le cas, nous recommanderons au monsieur le festival de Nîmes, il sera plus proche de Cavaillon pour régler ses problèmes de melon... Mais ne nous enflammons pas et reconnaissons que si Nekfeu ne nous a pas fait vibrer, il a conquis avec une facilité déconcertante les plus jeunes festivaliers... .. "O tempora, o mores" comme disait mon prof de latin (à moins que ce ne soit dans Astérix).
Passons sur cet épisode tragicomique et reprenons une bouffée d’espoir avec Tryo. D’accord, il y avait aussi autre chose que de l’espoir dans les bouffées d’air pendant le concert de Tryo, mais cela ne nous regarde pas… Les gars de Tryo savent faire le boulot ! Forts d’un nouvel opus bientôt disponible, les revoilà sur le devant de la scène toujours avec la même fougue. Cali, le régional de l’étape et parrain du festival ne résistera pas à venir pousser la chansonnette avec ses potes engagés. Grande classe comme d’habitude, l’ami Bruno !
Et avant de partir, après cette immersion dans la chanson française et les rythmes reggae, une petite piqure de rappel rock ‘n’ roll avec Bloc Party. Les hommes (et femme à la batterie) de Kele Okoreke font le boulot et délivrent une pop rock vitaminée qui permettra aux rockeurs de retrouver quelques unes des valeurs qui leurs sont chères.
Les rares notes de Paul Kalkbrenner que nous entendrons seront masquées par la valse des navettes pour regagner nos pénates dans la nuit torride d’Argelès-Sur-Mer. Cette première journée donc a permis aux festivaliers de reprendre leurs marques mais maintenant, il faut penser à gérer ses efforts. Comme le Tour de France, les Déferlantes, c’est une course à étape…
Avant de vous retrouver pour débriefer sur les trois jours suivants, et après avoir cité un peu plus haut Cicéron, je vous laisse méditer sur la proposition d'un autre grand homme, Thierry, notre hôte au bureau de presse des Déferlantes. Lorsque nous lui avons posé la question suivante : « pourquoi y a –t-il dans la programmation autant de "musique" electro, rap, hip hop au détriment du rock, ce qui entraine une moyenne d’âge de 15 ans dans le public ?… Il a acquiescé en nous répondant : « Ne faudrait-il pas considérer le fait que nous sommes en train de devenir des vieux cons ? » A méditer…
Textes : Eric Jorda et Pascal Berdagué
Photos : Eric Jorda